Hikaru No Go Fan Fiction ❯ A toi ma Sumida ❯ Chapter 5
Titre : A toi ma Sumida
Chapitre 5
Rating : PG-13 peut-être
Remarques : Je comptais faire apparaître le meijin durant une demi-page, finalement, il en dure deux et demi. Koyo Toya est un peu OOC, mais je me suis beaucoup amusé à l'écrire, alors j'espère que vous aurez le même plaisir à le lire. Please, R&R.
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Il était une fois de plus assis sur le divan, une pile de kifus entre les mains. Enfin, il avait réussi : le vieux Kuwabara avait cédé sa place.
Lors de la première finale du tournoi, Ogata avait été surpris d'apercevoir des yeux bleus qui le suivaient.
`Ca t'intéresse ?' Avait-il pensé à ce moment. Lorsqu'il était ressorti, Isumi avait disparu. `Hum... Tu joues au difficile ?'
Trois jours plus tard, il était arrivé pour trouver le jeune déjà assis dans la salle de télévision. Il avait souri, `Tu aimes venir me voir jouer ? Tu me flattes. Sais-tu que j'étudie toutes tes parties ? Je te vois progresser, écraser la plupart de tes adversaires. J'étais là lorsque tu as vaincu Kurata et je serais là pour les prochaines. Je t'attends, montre donc ce que tu sais faire.' Il avait compté le voir à la fin de la partie mais Isumi avait de nouveau disparu. Puis le jeune homme avait cessé de venir.
Cela devenait frustrant. Le Judan voulait connaître les pensées d'Isumi. Quel était son avis sur ses parties ? Il se sentait ridicule de désirer cela. Quel intérêt pouvait-il porter au jugement d'un 4ème dan, franchement ! Mais c'était plus fort que lui, il avait besoin de savoir pourquoi le garçon ne venait plus. Avait-il été déçu par ses performances ? Ce serait le comble !
Seiji entra dans le département de go et scruta la pièce. Pas d'Isumi en vue, où pouvait-il bien être ? Pris de doute, il avait scanné le tableau des parties mais Shinishiro n'avait rien eu de programmé. La tension déjà importante qui s'accumulait sur ses épaules s'accrut un peu plus.
`Pourquoi n'est-il pas là ? Me serais-je trompé ? Peut-être que je ne l'intéressais pas, il pourrait s'attaquer à d'autres maîtres. Non, pas possible, il ne serait pas venu assister à mes deux premières finales dans ce cas... Ah ! Et puis je m'en fiche de ce gamin ! Qu'il fasse ce qui lui plaît, après tout !'
Sa partie éclaira son agacement et une déception qu'il aurait voulu oublier. En cinq mois, il s'était habitué au regard bleuté dans son dos, à croiser régulièrement Isumi dans les couloirs de la Nihon-Ki-In, à le sentir le poursuivre. Avait-il rêvé ? Le jeune pouvait avoir été attiré par un autre, il y en avait tellement. Le meijin poursuivait Sai, Ashiwara le meijin, Shindo Akira et ce dernier le fuyait, que venait-il faire au milieu de tout ça ? La pensée que quelqu'un lui courrait après l'avait étrangement stimulé, et il le comprenait : n'avait-il pas utilisé le même principe pour faire progresser son junior ? La sensation de compter aussi fort pour un autre joueur était agréable, rassurante, cela lui donnait une raison de continuer autre que le désir d'être reconnu.
Il découvrait aujourd'hui le vide qui avait envahi le fils du meijin lors du presque abandon de Shindo. Et dire qu'il affrontait Kuwabara le lendemain... Il ferait mieux d'aller dormir et se reposer un peu, mais le sommeil allait sans doute se faire rare, à l'image de la dernière semaine.
Effectivement, il se releva épuisé, se doucha, s'habilla et partit. Comme par hasard, qui croisa-t-il dans le couloir du département ? Kuwabara ! Le vieux singe n'allait pas manquer une telle occasion.
« Hé bien, gamin ? ! Prêt pour notre partie ? Tu m'as l'air bien fatigué, il faut dormir la nuit. »
Ogata ignora le sous-entendu alors que l'Honinbo continuait, « J'ai analysé ta partie de mardi avec Isumi-kun : plutôt pitoyable. Il a trouvé trois ou quatre coups absolument superbes et tu es complètement passé à côté. »
Seiji sursauta imperceptiblement, `Il analyse mes parties avec Kuwabara ? ! Et en plus il se permet de lui donner de quoi me critiquer ! ! !'
« Tiens, Isumi-kun ! Te voilà... » s'exclama le vieux.
Ogata tourna brusquement la tête, croyant à moitié à une blague mais le garçon était bien là, devant eux. Shinishiro salua l'Honinbo avant de se tourner vers lui, « Ogata-sensei, » dit-il humblement.
« Je l'ai invité à observer notre partie, » expliqua Kuwabara, « Cela lui fera un peu d'expérience lorsque viendra pour lui le moment de me défier. »
Seiji ne releva pas cette allusion à sa défaite et regardait simplement Isumi.
`Alors tu me suivais tout de même ! Dis-moi que tu ne couches pas avec Kuwabara où je vais piquer une crise. Non, hein, le vieux , c'est pas pour toi...' Il sourit, entraînant une coloration des joues du garçon, `Tu es vraiment à croquer comme ça. Tu aimes quand je te regarde ? Ca tombe bien parce que moi, j'aime te regarder. J'ai manqué t'en vouloir, sais-tu ? Ne pas venir me voir jouer, j'espère que tu avais de bonnes raisons. Il paraît que tu t'es ris de ma dernière partie. Bien, je ferai en sorte que tu n'aies pas un mot à redire à celle-ci !' Et il entra d'un pas sûr dans la salle.
Kuwabara, ayant vu l'air résolu de son adversaire, commença de douter. Il avait pensé qu'amener Isumi, par qui Ogata ne pouvait décemment pas ne pas se sentir inquiété comme il l'était par Akira, jouerait sur le moral du Judan. De plus, il avait remarqué les regards du garçon sur le blond et un petit coup de pouce au jeune ne pouvait qu'ennuyer Ogata. Bien entendu, il y avait belle lurette qu'il avait compris que si le Gosei était attiré par les beaux garçons, il ne se laissait jamais aller avec eux. Que cette restriction s'applique à tous les hommes ou simplement aux joueurs de go, il s'en fichait, le seul fait important était qu'Isumi soit inclus dans le lot.
A l'inverse, il n'avait pas prévu que l'attirance put être réciproque... Et quand il pensait attirance, il se signifiait pas physique. C'était pourtant ce qui venait de se passer : le blond avait été vexé du commentaire sur sa partie mais la flamme qui s'était allumée dans ses yeux à la vue du jeune était indéniable. Ogata pouvait tromper le monde des pros au grand complet, sauf lui : le sourire n'était pas de ceux que l'on lance pour de la simple drague...
Il grinça des dents. Cela ne se passerait pas comme ça !
Il avait tout de même perdu.
Deux semaines plus tard, le département annonçait la partie imminente entre Isumi et Akira. Ce dernier était alors venu demander conseil à Ogata.
`Puis-je aider Akira ?' S'était demander celui-ci. `Bien sûr, il est mon élève, je ne peux pas refuser ! Mais c'est injuste pour Isumi... Quoiqu'il a Narusawa. Cependant je connais à tous coups plus le style d'Isumi que Narusawa celui d'Akira. Je ne suis pas sûr non plus qu'Isumi ait de toute façon la force de battre Akira. Il est doué mais tout de même...'
En vérité, ce qui le tracassait réellement était plutôt : `Et si Isumi perd ? Renoncera-t-il à me poursuivre ? Non, il a déjà perdu des parties au tournoi Tengen (j'ai mis celui-là, mais si vous en préféré un autre, je vous en prie) et ça ne l'a pas arrêté... Mais ce n'était pas contre Akira, qui est mon élève. Je ne vais pas aller souhaiter qu'il perde, tout de même, ce serait exagéré ! Bon, je vais entraîner Akira et advienne que pourra.'
De là les cernes...
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Le jour fatidique était arrivé. Ogata, le meijin et son fils s'étaient retrouvés devant la Nihon-Ki-In. Ils entrèrent dans la salle et Seiji repéra immédiatement son obsession qui s'asseyait.
« J'ai entendu dire que tu avais joué contre le jeune Isumi, » fit remarquer Koyo Toya.
« Il y a six mois, oui, le lendemain de sa partie contre Ashiwara... » Sa voix s'était éteinte doucement alors qu'il sentait un regard sur lui et se retournait vers celui qui le générait.
Une paire d'yeux bleus le défiait, semblant lui dire « Oui, je suis monté jusqu'à lui mais il n'est qu'une étape. Je monterai plus haut, jusqu'à toi ! »
La partie commença et Ogata fut immédiatement frappé par la fureur dans le jeu du jeune homme. Tout joueur plus sensible qu'Akira aurait déjà abandonné devant la violence des attaques qui semblait ne jamais faiblir. Chaque coup était implacable, brisant des défenses qui n'avaient pas eu le temps d'exister. Akira, habitué à jouer contre son père, tenait bon et tentait lui-même quelques coups offensifs.
Les deux joueurs étaient de force égale et seule leur rage de vaincre pouvait les départager. Le résultat ne laissait alors pas de doute : Ogata avait toujours considéré Akira comme passionné, mais la fureur que plaquait Isumi sur le goban avec chacune de ses pierres dépassait l'entendement. Le jeune homme, pourtant de nature calme, semblait possédé ; une seule pensée l'obsédant : réduire son adversaire à néant !
Les coups d'Isumi se firent plus pressant, si cela était seulement possible. La pause, pendant laquelle Akira pourrait reprendre son souffle, était proche. Ce dernier abandonna.
La tension accumulée dans la salle s'évanouit soudainement alors que Shinishiro relevait la tête, surpris. Seiji l'entendit balbutier un remerciement et le regarda ranger les pierres de ses mains fébriles. Lorsque le garçon fit signe de se lever, il l'imita mais resta figé en le voyant retomber, `Qu'a-t-il ? Il ne se sent pas bien ?'
Le jeune homme se releva et son maître l'emmena à l'extérieur. Cela lui rappela qu'il n'avait toujours pas parlé à Narusawa. Avant qu'il n'ait pu faire un pas, Akira les avait rejoint. Son visage indifférent cachait des yeux légèrement dépités. Ogata lui posa une main sur l'épaule, murmura quelques paroles rassurantes à son junior quant à son jeu - et qu'il pensait réellement ! !- et l'entraîna à l'extérieur d'où fusaient des rires.
Il sortit pour trouver le jeune en compagnie duquel il voyait souvent Isumi plié en deux, Narusawa un sourire aux lèvres et l'objet de ses attentions les mains contre les tempes. Le garçon aux cheveux auburn se pencha vers Isumi et lui toucha le front du dos de la main. Durant un bref instant, Ogata sentit la haine se réveiller au fond de son cœur. Il la renfloua alors qu'Akira se dégageait et s'avançait, échangeant quelques mots qu'il écouta distraitement. Enfin, Shinishiro le regarda. Ses beaux yeux étaient épuisés mais heureux, ses cernes noires témoignaient de sa fatigue et ses joues rouges d'une fièvre grimpante.
`Comment te sens-tu ? Cette partie nous a tous épuisé mais tu as finalement vaincu, comme tu le désirais. Repose-toi maintenant, tu l'as bien mérité, mais ne te relâche pas pour autant car ne crois pas que je te laisserai me rattraper aussi facilement.'
Il vit Isumi détourner les yeux vers son maître qui l'appelait et s'éclipsa.
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« J'eut apprécié avoir été averti à l'avance que cette partie serait une vendetta personnelle, » reprocha le meijin, ses yeux plongeant dans ceux d'Ogata.
Après la partie, ce dernier avait accompagné père et fils chez eux, suite à un ordre silencieux du premier. Akira avait alors été envoyé chercher du thé, ce dont sa mère s'occupait généralement seule, et il s'était rapidement avéré que la confrontation serait inévitable.
Seiji frémit sous le regard de son maître mais ne broncha pas.
« Akira était-il au courant ? » Continua Toya.
« Non, » avoua-t-il piteusement. Il savait qu'il avait tord, il ne s'était pas comporté comme il aurait dû. Quelqu'un de véritablement concerné aurait au moins mentionné à Akira combien Isumi allait s'impliquer dans cette partie ; mais ses désirs personnels étaient venus s'en mêler et l'avaient empêchés de prendre parti pour le garçon. Oui, il n'avait pas voulu risqué de voir Isumi se faire lamentablement éclaté. Etait-ce mal que de le désirer à sa poursuite ? Bien évidemment, ce n'aurait pas été le cas si le jeune homme n'avait pas été aussi mignon, mais on n'envoyait pas balader un tel assemblage de corps et d'esprit, surtout qui persistait à vous suivre. Cependant, même s'il ne regrettait pas son geste, cela ne signifiait pas qu'il n'en avait pas honte.
« Seiji, » poursuivit le meijin, « Quelle est ta relation avec ce garçon ? »
La question était directe, sans broderies ou dilution. Décidément, avoir quitté le monde des pros l'avait bien changé. Connaissant Toya depuis plus de quinze ans, Ogata savait pertinemment que l'homme n'avait en tête que le go mais la sienne s'embarquait déjà dans un délire passionné,
`Ma relation ? Hé bien si vous voulez tout savoir, je le matte physiquement et mentalement dès que j'en ai l'occasion mais cela ne me suffit pas et je le prends dans mon lit chaque nuit, en rêve bien sûr, car cette satané règle m'empêche de le toucher. Ensuite, lorsque je ne supporte plus cette relation purement spirituelle, je m'arrange pour trouver un type qui lui ressemble un peu et je le ramène chez moi en m'imaginant que c'est lui. En clair, je suis complètement obsédé : j'ai besoin d'avoir mon quota de rencontres ou j'ai intérieurement l'air d'un drogué en manque. Cela ne se remarque pas n'est-ce pas ? Je le sais. Vous seriez surpris de tout ce que j'ai fait depuis que je suis devenu votre élève et dont vous n'avez pas idée, ma dernière lubie étant ce gamin, de dix ans mon cadet, et à qui je voudrais faire l'amour, encore et toujours, dans le lit, la voiture, les toilettes, sur le sol, la table, le goban, bref, n'importe où, je m'en fiche. Tout ce que je désire, c'est l'avoir devant moi, nu, tremblant de désir, hurlant son plaisir à pleins poumons alors que je le possède sans relâche. Et puisque le sujet vous intéresse tant, je vais même ajouter que son corps secoué d'excitation, brûlant de fièvre et ses yeux brillant de rage et de résolution lors de la partie ont manqué me déstabiliser complètement. Si j'eut été son adversaire, rien n'eut été moins sûr que ma victoire, malgré notre différence de niveau qui ne cesse de diminuer d'ailleurs. Il est très doué, je suis fier de lui. Après tout, c'est moi qu'il poursuit, il est donc mien. Vous pensez sans doute que je devrais avoir peur, mais non, cela m'excite encore davantage. En ce moment même, je bénis l'ampleur de mon pantalon.'
Telles furent les pensées qui traversèrent son esprit à l'ambiguïté de la question. Haussant les épaules, il répondit « Il a l'air de me courir après. »
Il ne put voir si le meijin était dupe car Akira choisit ce moment pour entrer dans la pièce et détourner leur attention. Cependant, cela ne suffit pas pour faire interrompre son interrogatoire à Toya senior.
« Comment avait-il joué ? »
L'homme semblait au moins s'être calmé, c'était déjà ça. Admettant qu'il ait voulu parler de sa partie avec Isumi, Ogata s'appliqua à la reproduire sur le goban qui trônait au milieu de la pièce. Lorsqu'il eut fini, il observa les réactions sur les deux visages. Rien. Ces masques d'impassibilité lui tapaient sérieusement sur les nerfs. Ce n'était pas comme avec son Isumi, dont il pouvait découvrir les moindres pensées rien qu'en observant les yeux.
« C'est un bon jeu, mais le style est diamétralement opposé à la partie d'aujourd'hui, » se décida enfin à dire le meijin.
« C'était il y a presque six mois, » défendit Ogata, pas tout à fait sûr de ce qu'il cherchait à cacher. Dans un cas normal, et qui n'invoquait donc pas Isumi, comment aurait-il réagi à ce type d'étude ? Colère ? Curiosité ? Désintérêt ? Mince... Pas moyen d'imaginer. Il était tellement pris par ses pensées depuis l'année précédente qu'il en avait oublié comment agir sans la présence d'Isumi. Il opta pour un léger amusement.
A son tour, Akira prit la parole. « Isumi-san ne m'a pas paru dans son état normal. Lorsque je l'ai regardé alors que la partie commençait, ses yeux étaient, comment le décrire ?, à la fois fixes et ailleurs, déterminés mais presque effrayés. Maintenant que j'y repense, je dirais que ce n'était pas la colère qui le faisait jouer mais la peur. Je ne saurai pourtant expliquer pourquoi. » Son regard s'était perdu dans le vague alors qu'il parlait, semblant découvrir ce qu'il n'avait pas vu alors.
« Seiji ? »
Par tous les dieux du go, Toyo ne lui lâcherait donc pas les basques ! L'homme semblait fermement décidé à lui tirer les vers du nez et n'avait visiblement pas gobé son mensonge par omission.
« Bien ! » Il retira ses lunettes et se frotta les yeux d'exaspération. Quitte à tout révéler, autant ne pas perdre sa dignité en continuant un combat qu'il avait perdu d'avance. « Que voulez-vous savoir ? »
Un infime sourire passa sur les lèvres du meijin. Décidément, faire craquer Ogata avait toujours été et resterait à jamais une épreuve de force. Et pourtant, celui qu'il considérait comme un fils s'était assagi ; quelques mois auparavant, un tel interrogatoire se serait terminé à coups de répliques cinglantes et lui-même, à bout de nerfs, aurait chassé le blond de chez lui, avec toutefois la ferme intention de le laisser revenir dès la moindre occasion.
Dans un certain sens, il aimait cette enveloppe de glace qu'il avait forgé autour de son propre corps, malgré que celle-ci garda son fils légitime plus éloigné de lui qu'il ne l'aurait désiré. Combien de fois les particules de son esprit lui avaient-elles assemblé les pierres de ses indices sur un goban imaginaire, lui révélant ce qu'il aurait préféré ignorer, et combien de fois son calme lui était-il resté, faisant comme s'il n'avait rien démêlé de ce qu'étaient les vies complexes de ses deux enfants ? Entre Seiji et son goût invétéré pour les beaux garçons - Ashiwara notamment, qui semblait ne s'être rendu compte de rien- et Akira avec son obsession pour le jeune Shindo, ha ça oui ! Il en avait fait des découvertes ! Des rouges, des vertes et des pas mûres, même. Dernière en date : Isumi. Il ne l'avait pas vue venir celle-là, même si les fortes modifications dans le caractère d'Ogata lui avaient laissé supposer qu'il se tramait encore quelque chose dans son dos.
Koyo regarda le blond se frotter les yeux et Akira les observer sans comprendre. Les muscles de ses joues le titillaient fortement et il se retenait de ne pas éclater de rire. Non, vraiment, ce ne serait pas sérieux. Depuis combien de temps n'avait-il pas ri, d'ailleurs ? Beaucoup, c'était tout ce qu'il pouvait répondre. Et cela le démangeait fortement. Bon sang, mais le croyaient-ils tous stupide ? Comment aurait-il pu ne pas faire attention à son fils alors que celui-ci cherchait refuge auprès de Shindo dès la fin de sa partie ? Et Ogata, avec ses `conversations visuelles' qui soit disant passaient inaperçues ? Il les regarda une fois de plus. Seiji avait remis ses lunettes et ils attendaient tous les deux, les yeux braqués vers lui, sûrement en train de se demander s'il avait tout à fait recouvré la santé après son arrêt cardiaque. Peut-être les médecins avaient-ils négligé de tester le cerveau ? Sa gorge fut prisme de spasmes qu'il ne contrôlait plus, son esprit générant à une vitesse folle tout ce qu'il savait et qu'il leur avait caché et un rire brisa le silence de la pièce. La main devant la bouche, il riait comme un enfant qui a découvert un secret et s'évertue à vouloir le montrer à tout le monde, sans toutefois leur dire ce que c'est.
Au bout d'un instant, il se reprit en main et rouvrit les yeux qu'il avait fermé de bonheur. Deux paires de globes lumineux lui faisaient face. Cette fois-ci, il ne se retint pas du tout et un fou rire résonna dans la maison japonaise. Ha ! Ca faisait du bien de se laisser un peu aller, surtout aux frais de ces deux garnements. Ce fut seulement lorsque sa femme fit glisser un panneau et passa la tête dans l'entrebâillement qu'il songea à s'arrêter.
« P... Papa, tu te sens bien ? » Balbutia finalement Akira, pas tout à fait certain de la réponse qu'il allait recevoir. Les regards de Seiji et d'Akiko signifiaient mot pour mot la même chose. D'où il se trouvait, il pouvait les entendre penser tous les trois `Ca y est, une veine du cerveau s'est fait la malle.'
Souriant à moitié, il se retourna vers sa femme et la rassura sur son état. Elle repartit, pas convaincue. Cela le laissait avec ses grands enfants.
« Une explication serait de rigueur, » suscita-t-il d'Ogata, se demandant s'il devrait répéter vu l'état d'abrutissement total que les deux garçons semblaient avoir atteint.
Seiji cligna des paupières, parut enregistrer la demande et se racla la gorge avant de se lancer, « Oui, je savais que cette partie comptait beaucoup pour Isumi. Je ne t'ai pas prévenu, je suis désolé. » Le petit intermède du rire lui avait assez ralenti le cerveau pour que l'excuse passe sans trop de mal.
A peu près même réaction de la part d'Akira : « Oh... Ce n'est pas grave, je n'aurais jamais imaginer qu'il put jouer aussi violemment de toute manière. »
Réconciliés là où ils ne s'en étaient jamais voulu, ils le prirent alors pour cible, « La même remarque pourrait s'appliquer à vous, » attaqua Ogata.
« Quoi ? Vous me reprocher toujours par derrière de ne pas être assez décontracté, vous n'allez pas vous en plaindre maintenant ? » Répliqua Toya. Cela leur cloua le bec. Et toc ! C'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire la grimace ! Non mais ! Pour qui se prenaient-ils, ces gamins ?