Gundam Wing Fan Fiction ❯ Hot Chocolate ❯ One-Shot
Hot Chocolate
par Erynna
Le chocolat est paradisiaque, sensuel, profond, sombre, somptueux, gratifiant [...]. Le chocolat, c'est la chute, le bonheur, le plaisir, l'amour, l'extase, l'imagination... le chocolat nous rend méchant, coupable, pécheur, sain, élégant et heureux.
Elaine Sherman
Plus le temps passe, plus je songe sérieusement à me faire porter pâle tous les 14 février de l'année.
Oh, je n'imagine que trop bien les réflexions qui tournent dans votre tête : ce pauvre Chang Wufei, trop prude et trop coincé pour apprécier la fête des amoureux ! Combien cela doit le choquer de voir des couples se tenir la main et s'embrasser à tous les coins de rue ! Il faut le voir saigner du nez chaque fois qu'on prononce devant lui le mot fatidique de quatre lettres !
Vient ensuite l'inévitable verdict : tout cela n'est qu'une question de frustration, le malheureux garçon est simplement jaloux du bonheur des autres et par hypocrisie fait mine de se complaire dans sa solitude bigote. Et d'ajouter en conclusion : si un bon Samaritain voulait bien retirer l'épée de la Justice qu'il a coincée dans son séant, cela nous ferait des vacances.
Merci beaucoup pour ce diagnostic plein de charme, Maxwell.
...
Je dois avouer, il y a un peu de cela.
N'allez pas croire tout ce que le baka américain vous raconte, cependant. Je me moque que vous vous bécotiez à quelques centimètres de moi en produisant d'horribles bruits de succion et d'aspiration de salive. Je me soucie comme de ma première chemise que vous vous frottiez l'un contre l'autre à grands renforts de gémissements lascifs et de ricanements ironiques.
N'espérez de moi qu'un bref regard vaguement ennuyé avant que je ne retourne à la lecture de rapports soporifiques, pondus par des agents dont l'intelligence rivalise avec le Q.I. d'une pince à linge.
Muni d'un stylo rouge, je barre à grands traits exaspérés les inepties qui émaillent les soixante pages d'analyse de la situation économique du satellite de ressources MOXII. Mon travail ne requérant que peu de concentration, seulement une bonne dose de patience, je laisse mes pensées vagabonder vers le passé... et ne peux m'empêcher de me demander pour la énième fois pourquoi j'ai accepté l'offre de Sally Po, lorsqu'elle m'a proposé de devenir Preventer à la fin de la guerre, deux ans auparavant.
Certes, mes projets d'alors se résumaient à éviter la cour martiale pour avoir rejoint les armées de Mariemeia Khushrenada... Douloureux souvenir, que je chasse d'un haussement d'épaule. Quoiqu'il en soit, Sally Po était tombée à pic. Grâce à l'intervention conjuguée de Winner et de Lady Une, les plus puissantes personnalités de l'époque, j'avais bénéficié d'une grâce en échange de ma contribution à maintenir la paix dans ce monde fragile. Les premiers mois avaient été difficiles, mais une fois que la preuve de mes compétences fut établie, je pus être enfin considéré autrement que comme un traître repenti.
Au fil du temps, d'anciens camarades refirent leur apparition. Duo Maxwell fut le premier à nous rejoindre, animant les mornes locaux du Quartier Général de son enthousiasme et de son humour tordu. Parfois, je me demande comment Merquise arrive à le supporter jour et nuit. En plus d'être partenaires de travail, ces deux-là ont concrétisé leur union l'été dernier par un mariage aussi grandiose que tape-à-l'œil. Enfin, les tendances masochistes de Merquise ne sont plus à prouver.
Depuis près de huit mois, Trowa Barton promène dans les couloirs sa longue silhouette dégingandée. Apparemment, jouer les cibles vivantes pour Catherine a fini par le lasser, à moins qu'il n'ait craint de succomber à un empoisonnement par absorption de cette effroyable mixture que l'onna ose appeler "soupe". Winner lui-même causait moins de dégâts dans une cuisine.
En parlant de l'ex-pilote 04, celui-ci fait partie du Conseil d'Administration à défaut d'être agent à plein temps. Le champ de bataille n'a jamais été son terrain de prédilection ; en revanche, il est un redoutable adversaire lorsqu'on en vient à parler de diplomatie et de stratégie. L'agent Schbeiker a été affectée à la protection rapprochée de sa personne, tant il ne fait pas bon être ancien pilote de Gundam aux yeux des politiques de ce monde. Je la soupçonne de pousser sa conscience professionnelle jusque dans le lit de Winner. Et cela n'a rien à voir avec le fait que je l'ai un jour surprise à glisser sa langue dans l'oreille de ce dernier... Eerk !
- Un problème, Chang ?
Oups. Il semble que mon frisson de dégoût ait dépassé le refuge de mes pensées. Je lance un regard peu commode à Merquise par-dessus mes lunettes avant de replonger dans mon dossier.
- Rien qui te concerne, Merquise. Tu ferais mieux de lâcher Maxwell et de retourner dans tes quartiers. Je suis sûr que ton bureau doit crouler sous le travail en retard.
Deux éclats de rire me répondent. Dis-moi Nataku, me détestais-tu au point de faire en sorte que Maxwell partage la pièce où je travaille ? Tu as toujours été plus ou moins cruelle avec moi mais là, c'est le pompon !
Je lâche mon stylo et me rejette sur ma chaise comme les ricanements refusent de s'évanouir. Levant la tête, je fais face à Merquise, affalé sur un fauteuil et les bras chargés d'un Maxwell au regard brillant et au visage à demi-dissimulé sous les soyeuses vagues châtains de sa chevelure. Un soupir à fendre les pierres s'échappe de mes lèvres.
- Si vous n'avez pas l'intention de travailler...
- Travailler, travailler, tu n'as que ce mot à la bouche, Feifei ! lance gaiement Maxwell.
- Il ne fait assurément pas partie de ton vocabulaire, je réplique en étrécissant les paupières.
Maxwell rejette une longue mèche en arrière et m'accorde un sourire indulgent.
- Tu sais, Chang, je connais tout un tas de manières de travailler, et bien plus agréables que tu ne peux imaginer... au corps à corps, par exemple, murmure-t-il de sa voix grave, avec un soupçon de sensualité qui provoque toujours un tremblement du côté de Merquise.
- Arrête ça, Duo, dit ce dernier en resserrant son étreinte. Si tu continues, il va filer comme une souris apeurée dans les toilettes.
- Ooh, ce serait dommage ! plaisante le brun avec un clin d'œil dans ma direction. Qui profiterait de nos ébats, dans ce cas ?
- Petit exhibitionniste, chuchote l'autre dont les lèvres s'égarent sur la courbe d'une mâchoire.
- Pourtant, c'est une de mes tendances qui ne t'a jamais déplu...
- Mmm, j'avoue que c'est très agréable de te voir déambuler dans l'appartement les fesses à l'air.
Ce petit échange me fait rouler des yeux exaspérés. Bannissant de mon esprit l'évocation d'un Maxwell nu comme au jour de sa naissance (pensée effrayante, je vous le jure !), je me lève avec la ferme intention de m'éloigner le plus possible de cette scène dégoulinante de mièvrerie. A franchement parler, j'aurais préféré partager le bureau de Noin ou de Sally Po, ou même de Heero Yuy... ah... non, pas Yuy.
Pourquoi ? me demanderez-vous.
Mêlez-vous donc de vos affaires, vous répondrai-je en virant au cramoisi.
Depuis quelque temps, mes relations avec Yuy ont pris un tournant... pour le moins inattendu.
Malgré le fait que nous ayons fait partie du même camp, une certaine rivalité a toujours creusé un fossé entre nous. Je suppose que nos personnalités respectives, ambitieuses et avides de perfection, ne pouvaient qu'engendrer explosions et catastrophes en tous genres au contact l'une de l'autre. C'est ainsi qu'au grand dam de nos camarades s'était installée entre nous une compétition aussi absurde qu'acharnée. Elle allait du nombre de bases détruites (je gagnais toujours, béni soit le flame thrower de Nataku !) à la rapidité avec laquelle on piratait les systèmes informatiques de OZ (maudit soit Yuy et ses talents de hacker !). Nous avons poussé le vice jusqu'au terrain sentimental en tentant d'acquérir les faveurs de Maxwell, alors qu'aucun de nous n'en était vraiment amoureux... J'en ai terriblement honte, aujourd'hui encore. Quant à Maxwell, il ne fut pas dupe de nos manœuvres tortueuses et nous expliqua avec force détails que si nous n'étions pas un grand blond nordique bardé de muscles, mieux valait l'oublier.
Tout a changé le jour où Yuy est devenu à son tour Preventer. Oh, ce n'était au début qu'un petit quelque chose sur lequel je n'arrivais pas à mettre de nom. Une certaine électricité dans l'atmosphère lorsque nous nous trouvions dans la même pièce. Une poussée anormale d'adrénaline quand nous partagions une mission de terrain. Un mot, un regard, un frôlement de vêtements qui faisaient soudain monter ma température corporelle...
J'ai pris conscience que j'étais amoureux de Yuy le jour où son seul sourire m'a fait renverser un plateau de tasses de café sur Lady Une. Je vous passe les affreuses tortures que l'onna m'a fait subir pour avoir taché son uniforme préféré... pourquoi préféré, je l'ignore, elle s'habille de la même manière tous les jours de la semaine.
Ma première réaction fut d'aller trouver Maxwell et de lui donner mon sabre afin de me décapiter, pour m'éviter le déshonneur lié à mes sentiments de collégienne énamourée envers Yuy. J'ai ensuite réfléchi que l'ex-Shinigami ne me laisserait pas reposer en paix avant que j'aie satisfait son insatiable curiosité.
J'ai donc décidé de garder mes sentiments pour moi, caressant peut-être le vain espoir qu'ils s'effacent avec le temps...
Peine perdue. Chaque jour qui passe me donne plus envie de me blottir dans les bras de Yuy, de sentir son corps puissant contre le mien, de le laisser glisser ses doigts dans mes cheveux et...
Suffit, Chang !!
Mon seul et unique réconfort, tout relatif quand on y pense, c'est de savoir que Yuy se débat dans les mêmes tourments que les miens. Comment suis-je au courant ? Contrairement à ce que pensent mes collègues, Maxwell et Merquise en tête, je sais reconnaître l'infime lueur de désir qui brille au fond de ces yeux bleu sombre lorsqu'ils s'attardent sur moi.
Cependant, rien ni personne ne nous fera avouer l'un à l'autre l'intérêt que nous nous portons. Quelle faiblesse ce serait d'admettre à l'autre que l'on a besoin de lui... Faire le premier pas n'est pas une preuve de courage, c'est au contraire se placer en position d'infériorité et donner à l'objet de son affection un pouvoir immense sur soi-même.
J'ai à peine atteint le pas de la porte qu'un couinement de Maxwell m'arrête net.
- Zechsyyy, c'est trop mignon !!! s'écrie-t-il dans un bruit de papier froissé.
Je déglutis péniblement. Oh Seigneur... Voilà la deuxième raison pour laquelle j'ai tant de griefs à l'encontre de la Saint-Valentin.
J'entends Maxwell achever de défaire son paquet et balancer l'emballage n'importe où pourvu que ce ne soit pas dans la poubelle.
C'est alors que des effluves subtiles, presque imperceptibles, parviennent à mes narines. Je ferme les yeux et chancelle, me rattrapant de justesse à l'encadrement de la porte. C'est un parfum si caractéristique, à la fois amer et sucré, terriblement enivrant... et teinté de noisette, je remarque avec un petit soupir. Ma bouche s'entrouvre comme je m'imagine à la place de Maxwell. Mes doigts touchent le carré de chocolat, effleurant sa surface lisse et douce, à peine moelleuse. C'est du gianduja, une spécialité italienne faite de pâte de chocolat fondu, de sucre et de noisettes grillées puis broyées. Je le porte à mes lèvres et inspire encore une fois son odeur chaude et épicée avant de le glisser dans ma bouche. A peine touche-t-il ma langue et mon palais qu'il se met à fondre... c'est un plaisir inégalable, une extase divine qui fait naître en moi les sentiments les plus forts et les plus sensuels...
C'est aussi mon secret le plus jalousement gardé, ma faiblesse la plus honteuse.
Je souffre de ce que l'on appelle le "chocoolisme". Pour moi, le chocolat n'est pas un simple aliment dont je ne considèrerais que les valeurs plaisamment nutritives.
C'est une drogue dont je n'ai pas envie de guérir.
C'est un péché mortel dont je désire me rendre coupable.
Mon talon d'Achille, pour lequel je me damnerais jusqu'à la fin des temps.
Vous comprenez maintenant pourquoi la Saint-Valentin est pour moi une véritable torture. Le QG tout entier baigne dans un parfum de chocolat, résonnant du froissement de papier d'aluminium et de marmonnements de plaisir. Bien malgré moi, je ne peux que déceler les multiples variations d'arôme, toutes plus délicieuses et tentatrices les unes que les autres...
- Chang ?
Je cligne des yeux, surpris. Et me retrouve face à Yuy, dont je bloque le passage. Il me regarde d'un air perplexe, attendant patiemment que je me pousse pour le laisser passer. En temps normal, jamais je ne me serais effacé devant lui, mais mon état proche de l'ivresse bloque toute pensée rationnelle de ma part.
- On dirait que tu es dans la lune, remarque-t-il en fronçant les sourcils.
Je me plaque contre un côté de la porte et lui accorde un regard méprisant.
- Je ne suis pas dans la lune ! Et d'abord, que viens-tu faire ici ? je rétorque de mon ton le moins amène.
Il bat des paupières, une expression un peu trop innocente sur le visage.
- Moi ? Je viens récupérer un rapport que Duo devait terminer.
- Il est là !! s'exclame la voix enjouée de l'Américain dans mon dos.
Yuy avance alors vers moi et se place de biais comme si je ne lui avais pas laissé assez de marge. J'aurais pu partir de mon côté, mais le bleu de ses yeux me rive sur place... aussi profond et pur qu'un ciel d'hiver... La manière intime dont son corps se frotte au mien me coupe le souffle. Je le sens glisser tout contre moi en une caresse aussi insistante que brève, son regard ne quittant jamais le mien...
Le contact est brusquement rompu.
Je le vois du coin de l'œil se diriger vers le couple Maxwell-Merquise comme si de rien n'était, à la fois soulagé que les deux autres n'aient rien remarqué de notre manège, et frustré qu'il se soit terminé si vite.
Titubant comme un vaisseau en perdition, je quitte la pièce et me dirige vers les toilettes.
J'ai vraiment besoin de me rafraîchir les idées.
* * *
Le bureau est vide lorsque je reviens enfin. La pièce est enveloppée d'un silence irréel, presque dérangeant. Je me demande un instant où sont passés Maxwell et son blond mari, puis me moque de ma curiosité. Pourquoi s'attarder sur ce genre de considération quand on peut enfin avoir la paix ?
Je me laisse tomber sur ma chaise, un sourire bienheureux aux lèvres. Prenant mon courage à deux mains et inspirant un bon coup, je saisis mon stylo, me penche sur le dossier ouvert devant moi...
Et m'immobilise, glacé de stupéfaction.
Lentement, je pose le stylo et approche mon visage de l'étrange petit objet qui se trouve sur mon bureau.
Sur la pile de papiers trône une minuscule boîte, aussi précieuse et raffinée que celles que l'on trouve dans les bijouteries. Le papier est d'un rouge velouté, légèrement granuleux et entouré d'un ruban de soie grenat. Je le prends entre mes doigts, le cœur battant. Pour un peu, on croirait à un cadeau de la Saint-Valentin... Je laisse alors échapper un reniflement de mépris.
C'est une mauvaise blague.
Signée Maxwell, évidemment.
Je m'apprête à jeter le paquet sans l'ouvrir lorsque je remarque une inscription sur son fond.
05...
Qu'est-ce que cela signifie ?
Je décide avec moult précautions d'ouvrir la boîte.
Soulevant le couvercle, je suis soudain assailli par un parfum chocolaté.
- Oooh...
Ce n'est peut-être pas une blague, après tout !
Mes sens mis en éveil, je prends le morceau enrobé de papier acidulé et niché au creux du paquet. Le papier crisse tandis que je le défais et dégage le bonbon aux formes arrondies et dont le dessus est piqueté. Je laisse mes yeux se repaître de sa couleur foncée, envoûtante, et respire son odeur fruitée. Je le porte à les lèvres... y plante les dents...
Dieux...!
Sous la fine couverture croquante de chocolat noir se cache une crème parfumée à la fraise.
Je le déguste avec lenteur, savourant le mariage des arômes tandis que mon corps glisse légèrement de ma chaise.
Et tandis que j'avale la dernière bouchée, le goût du chocolat mêlé à celui de la fraise se prolonge sur mes papilles...
- Alors, tu aimes ?
Je crois que je viens de faire un bond de dix mètres. Ce qui est sûr en tout cas, c'est qu'un cri de surprise a fait son chemin le long de ma gorge.
Yuy se tient adossé contre ma porte, un sourcil haussé et un agaçant petit sourire au coin des lèvres.
Abasourdi, je le regarde hocher la tête avant de partir sans ajouter un mot.
Serait-il possible...
Non, le peu de raison qui me reste lutte désespérément contre l'hypothèse qui chemine peu à peu dans mon esprit.
Et pourtant... Yuy pourrait avoir découvert ma faiblesse... serait assez sournois pour tenter de l'utiliser contre moi... m'obliger à m'avouer vaincu... me terrasser jusqu'à ce que j'admette que...
Je tourne et retourne la boîte à présent vide entre mes mains, me remémorant soudain une remarque de Maxwell.
Chocolat...
Fraise...
Cela avait beaucoup amusé le pilote de Deathscythe d'apprendre que « fraise » en japonais se disait « ichigo », autrement dit "ichi", un, et "go", cinq.
Yuy possèderait-il un humour aussi tordu que celui de Maxwell ?
* * *
04.
Il semblerait qu'aujourd'hui Yuy ait établi entre nous un compte à rebours, lent, vicieux et à l'irrésistible goût de chocolat.
Tandis que Maxwell passe devant moi en se gaussant, je montre les crocs et lui jette un regard digne d'un psychopathe en manque de victime.
- Pas la peine de le prendre comme ça, Feifei ! s'amuse-t-il après s'être néanmoins reculé. Je plains le ou la malheureuse qui t'a offert ce chocolat, ajoute-t-il avec une oeillade moqueuse. Ils ne savent vraiment pas à quoi ils s'exposent !
Je le regarde s'enfuir au détour du couloir puis reporte mon attention sur le paquet suspendu à la poignée de ma porte. Cette fois, c'est une aumônière de papier de soie orné d'entrelacs dorés. Je la détache doucement et la soupèse, puis fais glisser le ruban qui retient prisonnier le chocolat.
C'est une bouchée à la douce couleur acajou, presque foncée. Son odeur me chatouille le nez, si excitante et pleine de promesses, déguisant le parfum du fourrage que renferme le bonbon. Sans plus tarder j'en croque un morceau, surpris par la texture granuleuse de l'intérieur et son amertume prononcée. Noisette et café, sans aucun doute.
A moitié assis sur la table de mon bureau, je mémorise la subtile saveur du bonbon, mes lunettes oubliées près de moi et mes paupières se fermant de bonheur. Je laisse fondre les dernières notes, qui persistent délicieusement au fond de mon palais...
Existe-t-il péché plus sensuel que de croquer dans un morceau de chocolat ?
J'ouvre les yeux, à peine étonné de me trouver presque nez à nez avec l'ex-pilote 01.
- Je ne savais pas... murmure-t-il doucement, ses yeux si bleus se réduisant à deux fentes fixées sur ma bouche. Je ne savais pas que tu succomberais à une simple friandise.
Ses lèvres se courbent en un léger sourire ironique.
Le salaud...
- Je n'ai pas encore perdu, Yuy, je rétorque en tentant de rassembler ce qui me reste de sang-froid.
- Vraiment ?
Il sourit encore, se fichant ouvertement de moi.
- Ce n'est pourtant pas l'impression que tu donnais il y a quelques secondes, dit-il. Tu paraissais au bord de l'extase...
Une vague d'humiliation menace de m'engloutir tout entier. De toutes les personnes à avoir été témoins de ma faiblesse... il fallait que ce soit lui ! Je serre les poings, réprimant l'envie grandissante de lui faire payer ses mots blessants.
Je n'oublie pas non plus que j'ai envie de cet homme qui tente de m'abaisser avec un plaisir évident... Un curieux sentiment s'empare progressivement de moi, le désir de lui faire ravaler sa morgue se mêlant à celui de lui faire goûter la jouissance que j'éprouve.
- Tu ne sais rien du tout, Yuy.
Ses sourcils se froncent ; apparemment, mes paroles le laissent perplexe.
- Tu ne sais rien à propos du chocolat et du plaisir qu'il peut procurer, je continue. Dis-moi Yuy, que représente pour toi le chocolat ? Un vague mélange de cacao, de sucre, de vanille et de beurre de cacao ? Une nourriture plaisante à réserver cependant aux enfants ?
Je m'avance vers lui, plus sûr de moi à mesure que les mots s'égrènent de ma bouche.
Lui se recule, clignant des yeux comme si ma soudaine assurance le mettait mal à l'aise.
- Le chocolat est bien plus que ça, Yuy, dis-je tout en m'approchant. C'est une gourmandise, certes, mais qui touche tous les sens... par son aspect lisse et brillant... par les multiples nuances de sa couleur, de l'ocre doré au brun le plus sombre...
Une lueur d'intérêt semble soudain illuminer ses yeux, et il hoche imperceptiblement la tête. Mis en verve par un tel encouragement, je laisse un sourire effleurer mon visage.
- C'est une odeur également, envoûtante et épicée, sans être trop sucrée...
Ses narines se mettent à palpiter ; peut-être perçoit-il l'infime parfum cacaoté qui m'enveloppe.
- C'est un bruit sec lorsqu'on le brise, un claquement sourd qui résonne à tes oreilles. C'est une texture onctueuse, fondante, qui glisse entre tes lèvres et sur ta langue...
La sienne vient humecter légèrement sa bouche, rose et pointue, tandis que le bas de son dos vient heurter le bureau de Maxwell.
- C'est enfin un goût complexe, une palette d'arômes qui persistent et se développent alors même que tu viens d'avaler la dernière bouchée... amer, sucré, avec une pointe d'acidité et un soupçon de salé...
Est-ce un faible gémissement qui vient de faire vibrer sa gorge ?
Nos regards plongent l'un dans l'autre, et je le vois déglutir avec peine.
- Je...
Mon sourire s'élargit soudain comme il cherche ses mots, ne sachant peut-être que dire.
Le chasseur est en passe de devenir la proie.
- J'attends avec impatience le numéro trois, Yuy, je chuchote au creux de son oreille avant de le planter là.
* * *
Nous sommes à nouveau face-à-face, cette fois près de la machine à café. Les agents et secrétaires qui espéraient trouver le réconfort de leur dose quotidienne de caféine ont fait demi-tour aussitôt qu'ils nous ont aperçus, croyant peut-être à un conflit entre ex-pilotes de Gundam dont il vaut mieux se tenir éloigné. Je ne vais certainement pas les blâmer. Je ne suis pas certain que j'aurais fait ce que je m'apprête à réaliser avec une audience.
- Alors ?
Yuy se mord la lèvre, visiblement agacé par mon impatience à lui démontrer les voluptueuses vertus d'un simple carré de chocolat. Il me tend le troisième paquet, tout aussi ridiculement enrubanné que les précédents. Son petit jeu est en train de se retourner contre lui, et je sais qu'il déteste ça.
Jamais je n'aurais cru qu'un secret si honteux puisse être retourné à mon avantage...
Je saisis le paquet niché au creux de sa paume, effleurant par inadvertance sa peau chaude et calleuse. Balayant la sensation brûlante qui vient d'éclater dans ma poitrine, j'ôte rapidement l'emballage vert amande. Mes doigts rencontrent la surface curieusement irrégulière de la plaque de chocolat. Je la dégage du papier...
- C'est un mendiant.
Yuy hausse les épaules ; son ignorance achève de m'exaspérer.
- Un chocolat mélangé à des fruits secs tels que des noisettes, des noix, de la pistache, des raisins secs... Tu veux goûter, Yuy ?
Il écarquille les yeux et inspire doucement.
- Il est pour toi, souffle-t-il.
- Comme tu veux, je réplique avant d'en croquer un bout.
Clac !
Le bruit résonne dans le hall et fait sursauter le jeune homme à côté de moi. La fine plaque de chocolat noir fond bien vite dans ma bouche, libérant les morceaux de fruits secs qui se mettent à rouler sur ma langue.
- Mmm...
J'écoute la respiration de Yuy s'accélérer, et mes yeux s'égarent dans les siens, brillants d'anticipation. Sa pomme d'Adam se soulève comme il avale sa salive. Jamais notre contact visuel ne se rompt et je le force à me regarder déguster chaque bouchée, broyant entre mes dents les fruits dont la saveur fade rehausse néanmoins l'amertume du chocolat.
Je termine avec délectation les dernières miettes et finis par lécher les traces de chocolat fondu sur mes doigts.
- Tu ne sais pas ce que tu rates, Yuy.
- Peut-être... murmure-t-il.
Je m'arrête et lui lance un regard curieux. Il semble réfléchir tout haut.
Sa main agrippe soudain mon poignet, arrêtant mon mouvement.
- Peut-être que je veux goûter, après tout, dit-il d'une voix plus assurée.
Fasciné, je le vois porter mes doigts à sa bouche... Comment ses lèvres peuvent-elles être si douces ? Un tremblement court le long de mon échine lorsque, sans crier gare, mon majeur est englouti dans une caverne chaude et humide. Sa langue s'enroule autour de mon doigt, suçant le chocolat et savourant peut-être son goût mêlé à celui de ma peau...
- Pas si mal, lâche-t-il en me repoussant légèrement.
Il fait quelques pas en arrière puis se dirige lentement mais sûrement vers le couloir. Comme je voudrais lui faire perdre son détestable et arrogant petit sourire...
- Plus que deux, ajoute-t-il avec une œillade assassine.
* * *
- OÙ EST-IL ?!!
Cela fait près de vingt minutes que j'arpente en courant et en hurlant les couloirs du QG, ignorant les agents et les secrétaires chargés de dossiers que je bouscule sur mon passage. Le déjeuner fut une épreuve exécrable, les préposés aux cuisines s'étant cru obligés de nous servir un menu spécial Saint-Valentin. D'aucuns savent combien les repas de cantine sont loin d'être gastronomiques ; je vous laisse donc imaginer le pire. Quoique... la mousse au chocolat et aux groseilles n'était pas si mal...
Mais je dérive.
Yuy a disparu au moment de la pause déjeuner. Je ne sais pas pourquoi, mais j'étais au contraire persuadé qu'il profiterait de ce moment pour me donner le chocolat suivant. Après réflexion, il a eu raison de n'en rien faire ; j'ignore si j'aurais pu l'apprécier à sa juste valeur à la suite d'un rôti de caille à moitié brûlé.
Je ne peux cependant réprimer le soupçon d'inquiétude qui noue mes entrailles. Où est passé cet imbécile ? Il n'était pas au réfectoire, assis à sa place habituelle avec Noin et Po. Je suis allé voir dans son bureau, ai poussé jusqu'à la salle de tir... Rien.
Le lâche.
Il n'aurait quand même pas osé abandonner notre petit défi ?
Je continue de le chercher, n'ayant cure des regards surpris ou dubitatifs que me lancent mes collègues de travail. Prenant l'angle d'un couloir en un virage serré, je manque m'effondrer dans les bras de Lady Une.
- Chang.
- Madame...
Je recule de quelques pas, légèrement embarrassé, tandis qu'elle remonte la paire de lunettes qui vient de glisser de son nez.
L'onna me déteste. Que ce soit à cause de feu Khushrenada ou parce que mes états de service promettent d'être meilleurs que les siens, je préfère ne pas le savoir. Toujours est-il qu'elle se met à me toiser de toute sa hauteur. Et croyez-moi, 1,78 mètre de sadisme pur contre 1,64 mètre d'impatience à peine déguisée, on ne peut pas appeler ça un combat équitable.
- Vous vous croyez peut-être sur un circuit de course, agent Chang, fait-elle d'un ton charriant des glaçons.
- Non, Madame.
Je grimace, il faut bien que je lui donne une raison de mon empressement... et hors de question de lui avouer que je suis à la recherche de Yuy et de ses chocolats !
- J'ai du travail en retard, je marmonne, espérant que mon expression revêche suffira à dissiper ses doutes.
- Mmph ! Le grand Chang Wufei se laisserait-il submerger par ses dossiers ? ironise-t-elle avant d'éclater d'un rire démoniaque.
Tout en prenant la tangente, je songe que Maxwell a mille fois raison de la surnommer "the Evil Bitch from Hell"[1]. Chaque rencontre avec cette onna me glace le sang... Inutile de me rappeler que je travaille pour elle. Au fond, je dois être aussi masochiste que Merquise.
- Où étais-tu ?
Je manque sursauter comme la voix de Yuy résonne près de moi. Je me tourne abruptement vers lui.
- Comment ça, où étais-je ? Et toi, où étais-tu ?! je réplique à voix basse. J'ai perdu un temps infini à te chercher...
- Tu te trompes, c'est moi qui te cherchais.
Il fourre les mains dans les poches de son blouson et se dirige vers mon bureau.
- Peu importe, murmure-t-il. Est-ce que tu l'as eu ?
- De quoi parles-tu ? je demande méchamment, même si je sais déjà la réponse.
- Le deuxième...
Les paroles meurent au bord de ses lèvres comme il atteint le seuil de la pièce.
Etonné de son silence, je m'approche et regarde par-dessus son épaule.
Maxwell se tient au milieu de la pièce, un petit paquet accrochant la lumière au creux de sa paume.
Ses yeux violets se lèvent lentement vers nous. Il bat des paupières et commence à sourire, apparemment ravi de nos expressions horrifiées.
- Duo... gronde soudain Yuy à mes côtés, un avertissement qui ne trompe pas quant à son humeur du moment.
J'entends presque le « omae o korosu » en suspens dans l'atmosphère.
Maxwell se contente de hocher la tête. Son interminable chevelure retenue en une lâche queue de cheval glisse sur son épaule et sa frange effleure son visage, voilant l'éclat brillant de son regard. Ses doigts volent au-dessus du paquet, tirant un pan du ruban noué autour.
- Maxwell, si tu oses...
- Des menaces, Feifei ? se moque-t-il sans cesser de défaire le paquet.
- Ce n'est pas pour toi, Duo, insiste Yuy, une lueur meurtrière au fond de ses yeux bleus.
- Vraiment ? J'aurais pourtant cru le contraire, dit Maxwell en nous montrant l'emballage. Vous voyez, il y a écrit 02 en dessous.
- Rends-moi immédiatement ce chocolat !! je finis par crier, au bord de la crise de nerfs.
- Du calme, Chang, fait la voix de Merquise dans notre dos. Tu ferais mieux d'apprendre à contrôler tes pulsions, on t'entend brailler à l'autre bout du bâtiment.
Tout sourire, le blond nous dépasse et se penche vers Maxwell.
- Qu'est-ce c'est ? demande-t-il en observant le chocolat avec curiosité.
Oooh non... voilà que je peux à présent sentir l'infime parfum que le bonbon dégage...
Yuy me jette un regard vaguement inquiet. A-t-il peur que je craque ?
- Je ne sais pas, il faudrait goûter pour savoir, remarque l'ex-pilote de Deathscythe.
Il prend le chocolat entre ses doigts et le porte à hauteur de son regard.
Mon cœur se met à battre à la chamade... Je n'ose me tourner vers Yuy pour lui demander quel parfum il a choisi.
Pendant ce temps, la voix de Maxwell me parvient comme à travers une brume.
- Vous savez, on est au courant de votre petit jeu. C'est très pervers... Toutes mes félicitations, Heero.
- Comme je te le disais, Chang, tu devrais faire plus attention, continue Merquise. Pour l'instant, nous sommes peut-être les seuls à connaître ton secret, mais les rumeurs se répandent vite.
- Tu n'oserais pas... je souffle, les yeux écarquillés.
Seul son sourire me répond. Maxwell brise d'un coup sec le morceau de chocolat et en donne une partie à Merquise.
- Votre stupidité n'a d'égale que votre obstination, reprend le brun. Vous pensez qu'une relation se base sur la compétition ? Wufei...
Je frémis en entendant mon prénom, si peu souvent utilisé par lui. Sa main se porte à sa bouche, et je regarde le chocolat disparaître entre ses lèvres avec un gémissement.
- C'est toi le baka, Wufei, dit Maxwell entre deux mastications. Si tu acceptais ce que l'on t'offre sans te poser de questions, tu n'éprouverais pas autant de culpabilité à les apprécier...
- Tout est une question de partage, ajoute Merquise en croquant sa part. Mmm... délicieux, savoure-t-il tandis que je serre les poings, désespérant de retrouver une parcelle de contrôle.
Tout près de moi, Yuy bouillonne de rage.
Maxwell nous lance alors un sourire triomphant...
- Chocolat noir et écorces d'orange confite... Excellent choix, Heero !
* * *
- C'est trop bête...
Je pousse un grand soupir mélodramatique et m'étire de tout mon long avant de m'accouder au garde-fou. Yuy et moi avons trouvé refuge sur le toit du bâtiment, balayé par la bise glaciale de l'hiver. Le ciel est dégagé cependant, et le pâle disque du soleil roule au-dessus des lointaines collines.
Jamais je n'aurai passé une journée aussi peu fructueuse depuis mon entrée chez les Preventers. Aucun dossier n'a été bouclé, mon entraînement quotidien est passé à la trappe et pour couronner le tout, Maxwell et Merquise ne vont pas manquer d'inonder ma boîte à lettres d'abonnements aux Chocooliques Anonymes.
Je coule un regard de biais en direction de Yuy. Ses mains s'agrippent si fortement à la rambarde que ses phalanges ont blanchi, et le vent soulève les mèches brunes qui lui tombent sur le visage.
Ses yeux rencontrent brusquement les miens et je ne peux m'empêcher de noter la légère rougeur qui colore ses joues.
- Tu sais...
Sa voix est à peine un murmure perdu dans le vent.
- Il en reste un.
Je cligne des yeux. Il a raison ; le compte à rebours n'est pas encore terminé.
Avec précaution, Yuy plonge la main dans sa poche et en retire une tablette toute simple, uniquement enveloppée dans son papier d'origine.
Ma bouche s'arrondit de surprise en reconnaissant l'emballage.
- 99% de cacao... Yuy, tu es diabolique.
Un petit sourire timide étire un coin de son visage.
Je prends la tablette qu'il m'offre sans oser croiser mon regard et la retourne.
01.
Comme je déchire doucement le papier, l'odeur amère et veloutée du chocolat remonte jusqu'à moi. Yuy s'approche, comme hypnotisé par mes doigts qui s'affairent sur la fine tablette.
Le partage, hein...
Je brise deux carrés et constate avec plaisir qu'ils ne s'effritent pas, puis j'en tends un à Yuy.
L'une de ses mains soulève alors mon menton pendant que l'autre accepte mon présent.
- De la même couleur que tes yeux, chuchote-t-il de cette voix profonde qui me donne des frissons.
Nous portons en même temps les morceaux à notre bouche, sans nous quitter des yeux. Mes dents se plantent dans le carré et en détachent un bout qui aussitôt se met à fondre sur ma langue, exhalant toute la puissance de son arôme.
Oh dieux... je pourrais mourir en cet instant tellement c'est bon !
Ma tête se renverse légèrement et mes paupières menacent de se fermer, mais jamais je ne cesse de contempler l'homme en face de moi qui apprend à goûter la volupté d'un carré de chocolat.
Un gémissement s'échappe de mes lèvres et Yuy me lance un coup d'œil stupéfait. Hésitant, il mâche à son tour sa bouchée...
Je crois que l'expression de son visage restera gravée en moi pour toujours. Le bleu sombre de ses iris disparaît derrière ses longs cils, ses lèvres humides bougent en rythme avec ses mâchoires avant de s'entrouvrir sur un soupir d'extase, et une vague de pur plaisir secoue son corps tout entier pour finalement se communiquer au mien.
Seigneur, je pourrais avoir un orgasme en le regardant manger un chocolat !
- Dé... délicieux... balbutie-t-il, et je lui dédie un léger sourire.
Nous continuons notre silencieuse dégustation jusqu'aux dernières miettes. Serrant alors son poignet dans ma main, je l'empêche de terminer et approche mon visage tout près du sien.
- N'oublie pas que l'on doit partager, je murmure avant de prendre son morceau entre mes dents.
Je franchis les quelques centimètres qui nous séparent encore et porte le chocolat à sa bouche.
Notre baiser est lent, profond et voluptueux. Je sens nos langues jouer avec le bout de chocolat, chacun de nous le croquant à notre tour et mêlant le goût de nos bouches à sa saveur amère et puissante...
Lorsque nous nous séparons enfin, je pose mon front contre le sien et tente de reprendre mon souffle.
- Jamais... jamais je n'ai goûté de meilleur chocolat...
Ses lèvres s'étirent en un mince sourire alors même qu'elles effleurent les miennes.
- Il reste toute une tablette, si ça te tente, dit-il, et je sais que sa proposition ne tient pas seulement pour le chocolat.
Mes bras viennent se nouer autour de son cou comme les siens enlacent ma taille. Je ne sais plus si c'est le seul cacao qui provoque mon ivresse, car la présence de Yuy - de Heero m'enveloppe à présent tout entier.
- Il me reste tant de parfums à découvrir, continue-t-il. Voudrais-tu...
- T'apprendre à les aimer ? je termine pour lui.
Il acquiesce silencieusement.
Peut-être, après tout, que ma maladie n'en est pas vraiment une si le Soldat Parfait lui-même accepte d'y succomber.
Peut-être est-ce un péché auréolé de divin, un Enfer déguisé en Paradis... mais si Heero accepte de le traverser avec moi, alors je m'y adonnerai volontiers, savourant son amour dans un morceau de chocolat.
~Fin~
[1] Pas de moi. Si mes souvenirs sont bons, j'ai dû croiser cette expression dans The Death and Dragon Arc, par Mel et Christy.