Vision Of Escaflowne Fan Fiction ❯ Ma soeur ❯ Chapitre 2 ( Chapter 2 )

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Ma soeur

Par Maria Ferrari

-Chapitre 2 - Blessures-

À l'approche de l'hiver, les journées raccourcissaient de plus en plus, et du coup, Allen avait l'impression que Dilandau rentrait de plus en plus tard et il supportait très mal cette situation.

Avec l'histoire de Van, Allen avait cru que Serena, cette fois, reviendrait, mais une fois de plus, il s'était trompé, les semaines avaient passées et Dilandau était toujours là.

Pour Allen, Dilandau était un parasite qui s'était immiscé dans le corps de Serena et qui devait partir, mais Dilandau ne voulait pas partir, il s'accrochait au corps de la jeune fille désespérément, c'était sa seule chance de conscience, de vie.

Pour Allen, Dilandau n'avait pas d'existence réelle, c'était une création de sorciers maléfiques, il n'avait aucunement le droit de vivre au dépens de sa soeur.

Un soir, une querelle éclata à l'instigation d'Allen. Après avoir vu une fois de trop Van sur le palier de sa maison, embrassant Dilandau d'une façon que la morale réprouve, il avait ruminé ses griefs contre l'ancien Zaïbacher beaucoup plus intensément qu'habituellement et dès que l'adolescent était entré…

« TU M'AS VOLE MA SŒUR ! ET TU TE SERS DE SON CORPS ! REND-LA MOI ! »

« Je ne t'ai pas volé ta sœur, elle est toujours quelque part en moi, je n'y peux rien si je suis là, je n'ai pas demandé à vivre, je n'ai pas demandé à être créé, je n'ai jamais rien demandé à personne, seulement, maintenant, je suis là et il faut que tu fasses avec ! »

« Tu n'as aucun droit d'être dans ce corps, tu n'as pas le droit de vivre au dépens de ma sœur, tu dois partir, tu dois laisser revenir Serena ! »

« J'ai autant le droit de vivre qu'elle ! Ce n'est pas de ma faute si on m'a créé, pourquoi j'en paierais le prix ?… Fous-moi la paix, s'il te plait, Allen, fous-moi la paix, je t'en supplie… je n'en peux plus du malaise que tu fais régner ici ! Je fais tout pour être aimable, être correct, être gentil, et toi… toi, tu… »

« Je ne veux plus que tu vois Van. »

« Quoi ? »

« Je ne veux plus que tu vois Van ! As-tu compris ? »

« Mais… »

« Il n'y a pas de mais ! Tu n'as pas à utiliser le corps de Serena de cette façon… d'ailleurs, normalement, tu n'as pas à utiliser son corps du tout ! »

Sur ces derniers mots, Allen se retira, laissant Dilandau seul au milieu de la pièce, ruminant de sombres pensées.

(Si Serena n'était pas contente de l'utilisation que je fais de son corps, elle me le ferait savoir.)

Il n'était pas totalement sûr de ça, mais préférait le croire pour se donner bonne conscience. Et si Van ne lui déplaisait pas à lui, il y avait encore moins de chance pour qu'il déplaise à Serena. Il était gentil, rien à voir avec l'opinion qu'il avait de lui pendant la guerre, mais les visions dans ces temps de conflit sont souvent troubles. Il n'avait pas l'intention de se séparer de lui, il se trouvait très bien comme ça. Il se ferait tout simplement plus discret pour ne pas incommoder Allen avec cette relation puisqu'elle le gênait tant.

***

Les semaines avaient passé et l'hiver était là, rigoureux. Le couple que formait Van et Dilandau avait dû se trouver un endroit qui les gardait au chaud tout en se cachant aux yeux du monde. Le bel adolescent avait réussi à faire croire jusque là à Allen qu'il n'était plus avec Van, il eut été dommage que ceci s'arrête à cause d'une question de température.

Ils s'étaient finalement dégottés une maison inhabitée mais non abandonnée, apparemment un lieu de villégiature, Dilandau s'était renseigné discrètement, la maison appartenait à de riches bourgeois qui venaient y passer l'été. Le risque était donc très faible de les voir débarquer à la fin de l'automne.

Les deux jeunes gens rentraient dans cette demeure à l'aide d'un soupirail qu'on avait oublié de fermer. Ils pouvaient donc être ensemble à l'abri et en toute sécurité. Leur liaison restait secrète.

Mais les absences quotidiennes de Dilandau commençaient à sérieusement étonner Allen. Il était impossible que le jeune homme resta dehors par cette température, il allait donc forcément quelque part, et apparemment personne ne l'avait vu depuis des semaines dans tout Astria. L'étonnement se transformant en méfiance, il s'était renseigné pour savoir ce qui se passait à Fanelia et avait appris que le roi se faisait particulièrement rare depuis un très grand nombre de semaines. Ses absences répétées commençaient, d'ailleurs, à agacer ses conseillers : Leur roi n'était pas sérieux, certes, il était jeune, mais ce n'était pas une excuse. De plus, tout le monde ignorait où il allait traîner. Il était très évasif sur la question et ses déplacements se faisaient dans la plus complète discrétion. Pour terminer, il n'était pas rare qu'il se passe une semaine entière et que le souverain ne rentre pas du tout dormir au palais.

Les doutes d'Allen se transformèrent en certitudes.

***

Le lendemain, Dilandau se dirigea d'un pas ferme vers le lieu de ses plaisirs. Il passa par le soupirail et alla retrouver Van qui dormait régulièrement là. Il l'embrassa langoureusement sur la bouche.

« HE ! »

Les amoureux sursautèrent et se tournèrent dans la direction du cri. Allen se tenait devant eux, plus en colère que jamais.

« Je le savais, je le savais, je t'ai suivi, je suis entré par où tu es entré, catin ! »

À ce mot, Dilandau s'indigna.

« Catin ? »

« OUI, CATIN, PARFAITEMENT !… Et toi, Van, sale pervers ! Tu abuses du corps de ma sœur ! »

Allen tendit un doigt accusateur dans la direction de la personne incriminée. Son regard était froid et haineux.

« NON ! C'EST FAUX ! », se défendit le jeune roi.

C'était la vérité, sa relation avec Dilandau, malgré l'intimité du lieu qu'ils avaient choisis, restait platonique pour l'instant. Van et Dilandau s'apprivoisaient l'un, l'autre en douceur.

« J'ESPERE QUE C'EST FAUX ! C'EST TON INTERET QUE CE SOIT FAUX ! »

Il parut réfléchir et rajouta : « Tu sais, je pourrais le savoir très facilement si tu me dis la vérité. Il existe des tests pour ça. »

Dilandau savait de quels tests il parlait. C'était une pratique qu'utilisaient les juges. La sodomie était une pratique interdite et sévèrement punie. L'adolescent, se sentant concerné, s'était informé sur le sujet et avait trouvé que le test en lui-même était déjà une punition.

« Tu me ferais subir ce genre de test ?… Tu as donc si peu de respect envers moi ? », dit-il tristement, « Tu as donc si peu de respect envers ta sœur ? »

Allen se sentit coupable. Dilandau avait l'air profondément blessé. Sa colère le quitta d'un seul coup au moment où il sentit la tristesse qui émanait de Dilandau. Il l'avait peiné. Indirectement, il avait fait du mal à sa sœur.

« Nous n'avons rien fait. Je te donne ma parole. Je souhaite qu'elle te suffise. Je ne mens pas. Si on l'avait fait, alors, je te le dirais, car je n'en aurais pas honte et je sais que ça viendra un jour. »

La voix de Dilandau était basse et monotone.

« Pas question. »

Allen tira le garçon jusqu'au soupirail. Dilandau sortit de lui-même après avoir adressé un dernier regard mélancolique à Van. Il ignorait quand serait la prochaine fois qu'ils se verraient. Allen allait le surveiller étroitement, peut-être même le cloîtrer à l'intérieur du manoir. Les jours qui venaient ne s'annonçaient pas roses pour son idylle.

***

Les heures passaient, interminables, désespérément identiques. Cela faisait une semaine qu'Allen avait interdit toute sortie à Dilandau. Il ressassait éternellement la même question. Pourquoi Serena ne revenait-elle pas ? Il avait cru comprendre qu'elle revenait dans ses moments de faiblesse car son esprit pouvait ainsi reprendre le dessus. Et il ne se souvenait pas de s'être jamais senti aussi faible. Il voulait d'ailleurs être le plus faible possible pour faciliter le retour de sa moitié féminine. Il n'avait plus envie de vivre dans l'état actuel des choses. Il n'espérait qu'une chose : Que Serena reprenne sa place et que lui retourne au néant.

Il commençait d'ailleurs à penser qu'il aurait préféré ne jamais quitter ce néant. La vie lui était particulièrement pénible en ce moment. Pour la première fois de sa vie, il s'était senti réellement bien grâce à Van et Allen lui interdisait son bonheur et il n'avait même plus la force de résister.

Il ne se reconnaissait plus. Comment avait-il pu se laisser aller au point de laisser Allen faire la loi ? Il ne pouvait pas être dans son état normal. Il devait être encore plus perturbé qu'il ne le pensait pour laisser les choses aller comme ça. Pour être aussi fataliste.

Mais, alors, pourquoi Serena ne revenait-elle pas ?

La solution lui apparut soudainement : Serena ne revenait pas tout simplement car elle n'en avait pas envie. La raison était tellement simple qu'elle aurait dû s'imposer plus tôt à lui.

Maintenant, il aurait fallu qu'il sache pourquoi Serena ne voulait pas revenir… peut-être était-ce pour la même raison que lui était revenu.

Allen ?

Peut-être… non, il aimait trop sa sœur, c'était d'ailleurs à cause de ça qu'il le faisait tant souffrir.

(Je suis un intrus… mais je n'y peux rien si Serena ne veut pas revenir, que puis-je faire de plus ?)

Au bout d'un mois de ce régime, Dilandau n'y tint plus. Il avait d'abord attendu le retour de Serena, puis, avait espéré qu'Allen change d'avis, qu'il se lasse de sa présence continuelle. Mais rien de tout cela n'était arrivé.

Il se présenta devant Allen, tenant à jouer franc-jeu avec lui.

« Je sors aujourd'hui ! Je vais voir Van que tu le veuilles ou non ! »

Allen le toisa.

« Tu ne bougeras pas d'ici. »

« Oh que si ! Et pas plus tard que tout de suite ! »

Dilandau alla droit vers la porte. Allen lui prit le bras violemment. Il amena son visage à deux centimètres de celui de l'adolescent et bloqua ses yeux dans les siens. Il articula lentement et fermement : « Tu ne bouges pas d'ici ! Compris ? »

Dilandau surmonta la crainte que lui inspirait Allen dans ces moments-là.

« Je n'ai pas à t'obéir ! De quel droit me donnes-tu des ordres ? »

Allen tira Dilandau vers l'escalier qui menait à la cave, le malmenant. Ils descendirent l'escalier, Dilandau tirait dans l'autre sens et se débattait pour échapper à la poigne d'Allen, mais il était plus fort que lui et en plus, actuellement, la colère décuplait ses forces.

La colère… ou la folie ?

Allen ouvrit la porte de la cave et jeta Dilandau sans ménagement à l'intérieur. Le jeune homme atterrit sur l'épaule et le ciment. Le choc et la douleur lui arrachèrent un cri. Il entendit Allen fermer la porte et la cadenasser, puis, son pas résonner dans l'escalier. Il partait. Il l'avait enfermé dans un endroit froid, humide et totalement plongé dans l'obscurité et il partait. Il partait pour son travail. Il ne reviendrait pas avant la soirée ou, dans le meilleur des cas, à midi. Il allait rester des heures enfermé dans ce lieu sinistre avec une douleur intense à l'épaule.

Peut-être même que son épaule était brisée. Toute son attention était concentrée sur sa douleur et lui faisait oublier le reste de sa situation.

***

La porte s'ouvrit et l'éclat d'une lampe à pétrole éclaira la pièce lugubre. Allen passa à l'intérieur. Il vit Dilandau recroquevillé dans un coin et s'accroupit devant lui.

Il posa la lampe sur le sol et sa main sur le bras de Dilandau. Le jeune garçon était glacé et frissonnant. Allen fit une grimace. La pensée d'avoir enfermé Dilandau dans cet endroit l'avait torturé tout l'après-midi. Il devait aller travailler et Dilandau voulait partir, ce qu'il avait fait lui était apparut comme la seule chose à faire et il s'était maintenu dans cette idée toute la matinée, mais après le déjeuner, toute l'horreur de la situation dans laquelle il avait plongé Dilandau lui était apparue.

Il était tellement focalisé sur l'honneur de sa sœur qu'il en devenait fou et abominable envers le pauvre garçon.

Il le prit par le bras et le tira doucement pour l'inciter à se lever. L'adolescent poussa un cri aigu, ses yeux se révulsèrent et il s'évanouit.

« Dilandau ! », hurla Allen, terrifié par ce qui venait de se passer. Il prit Dilandau dans ses bras et l'emmena dans un endroit moins sombre pour constater ce qui avait provoqué son évanouissement et tenter de le ranimer.

Il l'installa sur le canapé et le regarda fébrilement, puis, tapota gentiment les joues. L'aîné était complètement bouleversé.

« Dilandau ! Réveille-toi, s'il te plait, Dilandau ! », pleura et supplia Allen.

Sa prière fut exaucée. Les yeux du jeune garçon papillotèrent au grand soulagement de l'homme.

« Dilandau, qu'est-ce qui t'est arrivé ? Tu ne te sens pas bien ? Dis-moi ce qui ne va pas… Oh, Dilandau, je suis désolé de ce que j'ai fait, je te demande pardon ! ça n'arrivera plus, tu iras voir Van si tu veux ! »

Il vit les lèvres de Dilandau remuer vainement. Des larmes roulaient sur ses joues.

-A suivre-