Other Fan Fiction ❯ L'émeraude cachée ❯ Esteban, le fils du Soleil et Emeralda, la fille des Ténèbres ( Chapter 1 )
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LES MYSTERIEUSES CITES D'OR
L'EMERAUDE CACHEE
Avertissement : Aucun copyright de ce qui suit ne m'appartient. Seule Emeralda est ma propriété.
Notes : C'est partit. J'ai imaginé une redite des mystérieuses cités d'or, un nombre incalculable de fois. En faisant varier les protagonistes ou en faisant intervenir d'autres personnages. Je me suis maintes fois imaginé partager les aventures d'Esteban, Zia et Tao. Maintenant, c'est au tour d'un de mes avatars de se faire la main. Souhaitons lui bonne chance.
Chapitre 1 : Esteban, le fils du Soleil et Emeralda, la fille des Ténèbres.
Nous sommes en 1532 à Barcelone en Espagne. Une pluie drue s'abat sur la ville forçant les habitants à l'abri de leur maison. Du moins presque tous.
« Esteban ! Esteban, ou vas tu ? Tu vas être trempé ! » Le moine de la cathédrale de Barcelone qui parle essaye de raisonner un jeune garçon vêtu d'une robe de bure bleue et chaussé de sandales qui vient de descendre les marches en courant.
« Ne vous inquiétez pas, je reviens tout de suite. » Et prompt comme l'éclair le garçon court vers les ruelles proches.
Le moine secoue la tête. « Seigneur, faites que les chagrins de la vie lui soit épargnés et heureusement qu'il ne se doute pas à quel point le Père Rodriguez est malade. »
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Le jeune garçon qui court dans les rues de Barcelone s'appelle Esteban. C'est un garçon de 12 ans, à la chevelure brune et aux yeux noirs pétillants de vie. Malheureusement c'est sans compté avec la pluie et le voilà qui glisse le long d'une ruelle en pente.
« Ouah ! Aaaah ! Ah ! » Heureusement, un mur l'arrête sans trop de dégâts. Sa vivacité naturelle le remet sur pied mais alors qu'il s'apprête à repartir, un rire léger le stoppe et lui fait lever la tête.
Semblant jaillir du sommet du mur, une tête observe de ses yeux verts avec joie le jeune garçon en dessous. « Alors Esteban. Encore en vadrouille ? » D'un coup de rein, la silhouette se détache du mur et atterrit avec légèreté devant Esteban.
« Oh ! C'est toi Emeralda ? » Devant Esteban se tient une jeune fille de son âge. Elle est vêtue d'une jupe rapiécée et effrangée de couleur brune et d'une chemisette blanche. Un châle noir bordé de fleurs rouge orangées lui ceint les épaules, des brassards de cuir noir enserrent ses avant-bras et un foulard bleu foncée tente de protéger sa longue chevelure noire de la pluie. Elle est nu-pied et ses yeux d'un incroyable éclat vert émeraude contemplent avec amusement le jeune garçon.
Esteban rie et entraîne par la main sa camarade vers un des lieux qu'ils préfèrent : une petite taverne du dédale de Barcelone près du port. Les deux enfants se connaissent depuis la tendre enfance. La jeune fille, abandonnée et éduquée à la dure dans les rues, s'est liée d'amitié avec le jeune protégé de la cathédrale. Cette amitié lui a permis d'éviter les pièges de la faune sombre de Barcelone et elle s'est jurée de protéger son ami envers et contre tout.
Avisant un tonnelet, nos deux amis se dépêchent de le faire rouler vers la fenêtre qui est la plus au fond de la gargote et d'y grimper. A l'intérieur une douzaine de marins boivent et tournent leur attention sur un autre marin brun de taille moyenne, un peu maigre avec un collier de barbe. Il est accompagné d'un autre marin roux plus petit mais nettement plus enveloppé avec un bonnet rouge. Profitant de l'inattention collective, les deux enfants s'introduisent en douce dans la taverne. Esteban, d'un geste automatique remet un médaillon doré en forme de croissant à l'intérieur de sa robe de bure.
« Ecoutez-moi tous. J'ai une affaire à vous proposez. Une excellente affaire. Sancho et moi, nous partons demain pour le nouveau continent à bord de l'Esperenza à la recherche d'une ville toute en or. »
« Une fafa…une fafa…fabuleuse viville toute en or. » bégaye Sancho.
« Dans cette ville tout est en or. Les rues, les maisons, les toits des maisons, absolument tout. » Interromps son compère.
« Y a…y a des rurues en or. »
La masse des marins rient levant leur choppe devant les deux bonimenteurs. « Y a des rues en or ? Ah ah ah ah ah ! »
« Dis donc Pedro dans ta ville fabuleuse si la bière aussi est en or. Ca doit être gênant quand on a soif, non ? » La gargote entière éclate de rire devant la mine déconfite de Sancho et Pedro.
« Non, attendez. Ecoutez-moi, c'est sérieux. Il s'agit pour vous d'investir votre argent pour nous aidez à financer l'expédition. » Sous le regard amusé d'Esteban et d'Emeralda, perchés sur les barriques de réserve, Pedro tente de reprendre l'intérêt des marins.
« Oui ! Pour nous zai…zai…aider. »
« Vous récupèrerez votre mise de départ multiplié par cent ou même peut-être par mille. »
« Ou…ou mê…même par cencent ou…ou même papar beau…beaucoup. »
« Et dans deux ou trois ans, quand l'Esperenza reviendra à Barcelone, ses cales seront littéralement bourrées d'or. Elles seront pleines à craquer, vous m'entendez ? Jusqu'en haut du mat, il y aura de l'or. » Pedro tente d'intéresser quelques marins perdus dans les brumes de l'alcool.
« Je préfère bien boire et bien manger avec ce que j'ai plutôt que de rêver devant mon verre vide à mon or que je ne reverrais jamais. » Réplique un marin semblant se réveiller de son sommeil d'ivrogne.
« Oui ! Oui ! Bien parlez. Il a tout à fait raison. » Renchérit un autre, déclenchant une autre vague de rires.
A ce moment, la porte de la taverne s'ouvre et un groupe de trois hommes bien vêtus entrent. L'un d'eux, portant une barbe grise s'adresse aux marins. « Mes amis. Avez-vous vu Esteban aujourd'hui ? Je le cherche partout. »
La masse des marins répond par la négative. Pedro en profite. « Au sujet de notre affaire, hein ? Au sujet de tout cet or… »
« Je sais qu'Esteban vient ici souvent écouté les récits de vos voyages. » Poursuit l'homme à la barbe grise.
« Il pleut depuis si longtemps sur notre ville. » Commence un vieux marin.
« Le fils du Soleil doit faire quelque chose. » Poursuit un marin blond.
« Quoi ? Quel fils du Soleil ? Mais de qui parle-t-il ? » Interroge Pedro.
« Mes amis, c'est très important. La fête en l'honneur du départ de la flotte va avoir lieu et lui seul peut nous aider et vous le savez. »
« Esteban ! Oui ! Il a raison. Demandons lui d'appeler le soleil. Esteban sait le faire venir. »
« Notre bonne ville de Barcelone est prête à offrir une récompense à celui d'entre vous qui lui permettra de retrouver le jeune Esteban. Une récompense d'une pièce d'or ! »
Sous l'appât du gain, l'ensemble des marins se lève prêt à partir à la recherche de la poule aux œufs d'or. « Et mais… mais attendez. Qui est ce mystérieux Esteban ? » Demande Pedro à un marin moustachu.
« C'est un orphelin qui a été élevé par le père Rodriguez, le Père Supérieur de la cathédrale. Il est souvent accompagné d'Emeralda, une jeune fille des rues aux yeux verts. »
« Décidément, je n'y comprends rien. Sancho, tu as entendu ? »
« U…une piè…pièce… »
« Attendez-nous hé ? Attendez-nous. Une pièce d'or… » Le regard brillant, les deux compères suivent la masse des marins à l'extérieur de la taverne.
Accoudé au comptoir, un grand homme brun de belle prestance avec une cape bleu et une rapière au coté, se sert un verre de vin. « Ah ! Ah ! Ah ! Une pièce d'or. Vous pouvez sortir de votre cachette, petits. Il ne reste plus que vous et moi. » L'homme se retourne vers les barriques du fond d'où s'extrait le jeune Esteban qui se dirige un peu inquiet vers le comptoir.
« Voici donc le fameux Esteban, le fils du Soleil. Et ta camarade ? » Sourit-il.
« Juste ici. » L'homme sursaute et se retourne. Emeralda lui sourit, semblant s'être matérialisé sur le tabouret à la gauche de l'homme. Il cligne des yeux, la distance franchit par la jeune fille ne comportant pas de possibilités d'éviter de se faire repérer. Il se demande bien comment elle a fait.
« Comment saviez-vous que nous nous étions cachés là-derrière ? » Demande Esteban.
« Je vous ait vu, ce n'était pas difficile. Vous étiez perchés sur votre tonneau et vous écoutiez ce que les hommes racontaient. »
« Vous allez me livrer pour gagner cette pièce d'or ? »
« Te livrez ? Moi ? Ah ! Ah ! Ah ! Non, rassure-toi mon garçon. Je n'en ai pas l'intention. Ahahahahahah ! Je ne te trahirai pas, en encore moins pour une misérable pièce d'or. » Ca n'était pas une phrase pour rassurer Emeralda. Cela sous-entendait que cet homme avait un prix. Elle se promit de garder un œil sur lui.
« Cette ville d'or dont ils parlaient. Vous croyez qu'elle existe vraiment ? »
« Ouais, elle existe ! »
« Et est-ce que vous savez ou elle se trouve ? »
« Oh. Si seulement je pouvais le savoir. L'ennui, c'est que personne n'a jamais réussit à … Quoi ? » L'homme s'interrompit et tourna ses yeux bruns sur le croissant doré qui dépassait de la robe de bure d'Esteban. « Quoi ? Est-ce que c'est toi… » Il tendit la main vers le jeune garçon qui s'esquivât. Renversant les rôles, Emeralda attrapa la main de son ami et l'entraîna vers la sortie.
« Attendez ! Esteban ! Attends ! » Trop tard, l'homme assista à une démonstration de l'agilité prodigieuse de la jeune fille qui non seulement entraînait le garçon vers la sortie mais rattrapa bien avant avec son pied une bouteille renversé par Esteban.
Les deux jeunes enfants disparurent dans la rue. « Tout à l'heure, quelqu'un à parler du Père Rodriguez, le supérieur de la cathédrale. »
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A la cathédrale, le moine qui pourchassait Esteban entre dans une chambre avec une bassine et un linge. Sur un lit, un vieil homme gît, agonisant. « Père Rodriguez. Reposez-vous, Père Rodriguez, surtout ne vous agitez pas. Ne vous inquiétez pas, tout le monde est partit à la recherche du petit Esteban. »
« C'est bien, il faut lui pardonnez. C'est un jeune garçon plein de vie, il a besoin de se dépenser. »
« C'est vrai, il est turbulent, mais si affectueux. »
« Je dois parler au petit Esteban et à la jeune Emeralda. Je dois absolument leur parler avant qu'il ne soit trop tard. Oh, Esteban ! Emeralda !
« Calmez-vous. »
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Dans une rue, un jeune chiot aperçoit un spectacle peu ordinaire. Un sac déambule, guidé par une jeune fille au visage dissimulé par un foulard. Il bondit de son abri et commence à aboyer autour du curieux assemblage.
« Hein ? Qu'est-ce que c'est ? » Se retenant de rire, Emeralda regarde son ami danser à l'aveuglette et fuir en percutant les murs dans sa tentative d'échapper à l'animal. Finalement, le chiot parvient à attraper le sac et à faire chuter le jeune garçon.
« Arrête ! » Demande Esteban. Emeralda rit de bon cœur devant le spectacle du chiot qui content d'avoir découvert ce que cachait le sac se met à lécher le visage d'Esteban. « Arrête, tu me chatouille ! »
Hélas, les rires des deux amis attirent l'attention. « Le voilà ! Esteban ! Esteban ! » Guidé par l'homme à la barbe grise, un groupe de marins foncent à la poursuite des jeunes enfants. Profitant de leur taille, Emeralda guide son ami dans une ruelle étroite provoquant un joli engorgement de leurs poursuivants. « Esteban ! Emeralda ! Attendez-nous ! Revenez ! »
« Les voilas ! » Coincés entre deux groupes sur une rue montante, les deux amis escaladent un mur.
« Esteban ! Descend tout de suite ! » Tempête l'homme à la barbe grise.
« Oh Hé ! Montez donc me chercher ! Hé ! » Avec horreur Emeralda, déjà de l'autre côté du mur, voit son ami danser la gigue et regarder en bas de la hauteur. « Oh ! J'ai le vertige ! Oh ! » Esteban oscille et sautille le long du sommet du mur sous le regard inquiet de la foule.
Emeralda ne peut intervenir de peur de faire tomber son ami. « Attention Esteban ! »
Un paquet d'eau frappe au visage Esteban et le fait chuter dans les bras de la foule. « Qui m'a arrosé ? C'est toi ? Tu n'es qu'un lâche ! »
Au sommet du mur, l'homme à la cape bleu contemple son œuvre, un seau à la main. « Eh bien, Esteban, on dirait que tu n'est pas heureux de participer à la fête du port. Ah ! Ah ! Ah ! »
« Non ! Laisser moi ! Lâcher moi ! Vous n'avez pas le droit ! Mais lâchez-moi ! » Rien à faire, la foule emporte le jeune garçon vers son destin.
Au sommet du mur, l'homme sent un léger contact dans le dos et soudain, il chute vers la rue et se reçoit sur le ventre. « Ouah !!! Ouffffff !!! » Il se retourne et regarde éberlué Emeralda qui s'éloigne en sifflotant toujours au sommet du mur comme si elle se trouvait au niveau du sol.
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C'est la fête dans le port. Des pétards éclatent de partout. Les habitants se pressent le long des rues pour voir une curieuse procession passer. Le jeune Esteban passe, vêtu d'une mitre dorée et d'une robe blanche encombrante, dans un palanquin porté par quatre hommes et dirigé par l'homme à la barbe grise. La foule acclame le garçon et réclame qu'il fasse apparaître le soleil.
« Vous êtes tous complètement fous. Comment pouvez-vous imaginer que je peux faire apparaître le soleil. » Se cachant dans l'ombre de la foule, Emeralda accompagne son ami, se demandant ce qu'elle pourrait faire pour l'aider.
« Voyons Esteban, je t'en supplie, sois raisonnable. Sa majesté la Reine elle-même est à son balcon. » En effet, la Reine d'Espagne et deux dames de compagnie s'agenouillent pour prier que la pluie cesse.
`Vous pouvez toujours prier. C'est pas ça qui fera venir le soleil.' Pense Esteban. Derrière la Reine, se démarque une toute jeune fille avec des bracelets d'or, aux yeux et aux cheveux noirs retenus par un bandeau doré et vêtue d'une robe orange bordé de rouge de coupe étrangère.
`Zia.' Pense Emeralda. Enfant de la rue, toujours au courant de beaucoup de choses en laissant traîner son oreille où il faut, Emeralda a entendue parler de cette jeune étrangère du nouveau continent, offerte en cadeau par Pizarro à la Reine. `Comme ci un être humain était un objet.'
Dans la foule, deux hommes observent également le balcon royal. « Regardez là bien, commandant Perez, voici la jeune fille dont je vous ait parlé. » L'homme qui parle est grand, aux cheveux gris, avec une barbiche et porte une armure d'officier espagnol.
« Oui, vous avez raison, seigneur Gomez. C'est la petite Zia, on dit qu'elle est capable de comprendre les signes des Incas. » L'homme qui lui répond est brun, petit et gros.
« Le gouverneur Pizarro compte beaucoup sur vous. »
« Mendoza s'occupe de tout, votre plan sera suivit scrupuleusement. »
« Hum… Mendoza. »
« Oui, c'est le type d'homme idéal pour ce genre de travail, seigneur Gomez. Pour de l'or, il ferait n'importe quoi. »
Un cri d'horreur leur fait détourner le regard sur un grand mat planté sur le quai du port et où un palanquin est levé au moyen d'un treuil par un groupe d'hommes. « AH ! NON ! NON ! ARRETER ! MAIS ARRETER ! NON ! NON ! J'AI LE VERTIGE ! LAISSER MOI DESCENDRE ! C'EST TROP HAUT ! J'AI PEUR ! LAISSER MOI REDESCENDRE ! JE VEUX DESCENDRE ! J'AI LE VERTIGE ! NON, FAITES MOI REDESCENDRE ! AAAAHHHH !!! AAAAHHHH !!! »
`Oh ! Seigneur !' Emeralda secoue la tête en contemplant le résultat de la demande de la foule. `Comment ne peuvent-ils se rendre compte qu'ils ne font qu'augmenter son problème de vertige.'
« Esteban, je t'en prie, sois gentil. Appel le soleil ! » Crie l'homme à la barbe grise. Demande reprise par l'ensemble de la foule.
Au milieu de celle-ci, Mendoza regarde avec attention le jeune garçon. `Allez, Esteban.'
« Non, je ne veux pas, je veux qu'il pleuve encore plus ! De la pluie, des seaux, des tonneaux de pluie ! Je veux que la pluie ne s'arrête jamais ! » Semblant répondre à Esteban, l'orage se déchaîne et des éclairs tombent. Le vent se met à souffler. « Faîtes moi redescendre ! Dépêchez-vous, la foudre va me tomber dessus ! » La mitre d'Esteban tombe dans le vide et son vertige le cloue à nouveau au fond du palanquin. Et c'est le miracle.
Le soleil perce et réapparaît juste à la verticale du mat. « Oh ! Regardez ! Les nuages se dissipent ! Le soleil est revenu ! Il a réussi ! » La foule se réjouie en contemplant le prodige.
« Je ne comprends pas. » Esteban regarde abasourdi le soleil et les nuages qui se dispersent rapidement.
`Je sais, Esteban. Moi non plus, je ne comprends pas. Même si je SAIS sans même devoir te regarder que l'origine de ce phénomène vient de toi, et de toi seul.' Sous un rayon de soleil qui illumine son regard émeraude, Emeralda regarde impassiblement son meilleur ami. Depuis leur première rencontre, elle s'était découverte un `sens' qui se manifestait à chaque fois qu'Esteban appelait le soleil.
Soudain, un cri dans la foule. « Faites le redescendre vite ! Le père Rodriguez est au plus mal ! »
« Quoi ? Oh ! Non ! Le père Rodriguez ! » Mais le vertige est le plus fort et Esteban s'effondre à nouveau en se cachant les yeux.
`Oh, non ! Seigneur, je vous en prie, non ! Pas lui ! Pas le père Rodriguez !' Emeralda palie en entendant la nouvelle et une main lui serre le cœur.
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Mendoza s'approche en catimini d'une chambre de la cathédrale et commence à écouter ce qui s'y passe.
« Père ! Oh, Père ! » Dans la chambre, Esteban est agenouillé auprès de celui qui l'a recueilli et élevé. A côté de lui, Emeralda a du mal à retenir ses larmes en contemplant le visage agonisant de son mentor qui l'a arraché aux dangers de la rue. Silencieux, trois moines prient pour le départ proche de leur supérieur.
« Esteban, et tu dit que la pluie a cesser. »
« Oui, même Emeralda en a été le témoin. »
« Esteban, je l'ai toujours su, vois-tu mon petit, tu n'es pas un enfant comme les autres enfants, au même titre que ton amie. »
« Père, je ne comprends pas ce que vous dîtes » Esteban regarda intensément celui qu'il considère comme un vrai père.
« Esteban, je dois te révéler un grand secret avant qu'il ne soit trop tard. Vous deux, écoutez bien ce que je vais vous dire. Il y a douze ans de cela, Magellan revenait d'un voyage autour du monde. Alors que son escadre traversait l'Océan Pacifique, une tempête les surpris… »
A ces mots, Mendoza se retrouva plongé dans un passé vieux de douze ans.
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« Regardez là-bas, un bateau est en train de sombrer. » A quelques encablures de la flotte, un navire aux formes étrangères sombrait doucement.
« Y a un homme à bord ! » En effet, un homme tenant un bébé dans ses bras se signalait aux marins espagnols.
« Il faut le sauver ! »
« Ca n'est pas possible ! Nous avons déjà du mal à maintenir notre cap ! »
« Ha ! Il y a quelqu'un qui vient de se jeter à la mer ! » Un jeune Mendoza, ceint d'un cordage, plongeait dans l'océan déchaîné.
« Mais ? Qui est assez fou ?! »
« Je ne sais pas ! » Mendoza réussit à atteindre le navire, l'homme lui remit le bébé hurlant mais hélas, une vague submergea le groupe alors que Mendoza lui tendait la main.
`Le marin qui s'était jeté à la mer ne put sauvé l'homme, mais il ramena le bébé. Ce bébé, Esteban, c'était toi. Une fois à bord, Magellan te pris dans ces bras. Et alors, un miracle se produisit. Semblant obéir à ton sourire, la tempête se calma et le soleil réapparut.'
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Mendoza contemplait une médaille d'or dans sa main. `C'est lui, je l'ai retrouvé.' « Il n'y a plus de doute possible. C'est bien le même enfant. »
« Esteban, mon enfant. Dieu t'a donné une puissance mystérieuse. Cette puissance, mon petit, tu dois t'en servir… pour aider ceux qui en auront besoin dans un monde… nouveau… n'oublie jamais… Emeralda, veille bien… sur lui comme tu l'a… toujours fait… J'en sais moins sur ton… pouvoir, mais je… sais qu'il… est lié à… celui… d'Esteban… Continue ce que tu as… commencé… aahh… »
Sur ces mots, le Père Rodriguez expira sous le regard de ces deux protégés. « Oh. Oh ! Mon père ! PERE ! » Pleurant Esteban se rua sur la sortie, Emeralda contemplait le corps mortel du seul adulte lui aillant manifester de la gentillesse et de la bonté sans rien exiger en échange. A l'extérieur, Mendoza s'éclipsa pour ne pas être surpris par le jeune garçon en larmes.
Aveuglé par son chagrin, Esteban courut au sommet du clocher et plongeât son regard sur Barcelone avant de s'effondrer sur le parapet. « Oh, Père ! Qu'est-ce que je vais devenir ? »
« Esteban ? Esteban ?! » Séchant ses larmes, Esteban se retourne et contemple l'homme à la cape bleue.
« N'aie pas peur. Je m'appelle Mendoza. Le moment est venu, Esteban, de prendre la plus grande décision de ta vie… Le moment est venu pour toi de quitter Barcelone… Ton père était plus brave. Il n'aurait pas hésité. »
« QUOI ?! Alors, vous connaissiez le Père Rodriguez ? »
« Non ! Ton vrai père. Celui qui te tenait dans ses bras quand un marin t'a sauvé du naufrage. Ce marin… C'était moi. »
« Oh ! » Mendoza sort une pièce de sa besace.
« En voici la preuve. »
« Ca alors ! » Mendoza attrape le médaillon en forme de croissant d'Esteban.
Il emboîte la pièce dans le croissant. Elles s'ajustent parfaitement, formant un médaillon complet. « Regarde. Ceci est l'autre moitié du médaillon que tu portes depuis ton enfance. Je n'en avais pas le droit mais je l'ai pris après t'avoir sauvé. »
Esteban essaye de reprendre le médaillon. « Hé ! Hé ! Et là doucement, jeune homme. Je ne peux pas te le rendre comme ça. »
« Mais ? Il est à moi ! »
« Depuis dix ans, je me suis renseigné sur ce pendentif. Et maintenant, je suis certain qu'il provient de ces mystérieuses cités d'or. »
« Les mystérieuses cité d'or ? »
« Oui, mon garçon. Je crois même que ton père et toi veniez d'une de ces cités là-bas dans ce nouveau monde à l'ouest au-delà des océans… Alors, est-tu prêt à prendre cette décision ? Est-tu prêt à partir avec moi Esteban ? »
« Mais, pour allez où ? Je ne sais pas où elles sont ces cités d'or. »
« Personne ne le sait, mon garçon. Nous serons peut-être les premiers à le découvrir. »
Esteban reste pensif. « Et puis, je t'ai dis que ton père avait disparu au cours de la tempête pendant laquelle je t'ai sauvé la vie. Mais rien ne dit qu'il n'ait pas réussi à survivre. »
« Comment ? Vous croyez vraiment que mon père est vivant ! »
« Il vit ? Peut-être ? Quelque part au-delà de ce vaste océan ? Vois-tu, je suis le navigateur de la flotte du gouverneur Pizarro. Nous appareillons demain pour le nouveau monde. Si tu le veux, je peux m'arranger pour t'embarquer avec moi. Si tu te sens assez courageux pour affronter cette traversé, nous partirons dès demain ! »
« Comment ? Partir dès demain. »
« Souviens-toi de ce que le Père Rodriguez t'a dit. Tu possèdes une certaine puissance dont tu dois te servir pour aider les autres dans un monde nouveau Esteban. Je t'attendrai ce soir sur le port. »
« Si il vient, il ne sera pas seul. » La voix fait sursauter Esteban et Mendoza qui se retournent. Assise nonchalamment sur le haut du clocher, les yeux encore rouge d'avoir pleurée, Emeralda regarde pensivement les deux males. D'un coup de rein, la jeune fille se laisse chuter et atterrit devant eux.
« Si Esteban part, je l'accompagne. » La voix est forte, sure d'elle et ne laisse aucun moyen de répliquer.
Mendoza cligne des yeux. « Un voyage en mer n'est pas une partie de plaisir… »
« Je sais. Mais le Père Rodriguez a également dit que mon don est lié à celui d'Esteban. » Elle sourit. « Et puis, je peux me rendre utile autrement dans cette quête des mystérieuses cités d'or. »
Elle s'avance, contemplant Barcelone et tourne le dos à Mendoza. « La partie centrale du pendentif. Cachez-la sur vous. »
Médusé et curieux Mendoza prend le pendentif dans sa main. « Main droite ! » Il s'arrête à l'exclamation de la jeune fille puis prends la pièce dans son autre main. « Main gauche ! » Piqué au vif, Mendoza alterne rapidement l'emplacement du médaillon. « Droite ! Gauche ! Besace ! Gauche ! Poche gauche pantalon ! Parapet ! »
Pas une seule erreur ou hésitation. « Comment fais-tu ? Une ou deux fois, peut-être ? Mais, pas à chaque fois. »
Emeralda se retourne. « Je l'ignore. Je sais seulement que j'ai toujours su ou se trouvait précisément Esteban ou sa médaille. Le Père Rodriguez comptait toujours sur moi pour le retrouver quand il partait seul de son coté. La médaille que vous lui avez prise m'est également perceptible. »
« Ah ! C'est pour ça que tu gagnais tout le temps à cache-cache. » Esteban regarde dégoûté son amie qui rit.
Emeralda regarde droit dans les yeux de Mendoza. Elle n'a souvent que trop vu ce genre de regard qui s'enflamme à la seule évocation du mot `or'. « Si ce médaillon est lié au cités d'or, alors je suis capable de repérer d'autres objets qui y sont liés. Je serai aussi utile qu'Esteban dans cette expédition. Alors ? »
Mendoza pris sa décision. « Très bien jeune fille. Si tu viens également ce soir sur le port, tu partiras aussi pour le nouveau continent. »
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Dans la chambre funéraire, les deux enfants prient devant la dépouille mortelle du Père Rodriguez.
« Adieu mon Père, tu n'a plus besoin de moi ici. » Esteban déterminé a pris sa décision. Il se tourne vers Emeralda.
« Adieu Père Rodriguez, votre enseignement restera dans mon cœur à jamais. Mais là ou va Esteban, je le suis quelque soit le danger. »
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Sur le quai près de l'Esperenza, Mendoza attend. « Toujours rien. Ils ne viennent pas. Et dans quelques heures, ce sera l'aube. »
Soudain quelque chose le fait se retourner vers la rue. « Hein ? » Jaillissant de la pénombre, Esteban court vers le port. Il est vêtu d'une chemise blanche, d'un pourpoint rouge, d'un short brun, de chausses blanches et de chaussures de cuir. Il est suivi, comme une ombre, par Emeralda qui porte une sacoche de cuir en bandouiller.
Mendoza regarde souriant Esteban, essoufflé, et sa compagne, en pleine forme. « Vous avez pris la bonne décision, les enfants. » Puis il siffle et un filin est lancé du haut du château de poupe. Mendoza attrape la corde puis l'assure. « Allez-y ! Grimper ! »
Esteban saute et grimpe en singe jusqu'au sommet ou Sancho et Pedro l'aide à prendre pied. Juste derrière lui et sous le regard amusé de Mendoza, Emeralda saute et monte la corde en funambule sans aucune difficulté ni assistance. Puis c'est au tour de Mendoza qui avec agilité saute le long de la coque pour se rétablir au sommet de la poupe.
« Ca vas. Tout le monde dort à poings fermés. » Dit Pedro.
« Y aura quaqua qu'un cacanon poupour les réveiller » Renchérit Sancho.
« Hier soir, nous leur avons distribué assez de vin pour qu'ils dorment profondément. » Explique Mendoza, puis il agrippe une lanterne. « Allez, suivez-moi les enfants. »
« Oui. »
« Aucun problème. »
Doucement, Mendoza les escortent au fond de la cale. « Nous allons appareiller dans quelques heures. Rester ici. Après notre départ, je viendrais vous chercher. On ne pourra plus vous débarquez. »
« D'accord »
« A tout à l'heure. » Et nos deux amis se retrouvent dans l'obscurité. Emeralda attrape la main d'Esteban et le guide vers une caisse proche ou ils s'assoient.
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L'aube se lève et le soleil plus un curieux son réveillent nos deux jeunes amis. Le son augmente et avec stupéfaction, Esteban et Emeralda regardent la caisse qui se met à bouger.
« Mais…Mais qu'est-ce que c'est ? » Demande Esteban.
« Je ne sais pas, mais…Mais, ma parole, je le `perçoit' ! » Emeralda est éberluée. Son `sens' spécial lui dit que quelqu'un se trouve dans la caisse. La sensation est différente que celle que provoque Esteban.
Inquiet, Esteban s'approche et avec l'aide d'Emeralda tente d'ouvrir la caisse. « Il y a quelqu'un ? »
Avec effort, le couvercle cède et une forme se redresse soudainement effrayant nos amis. « OUAAH !! »
Les mains attachées et bâillonnée, Zia se dresse devant Esteban et Emeralda, le premier apeuré et la seconde, médusée. « Ah ! Ah…ah…ah. T…toi ! » Pointe du doigt Esteban.
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Dans la cale, nos trois compagnons s'approchent doucement de l'écoutille et contemple le soleil qui se lève. Le vent joue à sculpter les nuages et soudainement la fantastique tête du serpent à plumes apparaît…
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A suivre…
Esteban et Emeralda se sont embarqués clandestinement à bord de l'Esperenza dans le but de rallier le nouveau continent. Avec eux, une jeune fille du nom de Zia. Et Mendoza, un homme mystérieux qui semble ne s'intéresser qu'à l'or. Mais Esteban est découvert et arrêté comme passager clandestin… Ne manquez pas le prochain épisode de l'émeraude cachée.