Vision Of Escaflowne Fan Fiction ❯ Ma soeur ❯ Chapitre 3 ( Chapter 3 )
Ma soeur
Par Maria Ferrari
-Chapitre 3 - L'irréparable-
Allen se présenta le lendemain à l'hôpital de Pallas. Une infirmière l'accompagna jusqu'à la chambre de Dilandau. Il entra et vit Élise Aston assise à coté du lit où gisait l'adolescent.
Elle leva les yeux vers lui.
« Bonjour Allen. »
« Princesse Élise. », répondit-il avec un hochement de tête.
« On m'a mise au courant qu'il avait été mené ici hier soir. J'ai accouru dès que je l'ai appris. Il est bien mal au point. Son épaule est brisée et il a une fièvre très importante. Pour couronner le tout, il est aphone. Qu'a-t-il bien pu lui arriver ? »
Allen ne savait que trop ce qui était arrivé. Il se contenta d'hausser les épaules, en souhaitant de toutes ses forces que la princesse ne sente pas sa honte.
Dilandau dormait paisiblement, assommé par les calmants.
« Je vais vous laisser. Je reviendrai cet après-midi lui tenir compagnie. »
« Merci Princesse Élise. »
Allen prit la chaise laissée vacante, mit les genoux sur ses cuisses et prit sa tête dans ses mains. Il la secoua de gauche à droite, comme pour effacer de son esprit ce qui s'était passé. Il releva le visage et contempla celui de Dilandau. Il mordit sa lèvre inférieure.
Le bruit feutré de la porte s'ouvrant fit se tourner la tête d'Allen. Van se tenait dans l'encadrement. Dès qu'il vit le chevalier, il serra les dents et fronça les sourcils. Allen, lui, se contenta de baisser les yeux lamentablement.
Van entra et ferma la porte derrière lui. Il s'avança pour mieux voir Dilandau.
« Comment as-tu appris ? »
« J'étais en réunion avec le roi Aston et les chevaliers il y a encore une heure, j'ai entendu deux personnes qui en parlait quand je suis sorti. »
Un lourd silence s'installa. Van finit par reprendre la parole.
« Que lui est-il arrivé ? », demanda froidement Van.
Allen ne répondit pas, gêné. Van se tourna vers lui, soudain pris d'un doute qui ne l'avait même pas effleuré jusque là.
« Serais-tu responsable de son état ? »
Van avait les yeux grands ouverts encore surpris de ce qu'il venait lui-même de dire. Il entendit Allen sangloter.
« Je ne voulais pas… », articula-t-il entre ses larmes.
« QU'AS-TU FAIT ? », hurla Van en se jetant sur lui et en l'attrapant par le col. Il le souleva de sa chaise et le secoua méchamment. Allen lui attrapa les poignets pour lui faire lâcher prise. Il obtint gain de cause. D'ailleurs, Van prenait ses distances, comme s'il était quelque chose de dégoûtant qu'on n'approche pas de peur de se salir.
« Comment oses-tu être là après ce que tu as fait ? »
« Je ne voulais pas… », répéta Allen. Puis, il sortit précipitamment, submergé par la honte.
Van, resté seul avec Dilandau, alla lui déposer un baiser sur le front.
***
L'été était revenu. Dilandau était installé sur la balancelle qu'Allen lui avait fait installer sur la terrasse. Voyant Allen si serviable et si enclin à accepter sa relation avec Van, il lui avait pardonné. Ce n'était pas le cas de son ami, le roi de Fanelia était toujours extrêmement méfiant envers le chevalier.
Il était toujours convalescent, cela faisait seulement quelques jours qu'il était rentré au manoir. Son rétablissement avait pris des mois. Il avait retrouvé la voix au bout de quelques jours, mais, son épaule s'était réparée très difficilement et il lui resterait toujours des séquelles. Il fallait qu'il fasse extrêmement attention à ne pas la malmener. De plus, la fièvre n'avait pas arrêté de monter et descendre.
Tout s'était finalement stabilisé et Dilandau avait pu réintégrer le manoir. Van avait délégué tous ses pouvoirs et quasiment élu domicile à Astria officiellement pour que Dilandau se sente soutenu, mais, en fait, son but officieux et dissimulé était de surveiller étroitement Allen.
Le chevalier avait accepté Van, du moins, devant Dilandau, pour lui faire plaisir et Van faisait semblant devant son ami de bien s'entendre avec son frère, mais, d'un côté comme de l'autre, dès que le garçon aux cheveux argentés n'était plus avec eux, la tension était palpable.
Dilandau avait donc l'impression que tout allait bien car on lui faisait croire et il pensait aussi que dorénavant ce bonheur allait être éternel, car il était passé par tant de difficultés qu'il était logique qu'il ait sa part de bien-être à présent.
Le malheur ne pouvait pas toujours s'accumuler sur les mêmes personnes.
Il y avait fatalement un moment où la roue tournait.
La sienne avait enfin tourné et il pouvait goûter aux joies auxquelles les autres gens avaient droit et comptait en profiter pleinement.
Il savourait l'instant, sentant le vent tiède dans ses cheveux, se réaccoutumant doucement à la campagne. Il écoutait la nature quand il entendit des éclats de voix lointains. Il chercha d'où venait ce bruit, détermina l'endroit et se leva pour s'y rendre.
Allen et Van étaient à l'origine de ce qu'il avait entendu, ils étaient assez éloignés mais Dilandau les entendaient très nettement, ils hurlaient et commençaient à s'empoigner. L'ancien Zaïbacher accéléra le pas en constatant ça, il ne pouvait pas courir, ni crier, car il était encore très fragile.
L'empoignade tournait à un véritable combat, les coups pleuvaient. Dilandau se mit à crier pour les faire stopper, mais ce qui était un cri pour lui depuis son hospitalisation ne portait pas très loin. Il finit par arriver à coté d'eux.
« Arrêtez ! S'il vous plait, arrêtez ! Van ! Allen ! »
Les deux duellistes étaient tellement pris par leur affrontement qu'ils ne l'entendaient pas. Dilandau se rapprocha et tenta de s'interposer, il faillit se prendre un coup et en l'évitant, s'écroula sur le sol. Voyant ça, Allen et Van arrêtèrent de se battre et se précipitèrent à son secours, mais il refusa leur aide, les rejetant tous les deux.
« Laissez-moi ! Laissez-moi ! Vous n'êtes que des bâtards ! Des sales bâtards ! Ne me touchez pas ! »
Il se releva tout seul et repartit d'un pas vif vers le manoir. Des larmes de fureur coulaient de ses yeux.
Allen et Van le regardèrent s'éloigner tous penauds. Van ne culpabilisa pas longtemps et se retourna contre Allen.
« C'est de ta faute ! C'est à cause de toi que tout ça a commencé ! Et maintenant Dilandau m'en veut ! »
« Il m'en veut à moi aussi et nous sommes tous les deux responsables. », tenta de tempérer Allen, plus préoccupé par l'état de Dilandau (il avait peur que son épaule ait été touchée dans sa chute) que par l'opinion de Van. Il laissa tomber Van et ses incriminations pour suivre Dilandau et s'assurer que tout allait bien.
Van partit à sa poursuite pour continuer à lui dire sa façon de penser et lui faire part de ses griefs. Allen l'arrêta d'un « Est-ce que tu penses réellement à Dilandau ? » qui lui cloua le bec.
Ils trouvèrent l'adolescent sur le canapé, le visage dans les mains.
« Dilandau, est-ce que tout va bien ? », s'inquiéta Allen.
« Oui ! », répondit sèchement la personne interrogée.
« Et ton épaule ? »
« Elle va bien ! »
« Tu es sûr ? »
« Tu me fous la paix, oui ? »
Il se leva et se retira dans sa chambre.
« L'important, c'est qu'il aille bien ! », dit Allen en souriant juste avant de se prendre un uppercut par surprise. Il s'écroula sur le sol.
Van grimpa les marches quatre à quatre et tambourina à la porte.
« Dilandau, c'est moi, ouvre, Allen n'est pas avec moi ! »
« Tu n'es qu'un crétin ! »
« C'est Allen qui m'a défié ! Si tu savais ce qu'il m'a dit. », mentit Van.
« Quoi, que t'as-t-il dit ? »
« Il m'a dit que Serena ne tarderait pas à revenir, qu'il avait trouvé le moyen de se débarrasser de toi ! »
La porte s'ouvrit brusquement.
« C'est vrai ? »
« Oui ! »
Il mentait toujours. Allen lui avait seulement dit qu'il voulait que Serena soit là, car ainsi, il se débarrasserait de lui : Van.
Allen, qui avait monté les escaliers doucement car il était un peu sonné, avait entendu cette conversation. Il arrivait pour crier : « C'est faux, Dilandau, ne le crois pas ! »
Mais, pour certaines raisons, Dilandau était plus enclin à croire Van qu'Allen et toisa le dernier arrivé avec un mépris non feint.
***
Après ce qui s'était passé, Van circulait à sa guise dans le manoir. Dilandau avait imposé qu'il y dorme. Allen avait accepté, voulant prouver sa bonne foi, ou au moins, contenter Dilandau pour regagner son cœur.
Allen devait donc subir l'air goguenard de Van (conscient qu'il avait gagné une grande bataille), une lourde injustice et leurs étreintes qu'il surprenait régulièrement, mais il soupçonnait le roi de Fanelia de le faire exprès.
La jalousie rongeait le cœur d'Allen. Il se sentait pourrir de l'intérieur à chaque fois qu'il surprenait un regard de Dilandau qui n'allait pas dans la direction où il était censé aller, ou, plutôt, qui n'allait pas où Allen aurait souhaité qu'il aille.
Et il sentait l'hostilité qu'il avait à son égard malgré tous les efforts de bonne volonté qu'il démontrait.
Il ne supportait pas cette désaffection. Dilandau était Serena et Serena était sa sœur, SA sœur, il n'y avait rien d'autre à ajouter, sa sœur DEVAIT l'aimer et Van n'avait pas à venir se mêler à leur famille.
Ce tricheur.
Il touchait sa sœur, il abusait de sa sœur, il allait la déshonorer, si ce n'était pas déjà fait depuis le temps. Mais il ne voulait pas le savoir, ça lui ferait trop mal d'avoir la confirmation de ce qu'il redoutait le plus.
À force de cogiter là-dessus, il finissait par en vouloir à Dilandau qu'il considérait comme une catin. Si Van arrivait à ses fins, c'est que Dilandau l'aura laissé faire sans l'accord de Serena.
Tout ça ne pouvait plus durer, il fallait y mettre fin, il devait faire quelque chose, c'était son devoir de frère.
Il se leva et décida que si la gentillesse ne marchait pas, il valait mieux reprendre les commandes. Il dénicha Dilandau assis sur le canapé dans le salon. Il ne vit pas Van.
« Van n'est pas là ? »
Il aurait voulu lui parler à lui aussi, remettre les points sur les "i" et le forcer à avouer qu'il avait menti.
« Non, il est sorti, un rendez-vous. », répondit Dilandau les yeux rivés sur son livre.
« Ah, dommage. Dilandau, Van va devoir partir, je ne veux plus de lui ici, qu'il retourne là où est sa place, à Fanelia. »
« On en a déjà parlé, Allen, Van reste ici. »
« Van est un tricheur, un menteur, un hypocrite… et toi, tu te laisses avoir et tu vas bientôt laisser faire des choses que tu vas regretter ! »
« J'aime Van. »
Allen eut l'impression que tout s'écroulait autour de lui à cette simple déclaration.
« Ce n'est pas possible. », bredouilla-t-il.
« Je l'aime !… Et il fera ce qu'il voudra de moi. », insista Dilandau, détachant le regard de sa lecture.
Le visage d'Allen se décomposa.
« Non… Tu n'as pas le droit. » murmura-t-il.
Dilandau haussa les épaules.
« TU N'AS PAS LE DROIT ! », répéta-t-il en hurlant.
Il le prit et le secoua.
« TU NE PEUX PAS ! TU NE PEUX PAS ! »
Dilandau se dégagea de son étreinte et partit dans l'escalier en courant pour lui échapper. La terreur qu'il ressentait pour Allen reprenait le dessus. Allen sauta à sa poursuite. Il l'attrapa dans le couloir du premier étage. L'adolescent réussit une deuxième fois à se dégager et entra dans la première pièce à sa portée.
La chambre d'Allen.
L'antre de son prédateur.
Avant qu'il ait pu fermer la porte, Allen s'interposa. Dilandau recula et s'aperçut qu'il n'y avait qu'une seule issue et que son frère se tenait devant.
« VAN N'AURA RIEN ! CE N'EST PAS POUR LUI ! CE N'EST PAS A LUI ! », hurla l'homme blond en jetant l'adolescent sur le lit. Il se tourna sur le ventre pour lui échapper, mais il fut incapable d'aller plus loin, son assaillant était déjà sur lui. Il le retenait contre lui d'une poigne de fer et Dilandau sentit l'autre main lui baisser son pantalon. Il baissa aussi le sien.
Dans la seconde qui suivit, Dilandau sentit le membre dur d'Allen le pénétrer et les larmes jaillirent de ses yeux à la sensation de douleur.
***
Allen tituba jusqu'à la cuisine. Il finit par laisser tomber son poids contre un placard, l'épaule plaquée contre le bois.
« Qu'est-ce que j'ai fait ! Mais qu'est-ce que j'ai fait ! », se lamenta-t-il.
Rongé d'amour et de désirs inassouvis et non assumés pour sa sœur, il avait commis l'acte le plus abominable qui soit… et il ne se le pardonnerai jamais.
***
Dilandau gisait toujours sur le lit, prostré, la joue contre le matelas, les yeux étaient grands ouverts et vides, la bouche entrouverte. Une larme mouilla le matelas.
Sa mémoire a gravé cet événement pour toujours. Une blessure qui ne cicatrisera jamais et qui se rajoutait à la liste déjà longue de ses traumatismes.
Dehors, le ciel est d'un bleu azur, le soleil brille comme jamais et les oiseaux chantent leur bonheur, inconscients du drame qui vient de se jouer.
-A suivre-