Gundam Wing Fan Fiction ❯ AC 206 ❯ Chapter 8

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AC 206

par Erynna

Huitième partie

- Cette fois Maxwell, tu es mort !
Wufei, qui avait réussi à plaquer l'Américain au sol, avait emprisonné les poignets de Duo dans ses mains et usait de tout son poids pour le maintenir sous son emprise. Duo, à moitié mort de rire et de fatigue, se débattit faiblement.
- Ah Wu-babe… sans vouloir t'offenser… je préfère être au-dessus ! hoqueta-t-il.
Wufei cligna des yeux. Avait-il bien compris ce qu'il venait d'entendre ? Evidemment qu'il avait compris ! Il avait affaire à Duo Maxwell, pas à un Teletubbie !
- Kisama !
Et sur ce cri de rage, il se mit en devoir d'étrangler le Shinigami. C'est alors qu'une idée machiavélique traversa son esprit.
Tu essayes de me faire sortir de mes gonds, n'est-ce pas ? Je te vois venir : Pauvre Wuffie, il est encore plus prude qu'une vieille duègne ! On va voir si j'ai ton talent pour la provocation…
Le sourire féroce qui barra soudain le visage du Chinois surprit Duo, qui fronça les sourcils.
- Eh ? couina-t-il.
Ses yeux mauves devinrent exagérément grands lorsque les lèvres de l'ex-pilote de Shenlong ne furent plus qu'à quelques millimètres des siennes.
Je le savais, je le savais ! Monsieur Chang "Onna !" Wufei, monsieur Chang "J'ai deux mariages à mon actif" Wufei, mon œil ! Et Q-man qui refusait de me croire… Uchuu no kokoro contre uchuu no gaydar [1], y'a pas photo !
Et Duo tendit les lèvres, en proie à un ravissement extatique et totalement oublieux de la foule qui se pressait autour d'eux.
- Vous deux !
Les deux hommes dressèrent la tête.
- Bousillez mon discours et je vous botterai les fesses si fort que vous ne pourrez plus jamais vous asseoir, menaça Relena.
Après un dernier coup d'œil meurtrier, la ministre pivota sur ses talons aiguille et regagna la tribune.
- Wow… soupira Duo avant de se tourner vers son ami.
Il remonta du bout du doigt les petites lunettes qui avaient glissé sur le nez de celui-ci.
- Fei Fei, où en étions-nous ?
Wufei observa pensivement le départ de Relena et les badauds qui les contemplaient avec amusement ou désapprobation, puis se remit à serrer la gorge de sa pas très innocente victime.
- Aaaargh, je pensais… à des activités… moins violentes !
Ils furent à nouveau interrompus par la sonnerie d'un téléphone.
- Wu… c'est pour moi… articula Duo.
Wufei le relâcha à contrecœur en maugréant "Je n'en ai pas encore fini avec toi", ce à quoi Duo répondit "J'espère bien" avant de décrocher son portable.
- Allô ?
- DUO, SAUVE-NOUS !!!
- Q-man ?

* * *

- Il est fou, constata Heero qui était venu vérifier si ses amis s'étaient finalement entretués.
- Maxwell, arrête de te gondoler et dis-nous ce qui se passe, ordonna Wufei d'un ton impatient.
- Oh la la… mal aux côtes… peux plus respirer… balbutiait l'Américain en se roulant par terre.
Duo s'était effondré après le coup de fil de Quatre, terrassé par une crise de fou rire. Son comportement incongru avait attiré l'attention de tous les invités, y compris celle de Relena. La jeune femme cessa son discours au milieu d'une période qui rappelait les plus beaux jours de Proust et se rua vers l'ex-pilote de Deathscythe comme un ouragan [2].
- Encore et toujours vous, Maxwell ! Vous vous êtes levé ce matin en disant : Tiens, aujourd'hui je vais gâcher la vie de Relena Darlian-Peacecraft, n'est-ce pas ? Ou c'est juste naturel, chez vous ?
- Bwa ha ha ha ha !! éclata le jeune homme en riant de plus belle.
- Il est fou, répéta Heero.
- Je dirais même plus, il est fou, acquiesça Wufei avec un aplomb digne des Dupond et Dupont.
Cependant Relena avait saisi Duo par le col de sa chemise et le secouait comme un prunier dans le vain espoir de lui faire reprendre ses esprits. L'Américain se calma peu à peu, écrasa une larme et respira un grand coup avant d'expliquer à ses amis les raisons de sa bonne humeur excessive.
Nous ne retranscrirons pas ici l'intégralité du récit que fit Duo Maxwell à ses amis, récit qui, étant donné la verve particulièrement exubérante dudit Duo Maxwell, dura plus de vingt minutes et fut ponctué des nombreuses réactions de surprise de ses auditeurs, des "Oh mon Dieu !" stupéfaits de Relena Darlian-Peacecraft aux "Nataku nous vienne en aide !" consternés de Chang Wufei, en passant par les "Hn" sceptiques de Heero Yuy. Nous nous contenterons simplement d'en donner la substance dans les lignes suivantes.
Dans le chapitre précédent, nous avions donc laissé Trowa Barton et Quatre Raberba Winner nouvellement unis par les liens sacrés du mariage, un peu étonnés certes, mais contents malgré tout. Désireux de ne pas manquer à leurs devoirs vis-à-vis de l'Ambassadrice de la Paix, le jeune couple avait décidé de rallier la capitale en faisant de l'auto-stop. Un automobiliste apparemment charitable s'était arrêté devant Quatre, mais avait très vite révélé des intentions plus que douteuses concernant l'ex-pilote de Sandrock. Trowa, prenant très à cœur ses devoirs conjugaux, avait alors volé au secours de la vertu outragée de son conjoint avant d'être interpellé par un agent des forces de l'ordre. C'est ainsi que le couple se retrouva placé en garde à vue…
- Pour racolage ! conclut Duo en éclatant de rire. Vous imaginez l'héritier Winner en train d'accoster les passants sur la voie publique ? Et Tro-man a été pris pour son mac !
- Si cette histoire parvient aux oreilles de la presse, c'en sera fini de la réputation des pilotes de Gundams, murmura Wufei, pâle comme un linge.
- Je propose que nous allions les chercher tant qu'il n'est pas trop tard, déclara Heero.
- Très bien… acquiesça Relena d'un ton résigné. Cette cérémonie est un désastre. J'espère pour eux que vos amis auront une solide explication à leur retour.
- Et moi je compte bien connaître tous les détails croustillants de leur mariage, fit Duo en se parant du rictus Shinigami. Alors c'est décidé, nous partons immédiatement !
- Juste le temps de confier les petites à Sally… Yuy, où sont mes filles ? demanda Wufei.
Le Japonais haussa les épaules.
- Je les ai laissées avec Odin et le dénommé Purdy, dit-il, incapable de croire qu'un être humain pouvait porter un nom aussi ridicule.
- Tu les as laissées avec ce type ? Mais je ne lui confierais même pas les clés de ma boîte aux lettres…
- Un instant, tu veux dire que mon fils se trouve également avec ce… ce type ? renchérit Relena.
- Hai, répondit Heero en faisant mine de vouloir se cacher dans ses chaussures.
- Hé, c'est quand même pas un monstre, protesta Duo qui sentait le besoin de défendre son compatriote.
- Peut-on alors savoir où ils se trouvent ? s'enquit Wufei, dont les oreilles commençaient à fumer.
- Par là.
La main de Heero indiqua une vague direction qui pouvait être aussi bien le nord, l'ouest, le sud, l'est…

* * *

- … Demain soir, au plus tard, pour déclarer officiellement l'indépendance de L98.
Heero fronça le nez. Il fronçait toujours le nez lorsqu'il réfléchissait intensément. Et la situation dans laquelle ils se trouvaient requérait justement une intense réflexion.
Relena allait finir par user l'écran du téléviseur à force de le fixer, guettant sur l'enregistrement qu'ils venaient de recevoir le moindre indice qui lui permettrait de savoir où était son fils. Car Odin avait disparu. Ou plutôt, avait été lâchement enlevé par…
- … ces sombres crétins du FLC ! Qu'ils s'avisent de croiser ma route et je leur montrerai ce qu'il en coûte de s'en prendre à mon bébé ! proféra la ministre entre ses dents. Comment ont-ils osé utiliser Odin pour servir leurs revendications ? Comment ont-ils osé…
- Si vous m'aviez laissée prendre soin de la sécurité… commença Lady Une, penchée elle aussi vers le moniteur. On ne trouvera rien sur cette cassette. Des nouvelles de l'émetteur ?
- Nous sommes en train de décrypter les signaux renvoyés par le satellite, répondit Jeffrey. Hum, qui aurait cru que la moitié des parents du Sank Kingdom équiperaient leurs enfants des mêmes émetteurs ?
- Je vous avais pourtant dit de ne pas prendre le modèle standard, accusa Relena.
- Nous étions en pleine restriction budgétaire ! protesta le malheureux Jeffrey.
Et vous aviez décidé de refaire la décoration des bâtiments, pensa-t-il. Tous les bureaux entièrement repeints en rose… L'enfer sur Terre !
Heero poussa un imperceptible soupir. Il avait peine à l'admettre, mais il était terriblement inquiet pour le petit Odin. Ainsi que pour les jumelles Chang, qui avaient subi un sort identique à celui de leur camarade. Il se sentait si coupable ! S'il les avait mieux surveillés…
- Gomen nasai, murmura-t-il d'un ton penaud.
- Oh Heero ! roucoula Relena en le prenant dans ses bras. Voyons, ce n'est pas ta faute ! En fait, si on y réfléchit bien, c'est à cause de Maxwell que tout est arrivé !
- Je suis tellement, tellement, tellement désolé ! disait l'Américain aux ex-époux Chang d'un ton étrangement bouleversé. Si j'avais su qui était ce salaud, croyez-moi, je me serais occupé de lui avant qu'il n'ait eu le temps de…
- Ça va Duo, coupa Sally, tu n'y es pour rien. Cela aurait pu tomber sur n'importe lequel d'entre nous.
- Si je peux faire quoi que ce soit…
- Contente-toi de te taire, maugréa Wufei sans lever les yeux vers lui.
L'ex-pilote chinois semblait sur le point de craquer. Il se blottit inconsciemment contre Sally, assise près de lui. La Preventer entoura les épaules du jeune homme d'un geste protecteur, puis lança un sourire rassurant à Lucrezia Noin qui la fixait d'un air jaloux.
Duo s'éloigna avec la lenteur d'un animal blessé. Malgré ses airs bravaches, il tenait beaucoup à l'estime que Wufei pouvait avoir de lui. Les dernières paroles de celui-ci lui avaient sans aucun doute causé une souffrance insupportable. Heero se dégagea de l'étreinte mortelle de Relena et fit un pas vers son ancien partenaire.
- Duo.
- Je peux être un tel con, parfois.
- Ce n'est pas ta faute.
- Heero, rétorqua Duo en levant vers lui des yeux de chien battu, c'est quand même moi qui l'ai amené jusqu'ici !
- Et c'est moi qui lui ai confié les gamins. Simple concours de circonstances. Si cela peux te rassurer, je me sens encore plus coupable que toi.
- Heero Yuy ressentant des émotions ? Non, ça ne me rassure pas du tout, murmura Duo, et il esquissa un sourire.
- Baka, souffla Heero en souriant à son tour. Tu vois, personne ne pouvait savoir que Purdy était un terroriste à la solde du FLC, encore moins qu'il kidnapperait les enfants. Sa couverture était parfaite. Un mercenaire vêtu d'un T-shirt à l'effigie de South Park, qui l'aurait cru ?
- Mon Dieu Heero, c'est… de l'humour ?
- Appelle-moi juste Heero.
- Je crois plutôt que tu es resté trop longtemps en ma compagnie ! rétorqua l'Américain avec une grimace moqueuse.
Le sourire du Japonais s'élargit ; son ami avait enfin abandonné cette expression de profond abattement qui lui seyait si peu. Ninmu kanryou.
Les ondes de l'émetteur d'Odin furent enfin localisées, à une soixantaine de kilomètres vers le sud. Curieusement, elles étaient très proches de l'endroit où étaient retenus Quatre et Trowa. Ne pouvant envoyer une troupe officielle à la poursuite du ravisseur de son fils, chose qui aurait provoqué l'exécution immédiate des otages, Relena accepta que la mission de sauvetage fût confiée à Heero, Duo et Wufei. Il fut également décidé que les trois hommes iraient délivrer leurs anciens coéquipiers, "puisque après tout c'est sur notre route", avait ajouté Duo. Relena, aidée de Lady Une, Sally et Noin, tenteraient de gagner le plus de temps possible en menant les négociations avec le FLC. Leur séjour sur Terre semblait devoir durer plus longtemps que prévu.
- Je dois téléphoner chez moi, marmonna Heero avant de se sauver dans sa chambre.
Wufei releva brusquement la tête.
- Chez lui ? Je croyais qu'il vivait seul, fit-il, étonné.
- Bah, il ne nous a jamais dit le contraire, remarqua Duo. M'est avis que notre ami nous cache bien des choses…
- Toi, je ne te parle plus ! pesta Wufei.
- Tête de cochon ! grinça Duo entre ses dents. Heero m'a démontré par A+B que ce n'était pas ma faute.
- Sans blague…
- Ouais, sans blague !
Les deux hommes se mesurèrent du regard, prêts à en venir aux mains. En cet instant précis, la température de la pièce avoisinait le zéro… Ce fut Duo qui brisa la tension en déposant un petit bisou sur la joue de l'Asiatique. L'incrédulité qui étincela dans les grands yeux noirs en amande fut presque comique.

* * *

Il faisait encore ce rêve stupide.
Non que la stupidité inhérente à ses rêves ne fût plus à prouver, mais celui-là était particulièrement débile. Il était dans sa salle de consultation, allongé sur le confortable divan prévu pour ses patients. A sa propre place se trouvait le docteur Sigmund Freud, vêtu en tout et pour tout d'un débardeur et d'un short en spandex ; l'honorable savant notait consciencieusement sur un carnet ses moindres paroles. Kazuo était alors en train de lui raconter comment il avait failli se noyer dans la baignoire en jouant avec son canard en plastique lorsqu'il était petit…
- Mais dites-moi, demandait le docteur Freud sans cesser de croiser et décroiser ses jambes moulées dans le Spandex, le canard ne représenterait-il pas votre moi œdipien se sentant menacé par la figure paternelle ?
Kazuo allait lui répondre de s'occuper de ses propres affaires lorsque le téléphone sonna. Et, Dieu merci, il se réveilla dans son lit.
- Moshi moshi… Yuy to Nishimura desu… marmonna-t-il d'une voix encore endormie.
- Kazuo ?
- Heero ? Nom d'un chien, sais-tu l'heure qu'il est ?
- …
- Il est trois heures du matin ! Peut-être que le soleil brille sur Terre, mais ici les poules sont en train de dormir…
- Gomen ne.
- Hein ?
Kazuo se demanda s'il ne rêvait toujours pas. Car il était de notoriété publique que Heero Yuy ne s'excusait jamais ! Quelque chose n'allait pas.
- Quelque chose ne va pas ? s'enquit-il d'un ton suspicieux.
- Je m'excuse, murmura la voix de Heero. Pour notre dispute et… pour le reste.
- Quelqu'un est mort, c'est ça ! s'exclama Kazuo, en proie à la panique la plus totale.
- Mais non, baka.
Il eut soudain l'impression de voir son amant froncer les sourcils, à la fois amusé et agacé.
- Ecoute, fit la voix à l'autre bout du fil. Je vais certainement rester sur Terre plus longtemps que prévu. On a effectivement quelques problèmes et…
- Quel genre de problèmes ? coupa Kazuo.
- Je ne peux rien dire.
- Heero…
- Ne t'inquiète pas. S'il te plaît.
- C'est bien toi, ça ! Tu me réveilles en plein milieu de la nuit pour me présenter des excuses comme si tu allais mourir, me parles de problèmes dont je n'ai le droit de rien savoir et me demandes de ne pas m'inquiéter ! Oh Seigneur… tu n'es pas blessé ? Tu… tu…
- Je vais bien.
- Sûr ?
- Sûr.
- Est-ce que… tu veux que je vienne ? Si je prends le premier vol de la matinée, je peux être là à…
- Ça ira. On va se débrouiller.
- On ?
- Mes anciens camarades, révéla Heero avec une certaine gêne.
- Est-ce que c'est une mission ?
Son amant ne répondit pas de suite. Les quelques secondes de silence qui suivirent suffirent cependant à confirmer les soupçons de Kazuo.
- Heero, ne fais pas ça. Dis-leur ce que tu veux, mais ne fais pas ça !
- Il ne m'arrivera rien.
- Je m'en moque ! Je refuse de te voir replonger dans ces ténèbres ! As-tu oublié ce que tu as traversé afin de reprendre un semblant de vie normale ? Toutes ces années qu'il t'a fallues pour apprendre à exprimer tes émotions comme le premier enfant venu ? Ces séances interminables pour t'arracher une larme, puis un sourire, et te faire dire si tu préférais la glace à la vanille ou la tarte au chocolat…
- Au citron, souffla Heero.
- Quoi ?
- Je préfère la tarte au citron.
- Oh.
- J'aime aussi la limonade.
Kazuo retomba sur ses oreillers, épuisé.
- Tu vois, je n'oublie pas qui je suis, conclut Heero, son ton léger reflétant son sourire.
- J'espère pour toi. Sinon, je me ferai un plaisir de venir en personne te le rappeler.
- Je compte sur toi.
- Heero ?
- Oui ?
- Ai shiteru. De toute mon âme.
- Hai.
Kazuo poussa un profond soupir en raccrochant le combiné. Il ne l'avait pas dit. Juste acquiescé, comme à son habitude. A la longue, cela devenait frustrant d'entendre pour toute réponse ce timide « hai » ! Alors que tout ce qu'il désirait, c'était ces simples mots. Je t'aime…
Un jour, peut-être.

[1] Le « gaydar de l'univers »… Seul Duo en était capable ! ^__^
[2] Relena n'aurait jamais dû passer ses dernières vacances chez Stéphanie de Monaco ! Cela lui a donné de mauvaises idées.

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