Vision Of Escaflowne Fan Fiction ❯ Ma soeur ❯ Chapitre 4 ( Chapter 4 )
Ma soeur
Par Maria Ferrari
-Chapitre 4 - Solitude-
Dilandau se leva. Il avait mal physiquement et surtout moralement. Il marcha un peu et s'arrêta, sentant que quelque chose n'allait vraiment pas.
Il se sentait vide.
Comme si Allen avait volé une partie de lui.
Il avala une grande bouffée d'air pour combler ce qu'il lui manquait ou pour reprendre une attitude à peu près digne et sortit dans le couloir.
***
Allen était assis sur le carrelage de la cuisine, la tête entre les genoux et les mains jointes derrière le cou. Dilandau entra et le vit dans cette position. Il réprima un frisson et murmura « Qu'as-tu Allen ? » de la voix la plus calme et la moins tremblante qu'il put trouver dans ces conditions.
Allen sortit de sa torpeur et releva la tête, hagard.
« Ce que j'ai ?… Je t'ai fait du mal… Je suis un monstre »
Sa voix était à peine audible. Dilandau s'accroupit devant lui et lui posa une main hésitante sur l'épaule.
« Ce n'est pas grave », se força à dire l'adolescent.
Il était prêt à rajouter « C'est de ma faute », mais il se retint se rendant compte avec stupéfaction qu'il se sentait responsable de ce qui était arrivé.
(Ce n'est pas de ma faute, c'est juste… c'est juste Allen qui devient fou… je n'y suis pour rien !)
Il se releva brusquement.
« Il faut… il faut que… Allen, il faut que tu… tu ailles voir quelqu'un… tu ne vas pas bien ! »
Allen regardait Dilandau sans comprendre. Il n'avait pas l'air de lui en vouloir. Il ne semblait même pas avoir peur de lui.
« Comment peux-tu ne pas m'en vouloir ? », demanda-t-il dans un état second.
Dilandau haussa les épaules. Il ne savait même pas lui-même où il avait trouvé la force de lui parler si gentiment. Il ne comprenait pas pourquoi il n'avait plus peur.
Peut-être parce que maintenant le pire était forcément passé.
Et Allen allait se faire soigner et tout irait mieux dorénavant.
Pour de bon cette fois.
***
Van revint quelques heures après. Il trouva Dilandau qui sommeillait sur sa balancelle. Il lui déposa un baiser tendre sur les lèvres.
« Réveille-toi, Belle au bois dormant, ton prince charmant est à tes pieds. »
Dilandau ouvrit doucement les yeux et fit un pauvre sourire. Son ami fronça les sourcils. L'adolescent se rattrapa en transformant son espèce de grimace en un superbe sourire… un peu forcé, il est vrai.
« ça va ? », s'assura Van. Dilandau hocha la tête positivement et passa ses deux mains derrière le cou de son tendre ami pour approcher son visage du sien. Il effleura sa bouche contre la sienne pour prouver que tout allait parfaitement bien.
« Ce soir », fit Dilandau.
« Quoi ce soir ? »
Dilandau avait décidé dès le matin qu'il ferait l'amour avec Van, qu'il l'avait assez fait attendre. Le môme qui a eu beaucoup de misères et qui a besoin de douceur et de temps, ça marche un moment, mais ça finit par lasser. Il ne voulait pas perdre Van. En plus, ce qui s'était passé avait accéléré son choix, il voulait se rincer. Il espérait que Van lui ferait oublier ce qui s'était passé.
Dilandau ne prononça plus une seule parole et son regard se perdit dans le vague. Van était intrigué. Il n'avait pas compris ce qu'il voulait dire par cette semi phrase "Ce soir". Il trouvait son petit ami très énigmatique dans ses paroles et ses attitudes en cette fin d'après-midi… et il n'avait pas envie de chercher à comprendre.
À force de vivre avec Dilandau, il comprenait mieux le sens de ses actions, de ses paroles, de ses moindres gestes, même si beaucoup d'aspects de sa personnalité restaient flous dans son esprit, il en avait encore la preuve aujourd'hui.
À cet instant, son ami avait envie d'être seul. Il s'éclipsa.
Van pénétra à l'intérieur du manoir. Il eut l'impression étrange qu'il était abandonné. Il fit quelques pas, mal à l'aise. Puis, il se secoua.
« Van, qu'est-ce qu'il te prend ? », se questionna-t-il lui-même.
Il secoua la tête en se traitant d'idiot, marcha d'un pas plus rapide et entra dans la cuisine pour boire. Allen était assis par terre. Le jeune homme resta interloqué une ou deux secondes, puis, haussa les épaules en marmonnant « y en a qui ne s'arrange pas » et continua son chemin comme si de rien n'était.
***
Le soir venu, Mathilde trouva elle aussi Allen sur le sol. Dilandau l'accompagnait lors de cette découverte.
« Maître Allen ? Qu'avez-vous ? »
« Laissez Mathilde, je m'en occupe. »
La servante s'affaira à préparer le repas pendant que le jeune albinos se penchait sur son frère.
« Allen… secoue-toi un peu… on va manger. »
Il lui releva la tête de ses deux mains et lui adressa un demi sourire.
(Tout ça est stupide), pensa Dilandau, (la victime au chevet de son agresseur)
Allen partageait cette pensée et il culpabilisait encore plus. Dilandau avait tellement de raisons de lui en vouloir, tellement de raisons de se sentir mal… et pourtant, il se comportait comme si tout allait bien et se montrait parfaitement gentil envers lui. Qui aurait pu s'attendre à ça de sa part il y a un an. Que pouvait-il faire pour le remercier ?
« J'irai me faire soigner », promit Allen en murmurant.
« Bien sûr. Il le faut. En attendant, lève-toi et va t'installer dans la salle à manger. »
Allen obéit.
Le repas fut mortellement silencieux. Van avait le nez plongé dans son assiette, il relevait discrètement les yeux de temps en temps pour observer à la dérobée la famille Schezar. Il sentait qu'il se passait quelque chose ou qu'il s'était passé quelque chose.
Et il voulait connaître ce quelque chose.
***
Le roi de Fanelia était étendu sur son lit, plongé dans un livre lorsqu'on frappa à la porte.
« Oui ? »
La porte s'ouvrit pour laisser place à Dilandau. Celui-ci portait une veste nouée à la taille. Il ferma la porte derrière lui et se mit face au roi. Ce dernier lui sourit. L'adolescent aux cheveux argentés porta les deux mains à sa ceinture et la défit. Il tomba la veste, dévoilant son corps dénudé.
Les yeux de Van s'arrondirent.
« Ce soir », souffla Dilandau en écho avec ses paroles de l'après-midi.
« Ce… ce soir… tout… tout de suite ? »
L'ancien Zaïbacher hocha la tête. Il vint s'asseoir sur le lit et se pencha sur le visage de Van qu'il embrassa tendrement. Van caressa le dos du jeune garçon, puis, ses mains s'aventurèrent sur ses fesses.
Ce jeu de baisers et de caresses dura longtemps. Les habits de Van furent ôtés au cours de ces prudents préliminaires. Van se sentait vraiment excité, son érection venait se heurter contre le ventre de Dilandau. Ce contact rendait Dilandau particulièrement nerveux et Van le sentit qui tremblait légèrement. Il n'y prêta pas attention.
Le moment fatidique approchait de plus en plus. Van se pressa contre Dilandau, cherchant à se frayer un chemin. Dilandau paniqua en sentant le sexe de son ami de plus en plus proche de le pénétrer. Il s'agita et repoussa Van pour se dégager, il y parvint et le griffa au passage.
« Qu'est-ce qui te prend !! », hurla ce dernier.
Van se retourna et chercha son compagnon des yeux. La porte était grande ouverte et Dilandau n'était plus là.
« Que se passe-t-il ? », cria Allen en accourant. Il vit Van nu et désemparé, imagina ce qui s'était passé et repartit sans rien ajouter.
***
Dilandau pleurait misérablement, il s'était précipité dans un coin de sa chambre, caché derrière l'armoire et s'était plié en position fœtale.
« Je peux pas ! Je peux pas ! »
***
Le lendemain, Van alla frapper à la porte de Dilandau. Il voulait des explications sur ce qui s'était passé la veille. C'était lui qui était venu le voir. C'était lui qui voulait le faire. Lui, Van, n'avait rien réclamé.
Son ami lui ouvrit la porte. Il avait l'air d'aller mieux.
« Bonjour Van, je suis désolé pour hier soir, je croyais que j'étais prêt, mais ce n'était pas le cas, je te prie de m'excuser. », lui dit-il immédiatement.
« Ah bon… je ne veux pas te brusquer, tu fais ce que tu veux… mais… »
« Je ne te ferai plus ce coup-là, c'est promis, et tu auras droit… »
« Je ne veux pas te forcer, je ne veux pas que tu fasses ça à contrecœur. », tempéra Van, un rien gêné par la façon dont Dilandau prenait ça.
« Mais non. »
C'était faux. Dilandau n'avait pas beaucoup dormi cette nuit et il avait fini par se convaincre qu'il faudrait qu'il se force car sinon il n'y arriverait jamais. Et il s'était aussi convaincu que le plus tôt serait le mieux.
Il fallait juste qu'il ne montre pas sa peur à Van.
Qu'il ne tremble pas.
Et surtout qu'il ne panique pas.
***
Dilandau descendit et trouva Allen assis sur le canapé.
« Alors, ça y est », fit-il.
Dilandau comprit de quoi il parlait. Il passa son chemin et l'entendit murmurer pour lui-même « si Serena était là, rien de tout ça ne serait arrivé ». Au nom de sa moitié, Dilandau comprit d'un seul coup.
Le vide qu'il avait ressenti après son viol, c'était ça.
Il alla vers Allen et se mit face à lui.
« Serena ne reviendra plus jamais »
« Quoi ? »
« Elle est partie. Elle est morte. Je sens qu'elle n'est plus là… Tu l'as tuée Allen… Désolé. »
Il repartit dans l'escalier sur ses mots. Allen le regarda s'en aller le regard dans le flou, croyant voir Serena qui partait.
« Serena… », murmura-t-il.
***
Dilandau rejoignit Van qui attendait dans le couloir.
« Entre », fit-il sur un ton engageant.
Van fronça les sourcils. Les événements de la veille le laissaient méfiant. Il entra prudemment dans la pièce.
« C'est ma chambre, j'y serai plus à mon aise », argumenta l'adolescent.
Il espérait que Van croirait que ceci était l'unique cause de sa panique. Il posa doucement ses mains de chaque côté de la tête de celui qui allait devenir son amant, car il irait au bout cette fois, et l'embrassa. Van posa les siennes sur ses hanches et lui rendit son baiser. Ils s'entraînèrent l'un l'autre vers le lit et s'y couchèrent doucement.
Leurs corps s'entremêlaient et leurs mains s'agitaient à déshabiller l'autre entre les caresses. La bouche de Van s'aventura vers le bas du ventre de Dilandau. Il pensait avoir commis une erreur la veille, il avait brûlé les étapes, oubliant de donner d'abord du plaisir à son ami avant de penser au sien. Il arracha des soupirs par dizaines au jeune garçon.
Le moment crucial arrivait doucement. Il sentait Dilandau qui se crispait maintenant. Il l'embrassa pour le détendre, mais si son ami était nerveux, il semblait aussi décidé.
« Vas-y », ordonna-t-il doucement, « vas-y avant que je change d'avis et que je m'enfuie. »
Van s'exécuta.
***
« Je t'ai fait mal. »
« Non, ça va, je t'assure. »
« C'est faux, j'ai senti quand je… j'ai senti que quelque chose n'allait pas… tu n'y as pas pris de plaisir… moi, j'en ai pris, mais pas toi… toi, tu as pleuré… et tu pleures encore. »
« C'est parce que c'est ma première fois », mentit Dilandau, « ça fait toujours mal la première fois. »
Il se sentait tellement mal. Il avait cru que ça serait différent avec Van, que ça le laverait de l'outrage qu'il avait subi. Mais la sensation dans son corps avait été la même. Si ça avait été l'inverse, s'il s'était donné à Van avant, il y aurait sûrement pris du plaisir… mais, à présent, c'était trop tard, il associerait pour toujours l'amour et son viol.
C'était fatal.
C'était à pleurer.
« Il n'y a pas que ça… il n'y a pas que la douleur… y a autre chose… j'ai déjà fait l'amour et les personnes avec qui je l'ai fait n'ont jamais réagies de cette façon. »
« Tu avais déjà fait l'amour ? », fit Dilandau. Il avait naïvement cru que Van était vierge. Il fut pris d'un doute « Pas quand tu étais avec moi, hein ? »
Van toussota, gêné, et ne répondit pas. Dilandau baissa les yeux, ce silence était plus éloquent que tout. Il se dit que c'était de sa faute s'il avait été trompé, qu'il n'avait qu'à se presser un peu plus, et il essaya de ne plus y penser. Van reprit son interrogation pour lui faire oublier ce qu'il venait de lui apprendre.
« Je le sens qu'il y a quelque chose qui ne va pas… et c'est pour cette chose que tu es parti en courant hier… et je te trouve bizarre depuis hier après-midi… plus bizarre que d'habitude. Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi ne veux-tu pas me le dire ? »
En regardant la figure de Van, Dilandau comprit qu'il valait mieux se confier. Et peut-être que ça lui ferait du bien. Il avait peur des conséquences que ses confidences pouvaient entraîner, mais ça ne pouvait pas être bien grave, pas plus que tout ce qui était déjà arrivé en tout cas.
Il lui raconta tout.
À la fin de son récit, Van le regarda d'un air mélangé de peine, de colère, de tristesse, de haine… il y avait tout dans ce regard… mais la haine et la colère prirent vite le dessus et il se leva d'un bond.
Il enfila ses habits avec rapidité et violence et sortit de la pièce d'un pas ferme.
« VAN ! »
Avant de lui raconter ce qu'il s'était passé, Dilandau craignait que Van lui en veuille. Mais, dans un éclair, il comprit que c'était à Allen qu'il en voulait… ce qui, après tout, était plus logique, mais surtout plus dangereux.
Dilandau se leva et s'habilla rapidement pour le rattraper. Il prévoyait un nouveau combat entre les deux hommes. Il sortit dans le couloir et alla dans la chambre de Van. Il vit le fourreau de son épée sur le lit.
Un fourreau vide.
Dilandau fut pris d'une angoisse et se mit à courir aussi vite qu'il le pouvait. Il trébucha dans l'escalier et manqua de se fouler la cheville. Il continua sa course, regardant frénétiquement dans toutes les pièces qu'il traversait.
Il finit par sortir du manoir et regarda aux alentours. Il ne vit personne et contourna en vitesse l'imposante demeure.
C'est là qu'il les trouva.
Allen était plongé dans son entraînement quotidien et ne s'était pas encore aperçu de la présence de Van qui se dirigeait vers lui.
« VAN ! ARRETE ! REVIENS ! », hurla Dilandau, essayant d'empêcher son amant d'aller défier son frère.
Van ne l'entendit pas, ou plus exactement, ne voulut pas l'entendre et Dilandau comprit à cet instant qu'il ne pourrait plus rien arrêter.
« ALLEN ! », cria Van, l'épée solidement en main, « EN GARDE ! »
Allen se retourna et comprit.
Dilandau assista au combat. Il vit Van qui portait ses coups rageusement. Il vit que tous les coups qu'il portait n'avaient qu'un but : Tuer son adversaire. Sa façon de se battre lui rappelait affreusement le jour où il avait tué tous ses slayers. Allen se contentait de se défendre et il ne devait sa vie sauve qu'à son grand talent de chevalier, mais il commençait à être en difficulté, il fallait qu'il se fasse plus offensif s'il voulait s'en sortir.
Tellement pris dans le combat, dans sa vengeance, Van ne faisait absolument pas attention à l'épée de son adversaire. Soudain, le jeune roi sentit un corps étranger le traverser de part en part.
Il venait de s'embrocher sur l'épée du chevalier.
Il s'écroula sur Allen, répandant son sang sur les vêtements du chevalier.
Allen regarda Van mourir sans comprendre, il ne voulait pas ça, c'était Van qui, entraîné par sa passion, s'était tué tout seul.
À quelques mètres de là, Dilandau regardait cette scène en fataliste. Dès qu'il avait compris que rien ne pourrait arrêter ce duel, il s'était attendu à une issue mortelle. Il fit demi-tour et rentra au manoir. Allen le regarda partir. Il s'éloigna du corps sans vie de Van et suivit le même chemin.
Il trouva Dilandau dans la cuisine.
« Mathilde m'a dit hier qu'elle ne pourrait pas venir aujourd'hui. Je prépare le repas. », dit l'adolescent d'une voix monocorde. Il faisait, une fois de plus, comme si rien n'était arrivé.
« C'était un accident… je ne voulais pas… il fallait bien que je me défende ! », balbutia Allen comme si son frère l'avait accusé de quoi que ce soit.
« Tu veux quoi comme légumes avec ta viande ? »
Le cœur d'Allen se tordit. Dilandau s'était volontairement mis en dehors du monde.
« Ne fais pas comme si ça ne te touchait pas. », murmura Allen d'une voix à peine audible.
Il le contempla encore un peu en train de s'activer aux fourneaux, puis, il sortit. Dès qu'Allen eut quitté la pièce, Dilandau éclata en sanglots.
« Je sème… le malheur autour… de moi !… Ils m'abandonnent TOUS… les uns après les autres ! », articula-t-il entre ses larmes.
Il se calma au bout d'une dizaine de minutes et sortit pour appeler son frère.
Il le vit accroché à un arbre, balançant au bout de sa ceinture dont il s'était servi pour mettre fin à ses jours.
« Tout seul… », murmura Dilandau.
Il rentra à l'intérieur pour manger seul son repas, abandonnant à leur sort les corps des deux hommes qui s'étaient partagés le sien.
-Fin-
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