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AC 206

par Erynna

Sixième partie

~Huit ans plus tôt~

Slap !
- Idiot !
Zechs regarda d'un air hagard Lucrezia Noin partir en claquant la porte. Il frotta distraitement sa joue meurtrie et commença à sangloter. Puis il avisa qu'il restait un peu de scotch dans la bouteille posée près de lui et se mit en devoir de la vider.
Duo poussa un soupir à fendre l'âme et s'enfonça un peu plus dans le canapé. Wufei et Sally venaient de quitter la réception pour rejoindre l'hôtel qui allait abriter les ébats nuptiaux. Un micro-sourire effleura ses lèvres. Sally Po avait rondement mené son affaire. A peine Wufei avait-il fêté ses dix-huit ans qu'elle l'avait traîné devant l'autel. Le malheureux épousé, plus blanc que la robe de Sally, avait miraculeusement perdu connaissance au moment de dire "oui". Le trop-plein d'émotions, sans doute… Ou peut-être le contrecoup du gâteau au chocolat qu'il avait eu pour son anniversaire, célébré la veille.
En voilà deux de casés… Et n'en restent plus que quatre.
Le jeune homme examina la salle d'un regard morne. L'orchestre jouait toujours avec entrain, accompagnant les circonvolutions des couples de danseurs. Trowa se laissait convaincre par les quelques Manganacs encore debout de jouer à une quelconque partie de cartes, tandis que Hilde, Dorothy et Catherine vérifiaient combien de verres étaient nécessaires pour que Quatre se mette à danser tout nu sur les tables…
C'était trop injuste ! Pourquoi était-il le seul à ne pas s'amuser ?
Il jeta un coup d'œil sur sa gauche. Heero Yuy était assis à côté de lui à distance respectable et demeurait aussi immobile et concentré que l'auteur devant un épisode de Stargate : SG-1. Duo brûlait de se rapprocher de l'ex-pilote mais n'osait bouger de crainte de le voir s'éloigner. Il désirait plus encore l'inviter à danser, mais savait qu'il ne supporterait pas d'essuyer un refus…
C'est alors qu'il vit Relena s'avancer vers eux.

* * *

~Dans la chambre nuptiale~

Sally : Nous y sommes enfin.
Wufei : Euh, oui… En effet…
S, se dirige vers la salle de bains : Je reviens tout de suite, juste le temps de mettre quelque chose de plus… approprié.
W, à voix basse et complètement paniqué : Ohmondieuohmondieuohmondieu !!! *se précipite vers la porte et tente de l'ouvrir* Nooooon ! Elle a osé la fermer… et… elle a pris la clé !!! Okaaaaaiiiiii, restons zen, tout va bien se passer… Inspire, expire, inspire, expire…
S, voix TRES sensuelle : Wuuuufeeeeiiii, mon chou, je suis prête.
W, fait un bond de dix mètres et se cogne la tête au plafond : KYYYYYYAAAAAAAAA !!!!

* * *

~Retour à la salle de réception~

Alerte rouge ! Alerte rouge ! Godzilla version Bisounours en approche à 11 h !! braillèrent les capteurs visuels de Heero à son cerveau.
Relena Peacecraft lui lança un sourire qu'il se décida à qualifier de machiavélique et se laissa tomber à ses côtés. L'envahissante Reine du Monde se mit ensuite à le pousser en usant de petits mouvements rotatifs au niveau de son postérieur. Heero constata avec horreur que cette manœuvre l'obligeait à se décaler en direction de Duo s'il ne voulait pas se retrouver sur les genoux de la "bonbonnière". Il se décala. Se décala. Se décala. Une poussée plus accentuée de Relena lui fit perdre l'équilibre et il s'appuya sur ce qu'il crut être l'accoudoir…
Bizarre… Ça ne ressemble pas à un accoudoir.
Il baissa les yeux, redoutant ce qu'il allait voir et… Gagné, ce n'était pas l'accoudoir.
C'était la cuisse de Duo.
Il sentit une intense rougeur brûler son cou, et regretta amèrement de ne pas avoir laissé tomber débardeur et Spandex pour le smoking réglementaire.

* * *

Duo sursauta, surpris par le contact inattendu, et se tourna vivement vers son voisin. Heero gardait obstinément les yeux baissés et semblait tétanisé… id est, sa main ne bougea pas d'un poil de la jambe de l'Américain.
Rhooo, c'est marrant, il n'y a que son cou qui rougit… Une seconde, Heero Yuy est en train de ROUGIR ?
Ses cellules grises se mirent à fonctionner à toute vitesse, échaffaudant moult scénarios qui expliqueraient l'évidente gêne du Japonais.
Proximité de Relena ? Naaan, biologiquement impossible ; les seuls êtres susceptibles de rougir seraient des homards qu'elle ébouillanterait…
Alcool ? Mmh, il n'en a pas bu une goutte…
Allergie ? Ah, peut-être… Argh, j'oubliais, le Soldat Parfait est immunisé contre toutes les maladies possibles et imaginables ! [1]
Moi… MOI ???

* * *

- Allons Barton, une seule petite partie ! supplia Rashid en agrippant les épaules du jeune homme. Tu nous dois bien une revanche !
Trowa se permit un minuscule sourire à l'adresse des Manganacs qui cherchaient à l'embringuer dans une partie de poker. Son regard revint brièvement vers le groupe de jeunes femmes qui entouraient Quatre. Ce dernier riait comme un fou au milieu de ses groupies, visiblement ivre.
Quatre…
Il fronça les sourcils. Le jeune Arabe ne buvait pourtant jamais, par égard pour sa religion…
- Alors, Barton ? Tu nous suis ? le relança Rashid.
Trowa fit un geste en direction de Quatre.
- On devrait peut-être s'occuper de…
Le rire tonitruant du Manganac l'interrompit.
- Sacré Don Juan ! s'exclama-t-il en le gratifiant d'une grande claque dans le dos. Désolé mon gars, mais les minettes attendront ! Comme on dit chez nous, les affaires d'abord. Tout en rejoignant Rashid et ses amis, l'ex-pilote de HeavyArms se demanda un instant si l'imposant Musulman incluait Quatre dans le groupe des "minettes".

* * *

~Retour dans la chambre nuptiale~

S : Ça va mieux, 'Fei ?
W, maintenant la compresse sur son crâne : Je crois… Je sais pas trop… Il y a toujours des petits Gundams qui tournent autour de ma tête…
S : Laisse-moi regarder. Eh bien, tu auras un gros bleu demain matin, c'est tout… Bon, où en étions-nous ?
W, en équilibre au bord du lit : Sally ! Tu es vraiment… obligée de t'habiller comme ça ?
S, avance à quatre pattes vers sa proie avec un sourire prédateur : Oooh non, je compte sur toi pour m'aider à enlever cette petite tenue !
W, avale péniblement sa salive : Sa… Sally, je…
S, les poings sur les hanches : Quoi ? Nom de Dieu, qu'est-ce que tu as depuis tout à l'heure ?
W : Je…
S : Ouiiiii ?
W, d'une toute petite voix : Je sais pas si je saurai…

* * *

~Retour à la salle de réception~

2 minutes 23 secondes. 2 minutes 24 secondes. 2 minutes 25 secondes. 2 minutes 26 secondes. 2 minutes 27 secondes. 2 minutes 28 secondes…
Et la main de Heero demeurait toujours sur sa cuisse, la chaleur qui s'en dégageait menaçant à tout instant de rompre les défenses du Shinigami.
Ooooh… Aaaah… Résister… A tout prix… Hnnnn !!!!
La pression sur sa jambe se fit brusquement plus légère. Un peu soulagé certes, mais surtout frustré, Duo sentit la main du Japonais rompre le contact avec sa modeste personne.
GGGRRRRR… HEERO NO BAKA ! Non… Duo no baka… Comment ai-je pu être stupide au point de me faire ce genre d'illusions ? Heero ne peut pas s'intéresser à moi. Il est le Soldat Parfait, uniquement préoccupé par ses foutues missions et sa Reine du Monde !
Le jeune homme se renversa en arrière et laissa sa tête rouler sur le dossier du canapé. Ses yeux améthyste captèrent alors un regard malicieux.
Mmmh ? Relena ? Pourquoi me regarde-t-elle comme ça ?
La jeune fille eut un sourire franchement sournois avant de prendre la parole.
- Oooh, je suis si fatiguée ! déclara-t-elle, et elle s'étira de tout son long pour appuyer ses propos. Désolée Heero-kun, je sais que je t'avais promis une danse, mais je suis incapable de me lever ! Et si tu invitais Maxwell à ma place ?
La mâchoire de Duo alla se fracasser sur le sol.

* * *

- Quatre Raberba Winner, tu es véritablement pire que nous ! s'écria Dorothy Catalonia, ses yeux se réduisant à deux fentes comme elle fixait ledit jeune homme.
- Au moins tu as bon goût, remarqua Catherine en envoyant valser son verre derrière elle. Mais il faut que je te prévienne : il est TRES timide. T'y arriveras pas sans nous.
Le blond ouvrit de grands yeux de la taille de soucoupes.
- Alors vous voulez bien m'aider ? s'écria-t-il d'une voix enthousiaste qui dénotait un excès de boissons alcoolisées.
- Bien entendu ! T'es un super pote, Winner, déclara Hilde, à peu près dans le même état que lui. Et pour les potes on est toujours prêtes !
- Sûr ! acquiesça Dorothy. Bon, tu as déjà le bouquet de la mariée… Mais c'est pas suffisant.
Hilde se pencha vers ses amis en affichant une expression conspiratrice.
- Vous savez quoi ? Je sais où se trouve le voile de Sally !
- Où ça ? demanda Catherine.
- Il y a une petite chambre, au second… Je me baladais gentiment et puis j'ai vu qu'elle l'avait laissé là.
- Hum… Je crois que je n'ai pas envie d'en savoir plus, dit Dorothy en haussant les épaules.
- Euh… m'oubliez pas, gémit Quatre.
- T'en fais pas Quatre, tu vas l'avoir toi aussi, ta nuit de noces !
- Hourra !!! s'écria le petit Arabe en sautillant.

* * *

~Retour dans la chambre nuptiale~

S : Mais… tu as pourtant été marié !
W, exaspéré : J'avais à peine quatorze ans, Sally !
S, des étoiles dans les yeux : Alors tu m'as attendue pendant tout ce temps ? C'est trop mignon !
W, en son for intérieur : Ne rêve pas, ma grande ! Treize m'a fait passer le temps d'une manière très agréable…
S, se jette sur son jeune époux comme un tigre en manque de chair fraîche : Ne t'inquiète pas, je serai trèèès gentille avec toi ! Et je ferai en sorte que ta première fois soit inoubliable !

* * *

~Retour à la salle de réception~

La musique commença très doucement, rythme lancinant de la batterie, accords lascifs des guitares, accompagnement discret de la basse. La voix du chanteur se mit à réciter des paroles d'amour, d'une éternelle et sublime simplicité.
Heero Yuy, cependant, semblait être passé en mode automatique. Les mains nerveusement posées sur les hanches de son partenaire, il s'appliquait à maintenir une certaine distance entre le corps de Duo et le sien. Son regard rencontra soudain la silhouette de Relena, toujours assise sur le canapé. Elle leva les pouces en signe d'encouragement.
Cette fille… J'aurais vraiment dû débarrasser le monde de sa présence dès le premier épisode… [2]
Il leva les yeux vers l'Américain.
- Gomen ne… murmura-t-il.
Duo lui jeta un regard empli d'incompréhension.
- Pourquoi ? demanda le jeune homme, sincèrement étonné.
- On peut arrêter tout de suite, si tu es gêné.
- Non ! Non… Je veux dire, sauf si toi ça te gêne…
Heero battit des paupières, légèrement perplexe.
Se pourrait-il que…
- Ça ne me gêne pas.
- Alors nous sommes d'accord, pour une fois.
- Hn.
Il surprit le sourire timide de Duo.
Mmmh… Qui ne tente rien n'a rien, n'est-ce pas ?
Inspirant profondément, il franchit l'espace qui le séparait de son partenaire et ses bras se refermèrent sur la taille mince du Shinigami.

* * *

- Allah ! J'abandonne !
Rashid jeta son jeu loin de lui, complètement dégoûté.
Le seul œil visible de Trowa brillait de malice. Il les avait battus à plates coutures, une fois de plus ! Conclusion de la soirée : ne jamais jouer aux cartes avec un ex-pilote de Gundam, ex-mercenaire, ex-espion infiltré dans les troupes d'OZ…
Les Manganacs se concertèrent du regard puis Rashid, unanimement désigné comme leur porte-parole, se tourna vers le jeune homme.
- Bon, tu mets ça sur notre ardoise, d'accord ? Entre amis, on ne va pas chipoter ! On te fera parvenir ce qu'on te doit d'ici peu.
- Rashid…
- Quoi, tu ne nous fais pas confiance ?
- Je ne joue pas pour l'argent.
- Tu penses qu'on n'a pas de quoi te payer ? proféra le grand homme d'un ton sombre. Ou que notre argent n'est pas assez bien pour toi ?
Rashid avança vers lui d'un pas vacillant avant de s'écrouler par terre. Trowa secoua la tête et se baissa pour tapoter l'épaule de son adversaire. Un ronflement sourd lui répondit.
Je ferais mieux de l'imiter.
Jugeant inutile de saluer les autres Manganacs, qui avaient eux aussi atteint le pays des rêves, Trowa gagna sa chambre, située deux étages au-dessus de la salle de réception. Cette disposition permettait aux invités de célébrer le mariage de tout leur soûl sans s'inquiéter de savoir par quel miracle ils pourraient rentrer chez eux.
Il traversa les couloirs silencieux de sa démarche souple et dansante qui trahissait son métier d'acrobate, et se glissa dans sa chambre.
La pièce baignait dans l'obscurité. Trop épuisé pour allumer la lumière ou même enfiler son pyjama, il s'effondra sur son lit et ferma les yeux, prêt à accueillir le sommeil. Des gloussements attirèrent son attention. Le matelas grinça sous le poids de la chose qui venait de grimper dessus et des vibrations se communiquèrent le long de son corps.
Il n'était pas seul dans la chambre.
Un souffle chaud sur sa nuque. Une petite main se mit à masser son dos en effectuant des mouvements circulaires…
Il y avait définitivement quelqu'un dans sa chambre !
D'un geste vif comme l'éclair, il pressa l'interrupteur de la lampe de chevet, bondit hors du lit, esquissa un salto avant, se prit les pieds dans la couette et atterrit par terre avec un "oumph" retentissant.
Ce qu'il vit sur ses couvertures lui arracha une expression de profonde surprise.
Q… Quatre !!

* * *

~Retour dans la chambre nuptiale~

W : Euh… Sally ?
S, très occupée : Moui ?
W : Je n'aime pas trop… cette position.
S, toujours très occupée : Bah, ça ne va pas ?
W : C'est-à-dire… Je me sens un peu… écrasé.
S, vraiment très occupée : C'est un peu normal, tu sais.
W : Tu aurais pu prendre une chaise !
S : Sont pas assez hautes. Ah, ça y est ! Et que la lumière soit !
*Et la lumière fut, et révéla Sally perchée sur les épaules de Wufei, ayant enfin terminé de changer l'ampoule du lustre.*

* * *

~Retour dans la chambre nuptiale… ou la chambre de Trowa… en fait, c'est la même chose~

- Q… Quatre !!
Le spectacle qui se déroulait sur son lit lui coupa le souffle.
Quatre Raberba Winner était lascivement allongé sur la couette, uniquement vêtu de boxers et d'un voile de mariée. Il tenait dans une main un bouquet de fleurs un peu défraîchies.
Le jeune blond lui lança un regard concupiscent, fit glisser sa langue sur ses lèvres et laissa ses doigts caresser son torse.
- Oh Trowa, épouse-moi ! Maintenant !! roucoula-t-il d'une voix pleine de désir.
Trowa Barton fit la seule chose possible pour un homme dans sa position : il se releva, ouvrit la porte et se mit à courir comme s'il avait aux trousses tous les démons de l'Enfer.

* * *

~Deux étages plus bas~

Plus de lumière.
Plus de musique.
Plus d'éclats de rire teintés d'ivresse, plus de conversations joyeuses menées à bâtons rompus.
Plus de bruit.
La fête s'est terminée depuis longtemps.
Seul le souffle léger de deux respirations.
Seul le rythme de deux cœurs battant à l'unisson.
Glissements de pas sur le parquet de bois. Les planches grincent un peu mais ne troublent pas la quiétude des lieux.
Tourbillon silencieux d'émotions intenses et nouvelles.
Une longue tresse châtain bat les airs comme les deux danseurs tournent au milieu de la piste.
Enlacement féroce et secret comme si demain ne devait jamais exister.
Deux têtes se rejoignent pour partager l'harmonie magique de cette nuit.
Les lèvres s'effleurent… se caressent… timides… hésitantes…
Deux amoureux jouent l'éternelle scène du premier baiser.
Oublieux du reste du monde.
Seuls, ensemble.

[1] Sauf la mononucléose, d'après une fic que j'ai lue… ^^
[2] On est d'accord ! Mais au fait… Comment diable sait-il qu'il fait partie d'une série animée ??? Bah, c'est le Soldat Parfait, après tout…^^;;

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