Gundam Wing Fan Fiction ❯ AC 206 ❯ Chapter 2

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AC 206

par Erynna

Deuxième partie

La chambre était un véritable capharnaüm mais Heero, d'habitude si ordonné, n'en avait cure. Agenouillé sur le plancher, le jeune homme farfouillait allègrement dans le fond de l'armoire, balançant à travers la pièce les vêtements qui ne l'intéressaient pas.
Enfin il trouva ce qu'il cherchait avec tant d'ardeur. Un vieux short noir en spandex.
Il en palpa délicatement l'étoffe du bout des doigts, et finit par l'étirer en tous sens pour éprouver sa solidité. Une fois satisfait, Heero sembla hésiter quelques secondes. Il jeta un coup d'œil à la porte de la chambre. Fermée.
Bon, je me lance.
Il ôta rapidement ses jeans et ses boxers - la marque des sous-vêtements à travers le Spandex n'était pas d'une folle élégance… - puis, retenant son souffle, enfila le short.
Ses yeux se levèrent lentement vers la psyché qui trônait dans un coin, et constatèrent qu'après tant d'années, le Spandex moulait toujours à la perfection son anatomie…
Vive le tissu extensible !
Un petit sourire aux lèvres, Heero commença à s'admirer sous toutes les coutures.
Et ce fut le moment que choisit la porte pour s'ouvrir.
- Jolie vue, dit la personne qui partageait sa vie depuis plus de trois ans.
Heero se retourna brusquement et laissa le rouge de la pudeur envahir ses joues.
Avec la grâce puissante d'un félin, Kazuo Nishimura avança vers lui et l'enlaça par la taille. Plongeant son regard dans les grands yeux bleu sombre, il laissa errer ses mains sur les hanches minces et frémissantes de son amant. Leurs deux corps se rapprochèrent un peu plus tandis que l'ex-pilote gémissait de contentement. Kazuo pinça soudain le short et fit claquer le tissu contre le flanc de Heero.
- C'est quoi cette matière ? demanda-t-il avec curiosité.
- Du spandex, répondit l'autre en enfouissant son visage au creux de son cou. Définitivement mieux que le latex.
- Ooooh, roucoula Kazuo, les yeux pétillants de malice.

* * *

- Euh… je crois que c'est là, annonça Wufei.
L'Espace s'arrêta devant une immense baraque aux murs décrépits, et qui présentait une terrifiante similitude avec la demeure de la famille Addams. Le jardin semblait également à l'abandon depuis des décennies ; on s'attendait presque à voir surgir un cimetière derrière les silhouettes squelettiques des arbres.
Laissant les jumelles à l'intérieur, Wufei et Trowa descendirent du véhicule et se dirigèrent vers l'entrée.
- Alors, tu sonnes ? demanda le Français d'un ton impatient comme l'autre gardait son doigt sur la sonnette sans oser appuyer dessus.
Wufei lui lança un regard morne et pressa le bouton.
Deux ans plus tard, la porte s'ébranla enfin et une tête blonde passa par l'entrebâillement.
- C't à quel sujet ? demanda une voix endormie.
- Nous sommes bien chez M. Duo Maxwell ? hasarda Wufei d'un ton poli quoique légèrement sceptique.
- … Lui voulez quoi ?
- Eh bien, nous sommes de vieux amis et nous voudrions, si c'était possible…
- D-MAN !!! Y A DES TYPES LOUCHES A L'ENTREE QUI VEULENT TE VOIR !!!! hurla la voix en direction du hall. Il arrive.
Et la porte leur claqua au nez, les abandonnant sur le seuil comme deux ronds de flan.
- D-man ? remarqua Wufei en secouant la tête.
- Types louches ? fit Trowa en écho.

* * *

Heero contemplait béatement le fond vide de sa tasse de thé.
- Redis-moi encore une fois pourquoi tu veux emporter ce vieux machin, fit la voix incrédule de Kazuo.
- C'est mon porte-bonheur, expliqua-t-il pour la dixième fois.
- Tu es sérieux, constata Kazuo avec horreur. Et tu vas vraiment… le porter ?
- Je pensais le mettre sous le smoking. Ça ne se remarquera pas.
- Ce n'est pas le problème, Hee-chan ! C'est juste que…
- Quoi ?
Kazuo prit une profonde inspiration.
- C'est juste que je ne te croyais pas fétichiste. Du moins pas à ce point !

* * *

La vieille maison vacilla sur ses fondations comme se faisaient entendre des bruits de pas semblables à un troupeau d'éléphants dérangés pendant leur sieste. La porte s'ouvrit à nouveau, mais cette fois avec une telle violence qu'elle manqua s'écraser sur le nez de Trowa qui était bêtement resté derrière.
- C'EST PAS VRAI ! s'exclama une voix bien connue.
Wufei regretta que ses réflexes ne fussent plus ce qu'ils étaient. Avant d'avoir pu dire ouf, il se retrouva projeté au bas des marches, entraîné par le poids de la bête (un pitbull ? un ours ?) qui venait de l'attaquer, et son postérieur établit un contact douloureux avec le sol. C'est alors que les anciennes habitudes reprirent le dessus…
- M… Maxwell ! Espèce de larve décérébrée ! Je vais te… Je vais te…
- Moi aussi je suis content de te voir, Wu-man, répliqua Duo en fixant son ami de ses grands yeux rieurs.
Décidément, la vie était pleine de surprises, songea Trowa en entrant dans le vestibule à la suite de Wufei, les jumelles dans ses bras, et de Duo, qui collait le Chinois comme un papillon de nuit autour d'un lampadaire. Il se frotta le bras au souvenir de l'assaut tout aussi rude que lui avait fait subir l'Américain. Cependant, quelque chose manquait au Shinigami. C'était toujours le même regard violet, la même démarche, jusqu'aux mêmes vêtements noirs… seule la longue natte châtain était absente.
Qui aurait cru qu'un jour Duo Maxwell sacrifierait son éternelle tresse ?
Ils traversèrent un long couloir sombre qui sentait le renfermé et passèrent dans le salon, une vaste pièce pourvue d'un plafond exagérément haut. Ils y retrouvèrent le blond qui les avait d'abord… hum… "accueillis".
Duo fit installer ses hôtes sur un confortable canapé de velours et disparut dans la cuisine chercher des rafraîchissements.
- Resalut, les mecs, lâcha le type blond vautré dans un fauteuil stratégiquement placé devant la télévision.
Wufei tentait désespérément d'empêcher ses filles de regarder le drôle de monsieur, bien déterminé à préserver jusqu'au bout leur innocence.
Autant dire que dans l'antre du Dieu de la Mort, c'était mission impossible.
En effet, la position de ce type faisait bâiller son large bermuda d'une façon qui ne laissait aucune place à l'imagination.
Nataku, aide-moi !
- Z'êtes des copains de Duo ? demanda le type blond, histoire de faire la conversation.
- C'est exact, répondit Trowa en haussant un sourcil. Vous êtes… ?
- Purdy.
- … fut tout ce qu'il trouva à dire.
- Vous connaissez Maxwell depuis longtemps ? s'enquit Wufei avant de se mordre la lèvre, maudissant sa ridicule curiosité.
- Une semaine.
- Et que faites-vous dans la vie ? continua-t-il ; il avait l'impression de s'enfoncer dans des sables mouvants.
- J'suis livreur de pizzas.
- Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Au point où il en était…
- J'lui livrais une pizza.
- Vous savez comment Maxwell a perdu sa tresse ?
- A cause des crêpes Suzette.
Bon. Au moins, la réponse différait des précédentes, même si elle était totalement dépourvue de sens.

* * *

Le jeune homme boucla sa valise après avoir vérifié pour la troisième fois qu'il n'avait rien oublié. Et surtout pas son précieux Spandex. Assis au bord du lit, son compagnon le regardait faire d'un air boudeur.
Kazuo se considérait lui-même comme quelqu'un d'obstiné, voire têtu. Mais avec Heero, ce petit défaut qui, dans certaines situations, pouvait s'avérer une qualité atteignait des sommets dans la bêtise.
Une heure que ça durait, et rien n'avait été réglé.
Il avait commencé par le classique "pourquoi tu veux pas que je vienne ?". Heero avait enchaîné avec le non moins habituel "parce que je ne veux pas mettre mal à l'aise des gens qui m'ont connu lorsque j'étais bla bla bla…". L'échange avait alors gagné en vitesse et en intensité, alternant les "tu as honte de moi !" et les "c'est toi qui te conduis comme un gosse !". De fil en aiguille, Kazuo avait fini par énumérer pêle-mêle tous les reproches possibles et imaginables que son esprit pouvait inventer. Heero, poussé dans ses dernières extrémités, se contentait de lui renvoyer des "hn" pleins de mépris.
Puis le silence. Aussi pesant que la voûte du ciel sur les épaules d'Atlas.
Voilà donc où ils en étaient. Heero allait partir pendant plusieurs jours à sa stupide réunion, le laissant seul et fâché. Son amant ne s'excuserait pas. Ç'aurait été admettre implicitement qu'il avait tort.
Pour une fois, Kazuo décida qu'il en avait assez de faire toujours le premier pas.

* * *

L'Espace de Wufei était tellement chargée que son propriétaire se demanda un instant si les amortisseurs allaient tenir le coup. Peut-être que si on larguait ce baka sur une aire d'autoroute, en chemin… Et pour une fois, il ne pensait pas à Duo.
Il faisait référence à son petit copain. Ou quoi qu'il fût.
- Pourquoi vient-il, celui-là ? demanda-t-il à Duo sans quitter la route des yeux.
Ce dernier, assis à l'arrière entre les jumelles et Purdy, se mit à rire.
- Hey Wu-man, peut-être parce que je suis amoureux ! Me dis pas que ce concept t'est inconnu !
- Tu m'en diras tant.
Wufei ne comprenait pas comment on pouvait assimiler l'amour à l'espèce de loque humaine qui ronflait sourdement, la joue collée contre la vitre. On aurait dit une méduse échouée sur la plage, ou quelque chose dans ce goût-là. Il se surprit à penser que Duo méritait mieux…
Malheureusement - ou heureusement - le Chinois n'eut pas le temps de s'attarder sur l'intéressante analyse de cette réflexion. La machine Maxwell était en marche, mode babillage infernal.
- Oh man, je meurs de soif ! Y'aurait pas du Pepsi Light dans le coffre ? Et sont-elles pas mignonnes les p'tites princesses ! J'arrive pas à croire que toi et Sally ayez fabriqué ces merveilles ! J'me demande si Hilde saura se débrouiller avec l'orphelinat… vous saviez pas ? Je l'ai fondé il y a six ans, et Hilde m'aide à le diriger ! C'est pas vrai Wu ! T'as quitté Priventa pour ouvrir un dojo… et… tu enseignes les arts martiaux aux enfants ??? C'est super !!! Ça va devant, Tro-man ? Tu dois pas rigoler tout l'temps, assis à côté de Môssieur le défenseur de l'Honneur et de la Justice ! Enfin, tu sais que c'est le siège du mort… Yup, faudrait vraiment contacter Q, vi vi, je veux bien m'en charger ! Quoi ? Si je peux la fermer cinq minutes ? Aucune chance, les gars !

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