Gundam Wing Fan Fiction ❯ AC 206 ❯ Chapter 5
AC 206
par Erynna
Cinquième partie
- HEEEEEROOOOO !!!
Le visage de l'ex-terroriste se para successivement de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Une rafale de missiles, un tir groupé de mobile suits, le babillage sans queue ni tête de Duo, trois heures à essayer de placer un mot pour faire comprendre au représentant qu'on n'a pas besoin de son aspirateur, même l'explosion de Wing au moment de son autodestruction, tout cela était infiniment plus supportable que ce lugubre appel aux allures de condamnation à mort.
Paralysé par la panique, Heero se laissa à moitié étrangler par son ennemie de toujours : l'inepte, la prétentieuse, l'exaspérante Relena Peacecraft.
On dit qu'avec le temps, même les cornichons se bonifient… Hélas, ce n'était pas toujours vrai.
Pourquoi moi ? gémit-il en son for intérieur tandis que l'oxygène commençait à lui manquer. Et quel mot n'avait donc pas compris l'esprit obtus de la jeune fille lorsque, en désespoir de cause, il lui avait avoué qu'il ne lui rendrait jamais son amour ?
- Je suis gay !
Il avait hurlé ces trois mots de toutes ses forces. Et les avait répétés cinq fois pour faire bonne mesure. Relena, qui le pourchassait depuis près de vingt minutes avec une endurance à faire pâlir de jalousie un coureur marathonien, s'était arrêtée net. Le souffle court, les joues rouges et complètement échevelée, elle l'avait longuement contemplé sans prononcer un mot. Puis elle s'était redressée, avait épousseté sa jupe d'un horrible rose bonbon et avait souri. Un sourire énigmatique et implacable, qui hantait ses pires cauchemars simplement parce qu'il ignorait quelle interprétation lui donner.
- Je vois, avait-elle sobrement déclaré avant de tourner les talons.
Lui n'avait rien vu que sa silhouette disparaître derrière les bâtiments de l'école. Il se laissa glisser le long de l'écorce rude d'un arbre et resta longtemps assis dans l'herbe. Le regret avait un goût amer dans sa bouche.
C'était son secret le plus précieux et le mieux gardé, la seule chose qui lui appartenait vraiment. La guerre lui avait volé son identité, sa jeunesse, son innocence, ses sentiments même. Les connaissances et l'expérience qu'il possédait se résumaient à celles d'un soldat.
Et puis s'étaient fait sentir cet élan naissant du cœur, cette attirance toute neuve pour les garçons… et avec eux la conscience progressive de la personne qu'il était.
Avait-il eu peur ? Avait-il tenté de rejeter cette partie de lui-même qui ne cessait de grandir avec le temps ? Non. Heero l'avait acceptée avec la logique, la simplicité et le naturel qui le caractérisaient.
Mais Dieu - ou quelle que fût l'entité qui veillait à leurs destinées - avait trouvé le moyen de lui rendre le chemin difficile. Un vrai parcours du combattant lorsqu'on savait qu'il partageait ses missions avec quatre adolescents pleins de fougue… et que sa garde-robe était exclusivement composée de shorts en spandex.
Il y avait Quatre, si mignon avec ses cheveux blonds et ses grands yeux bleus innocents…
Il y avait Trowa et son corps d'athlète dont les formes parfaites évoquaient les statues antiques…
Il y avait Wufei, dont les gouttes de sueur glissaient sur les muscles de son torse chaque fois qu'il s'exerçait…
Et il y avait Duo…
Duo qui ne cessait de le taquiner chaque fois qu'il en avait l'occasion.
Duo qui ouvrait toujours sa grande gueule à tort et à travers.
Duo qui trouvait amusant de se surnommer le Dieu de la Mort et le Roi du Sandwich.
Duo qui n'était jamais avare de ses sourires.
Duo qui parfois jetait ses bras autour de son cou et se pressait contre lui.
Duo qui une fois, juste une fois, avait laissé ses longs cheveux soyeux s'échapper de la prison de sa tresse…
Et voilà que Relena lui avait dérobé le trésor de ses émotions. La discrétion imprévue de l'adolescente l'avait à peine rassuré. Menaces, chantages ou actes de vengeance auraient presque été plus rassurants.
Décidément, il ne comprendrait jamais les femmes.
Un petit rire diabolique chatouilla son oreille et le ramena à la réalité. Le sadisme qui en émanait portait l'inimitable signature du Shinigami…
Duo.
Duo se payait sa tête.
Baka ! Omae o koro…
Il leva les yeux. Et tomba nez à nez avec une Relena hilare, méconnaissable.
- Konnichi wa, Heero-kun, dit-elle avant d'éclater franchement de rire.
* * *
Heero s'approcha du buffet, d'une part pour se servir du punch, ensuite pour être près de Quatre. Ce dernier était le seul qu'il pouvait décemment regarder droit dans les yeux. Les autres étaient devenus… si grands. Trowa et Duo avoisinaient le mètre quatre-vingt, et Wufei n'en était pas loin lui non plus.
Le jeune homme se sentit brusquement honteux. Ils avaient tant changé ! Lui était demeuré sensiblement le même… Bien sûr, il accordait une plus grande attention à ses émotions. Grâce à Kazuo. Il haussa légèrement les épaules. C'était tellement cliché d'être tombé amoureux de son analyste !
Quatre lui lança un drôle de sourire, mi-coquin mi-hésitant. Le pauvre devait déjà danser dans les vignes du Seigneur ; la preuve en était son verre qui ne désemplissait pas. Pas besoin de savoir piloter un Gundam pour deviner la cause de cet état, constata Heero en croisant le regard pensif d'un grand jeune homme brun. Ces deux-là n'y arriveraient jamais tout seuls.
- Ça va, Hee-chan ? Tu n'as pas l'air dans ton assiette. Si c'est à cause de la blague de Relena…
- C'est oublié.
Et ce fut tout. Déjà le regard améthyste se posait sur d'autres personnes (Wufei et ses filles, au hasard). Heero observa à la dérobée l'Américain papillonner d'un pilote à l'autre, échangeant au passage quelques bons mots avec Relena.
Il agit comme si nous nous étions quittés hier. Ou plutôt comme si hier n'avait jamais existé…
Son cœur se serra lorsque Duo se tourna d'un mouvement vif vers le centre de la salle. Il s'était presque attendu à voir la longue natte châtain du jeune homme voler dans les airs, glisser légèrement sur son épaule et venir se rabattre dans son dos en effleurant ses…
- Hey, Wu-bear, mais c'est Sally là-bas !! SAL…
- La ferme, Maxwell ! grommela le Chinois en plaquant sa main sur la bouche de l'ex-pilote. Eww !!
Wufei fit un spectaculaire bond en arrière lorsqu'il sentit la langue de Duo s'insinuer entre ses doigts.
- Tu es vraiment dégoûtant ! dit-il en essuyant frénétiquement sa main sur son pantalon.
- Qu'est-ce qu'il y a, papa ? demanda Mei en attrapant le bas de sa veste.
- Rien du tout, mon cœur, la rassura son père, incapable malgré tout de contrôler la légère rougeur de son visage.
- Hi hi hi ! Pourquoi ne veux-tu pas la voir ? Ne me dis pas que vous n'avez pas dépassé le stade "je suis incapable de me comporter en personne civilisée en compagnie de ma future ex-femme" ! En plus il y a Noin avec elle…
- Justement, marmonna Wufei, si bas que seul Heero l'entendit.
- … et Lady Une ! LES FILLES, ON EST LA !!! hurla l'Américain d'un ton plus que joyeux.
Sally les aperçut la première. Elle leur fit un grand sourire et saisit le bras de Lucrezia Noin pour attirer son attention. Les deux femmes se frayèrent un chemin jusqu'à leur groupe, suivies de près par Lady Une.
- Bonjour mes chéries, dit affectueusement Sally en accueillant ses filles.
Heero remarqua avec intérêt qu'elle n'avait pas desserré son étreinte sur l'ancien officier d'OZ.
Aa… Beaucoup de choses s'expliquent.
- Maman ! Tante Luce ! s'écrièrent les jumelles en s'accrochant à leurs jambes.
- Papa n'a pas été trop grognon ? demanda Sally en caressant leurs soyeuses chevelures noires.
- Bonsoir à toi aussi, Sally. Noin, salua froidement Wufei.
- Chang, répliqua Lucrezia sur le même ton.
- Allons allons les enfants, un peu de modération sinon je vais finir par pleurer ! s'exclama Duo, toujours prêt à fourrer son nez partout.
Plus loin avait lieu un échange tout aussi chargé d'émotions.
- Lady Une, vous portez votre uniforme, constata Relena d'un ton lourd de menace.
- En effet Relena-sama, répliqua Lady Une en croisant les bras. Je suis en mission.
- Vraiment ? Et peut-on savoir en quoi elle consiste ? Ou peut-être est-elle classée top secret ?
- Etant donné que vous êtes trop têtue pour faire appel à Priventa vous-même, j'ai pris sur moi de veiller personnellement à votre sécurité et celle de votre fils.
Les paupières de la ministre s'étrécirent dangereusement.
- Jeffrey vous a contactée ! s'écria-t-elle soudain, folle de rage. Jeffrey, comment avez-vous osé ?
- Mais… Mais… je m'inquiétais ! bafouilla le pauvre homme en remontant désespérément les lunettes qui glissaient sur son nez.
- Pensez au moins à Odin ! tenta de la raisonner Lady Une.
- Mais pour qui me prenez-vous ? Bien sûr que je pense à lui ! Pourquoi croyez-vous qu'il porte un émetteur sur lui 24h/24 ?
L'intéressé haussa un sourcil. C'était donc ça qui n'arrêtait pas de biper, même au milieu de la nuit !
* * *
- Mmh… Je crois que je l'enlèverai quand j'irai en boîte. Ça fait pas terrible sur un ensemble en cuir, marmonna Duo en tripotant sa décoration militaire.
- Bonne idée, acquiesça Lucrezia avec un petit sourire. Il auraient pu choisir un modèle un peu moins vieillot.
- Nous sommes tout à fait d'accord !
Il lança un clin d'œil à la jeune femme.
- Sally et vous, c'est une vraie surprise.
- Duo, je crois qu'on se connaît depuis suffisamment longtemps pour se tutoyer.
- No problemo ! Quand je pense à Wu-chan qui tient encore à m'appeler Maxwell…
L'Américain contempla l'ex-pilote chinois et Sally qui tenaient chacun une petite fille par la main. La cérémonie s'était enfin terminée et les invités, épuisés, s'appliquaient à regagner leurs chambres d'hôtel… avec plus ou moins de succès. Purdy était tellement parti qu'il était entré par la première porte ouverte sans se préoccuper s'il était au bon étage, dans le bon couloir, la bonne chambre… Duo raccompagnait la famille Chang.
- Alors, Sally et toi… commença-t-il d'un ton malicieux.
- Toujours en quête de détails graveleux, hein ?
- Moi qui croyais qu'avec Zechs c'était le grand amour !
- Il n'y a jamais rien eu entre Zechs et moi, protesta-t-elle en levant les yeux au plafond. C'est… c'était mon meilleur ami. Pourquoi faut-il que tout le monde suppose que parce qu'un homme et une femme s'entendent bien, ils sont forcément ensemble ? C'était la même chose pour Treize et Lady Une, Hilde et toi…
- Quoi, Hilde et moi ?
Noin lui jeta un regard sournois.
- Tu ne savais pas ?
- Savoir quoi ? demanda-t-il, de plus en plus agacé.
- Qu'on vous croyait ensemble !
- HEIN ???
- Maxwell, mets-là en sourdine, râla Wufei en se retournant. C'est un hôtel ici, pas un bar !
- Hilde et moi ? murmura Duo, éberlué.
Sally prit dans ses bras la jumelle pendue à sa main et la remit à Wufei.
- Pauvres amours, soupira-t-elle après avoir déposé un baiser sur la joue de la fillette. C'est un peu tard pour elles.
- Je parie que dès qu'elles seront au lit, elles ne voudront plus dormir, marmonna Wufei. Et qu'elles me réclameront à corps et à cris Petit Dragon [1]…
- Qu'est-ce que c'est ? s'enquit Duo, soudain intéressé par le titre.
- Rien du tout, répondit évasivement son ami. Une histoire, un conte que je leur lis tous les soirs.
- Quelque chose me dit que je VEUX entendre ça… ironisa le jeune homme.
Wufei ne perdit pas de temps et s'enferma dans la chambre qu'il partageait avec ses filles. Sally et Noin prirent congé de Duo, lui rappelèrent au passage que l'inauguration du mémorial aurait lieu à 10 h 30, non pas 14 h ni même 16 h, et partirent accomplir leur tour de garde. Pas de repos pour un Preventer, surtout sous les ordres de Lady Une.
Duo enfonça la clé de sa chambre dans la serrure, alluma la lumière et ferma la porte sans un bruit. Le matelas crissa doucement sous son poids. Les yeux rivés sur les moulures du plafond, il glissa ses doigts dans la masse de ses cheveux châtain… et les ébouriffa furieusement en un geste d'ultime frustration. Le plus dur à supporter était cette sensation de légèreté causée par l'absence de la natte. Etait-ce cela qui lui manquait tant ? Non…
- Heerooo ! grogna-t-il, la tête enfouie dans les coussins.
Enfin, sa situation n'était pas la pire. Quatre frôlait le coma éthylique et Trowa s'était dévoué pour le ramener dans sa chambre… si "dévoué" était le terme exact. De toute façon, ces deux-là ne feraient rien ce soir. Mmh, tout cela avait un vague goût de déjà-vu.
Les souvenirs affluèrent dans son esprit endormi.
Huit ans plus tôt…
Un certain mariage…
Le claquement retentissant de la gifle que Noin avait administrée à Zechs…
[1] The Little Dragon, par Lilie the mouse. Vous trouverez cette fic sur ce site : http://gundamwing13.topcities.com/mainframe.html
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