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Plus loin…
Par Maria Ferrari
-Chapitre 5 - L'héritier-
Deux semaines avaient passées. Les quatre compagnons s'étaient fait très facilement à leur nouvel environnement, mais il faut dire qu'on s'habitue plus vite à quelque chose de mieux et c'était beaucoup mieux que l'endroit d'où ils venaient : une planète en guerre.
Cela faisait donc une semaine qu'ils habitaient la Regia, la maison de César. Hitomi trouvait cette bâtisse bien grande pour un couple sans enfant, mais vu qu'elle avait toujours cru que César vivait dans un immense palais, cela relativisait la taille de son véritable domicile.
La nuit n'allait pas tarder à tomber, Hitomi se prélassait dans le jardin et Miguel était absent, mais elle ne savait pas où il était, pas plus qu'elle ne savait où était Van et Dilandau, elle les avait vus partir une heure auparavant pour une destination qu'elle ignorait, mais sans doute n'était-ce pas important.
Elle s'entendait bien avec Miguel, quant à Dilandau, ça pouvait aller. Van n'avait pas de problème non plus avec Miguel, il en subsistait quelques uns avec Dilandau (le contraire eut été étonnant) mais leur relation s'était grandement améliorée. Le comportement de Van lui semblait bizarre, depuis quelques temps, il en passait beaucoup avec Dilandau et à sa façon de faire, Hitomi se demandait s'il ne cherchait pas à connaître les points faibles du zaïbacher afin de pouvoir le vaincre d'une manière définitive. Un doute traversa l'esprit d'Hitomi.
(Et s'ils étaient partis se battre en duel ?), s'inquiéta-t-elle. Mais les échos de voix familières la rassurèrent : ils revenaient. D'ailleurs, la façon dont Van agissait depuis quelques temps indiquait plutôt qu'il cherchait les points faibles mentaux de Dilandau.
(Physiquement, il peut battre Dilandau quand il le veut. C'est moralement qu'il veut l'abattre), pensa-t-elle. Elle était la seule à se rendre compte de ce que Van tramait car elle commençait à très bien le connaître. Elle était inquiète. D'abord, ils ne savaient pas combien de temps ils devraient rester ensemble et il valait mieux rester soudés. Ensuite, elle détestait qu'on essaye de détruire quelqu'un psychologiquement, elle trouvait ça trop terrible, personne ne méritait ça, même le pire être de l'univers… et Dilandau n'était pas le pire, loin de là. Ce qui l'attristait aussi, c'est de savoir Van capable de ça… il n'y avait pas si longtemps, elle n'aurait jamais imaginé ça de lui. Elle avait l'impression que ces deux semaines passées à Rome en compagnie de Dilandau l'avaient changé… vraiment changé.
En fait, c'était le seul fait de vivre en compagnie de Dilandau qui le transformait. Il n'était plus le même. Hitomi savait qu'elle commençait à se faire des idées, et que celles-ci étaient probablement toutes fausses du début à la fin, mais… à voir le comportement de Miguel, et à constater les changements chez Van, elle se demandait si Dilandau ne dégageait pas une onde qui ne serait perçu que par les hommes et qui les transformeraient irrémédiablement.
(Stupide, Hitomi, tu es stupide), se gronda-t-elle intérieurement, (ce que tu es en train d'imaginer n'a ni queue, ni tête, et de toute façon, ça n'a aucun fondement, tu ne sais pas comment était Miguel avant d'être sous les ordres de Dilandau, et puis, Van a tendance à faire la pluie et le beau temps, il est assez imprévisible dans son genre)
Un bruit de pas tout proche la sortit de ses pensées. Un garçon s'arrêta devant elle.
« Bonjour », fit-il, « Si mes informations sont bonnes, vous devez être Hitomi »
« Oui », approuva la jeune fille, « Bonjour »
Elle n'arrivait pas à déterminer son âge, il paraissait n'avoir que quinze ans, mais vu ses habits, il était certainement plus âgé (les romains de moins de seize ans portent la prétexte). Il était mignon dans son genre, mais son genre était celui des maigrichons frileux, ce qui n'était pas le type d'Hitomi.
« Je suis Octave, le petit neveu de César »
« Oh, c'est vous ! », fit Hitomi, surprise, pourtant elle connaissait à peu près la description de l'empereur Auguste, elle savait qu'il était chétif, mais l'adolescent (il avait l'air moins âgé que Dilandau, mais Dilandau faisait plus vieux que son âge) n'avait tellement pas la carrure et l'aura qu'on peut attendre d'un empereur. Elle se serait donc attendue à tout sauf que ce soit celui qui se tenait en face d'elle. Il était maigre avec le teint maladif (il était encore plus pâle que son oncle et Dilandau réunis, ça frôlait la blancheur cadavérique), il était un peu efféminé et semblait assez simple et très timide, c'était tout juste s'il ne baissait pas les yeux quand il s'adressait à Hitomi.
(C'est "ça" qui a mené une guerre contre Antoine et Cléopâtre ? C'est "ça" qui a été le plus grand empereur romain ?), pensa-t-elle, sidérée, (Il paraît si effacé). Seulement, elle dut admettre que, finalement, ce n'était pas si étonnant, il n'avait pas l'air d'être du genre à courir après les honneurs, la gloire, l'argent et le pouvoir, et c'était sans doute pour ça que son règne avait été une grande période de paix (une fois qu'il eut réglé son "petit" différend avec Antoine et Cléopâtre).
« Je suis venu voir mon oncle », reprit Octave, « il doit être là », ajouta-t-il en désignant timidement la demeure de César.
« Oui, oui, vas-y », fit Hitomi en pensant (Il a l'air de me demander la permission d'entrer… c'est incroyable… comment César a-t-il pu voir son héritier là-dedans ?!… Il doit être doué d'un don de double vue lui aussi…)
Octave entra dans la maison sous le regard amusé d'Hitomi.
***
Calpurnie était plongé en pleine lecture lorsque son neveu passa un premier pied dans la pièce. Elle l'avait entendu arriver, elle leva les yeux de son livre et les porta sur le nouvel arrivant.
« Bonjour Octave », salua-t-elle en se levant.
« Bonjour, je te dérange… », constata tristement Octave.
« Non, j'étais en train de lire les "Commentaires" de ton cher oncle, j'adore mon mari, mais même s'il écrit très bien, c'est incroyable comme sa prose peut être ennuyeuse par moment », plaisanta-t-elle, « Je préfère de loin ses poèmes !! »
« C'est un livre très intéressant », défendit Octave, « c'est peut-être juste le sujet qui ne te plait pas »
« Tu as fait bon voyage depuis l'Illyrie ? Désolé que ton oncle t'ait fait faux bond, il a eu un "petit" contretemps »
Octave parut choqué du ton qu'employait sa tante.
« Ne me regarde pas comme ça. Il est en pleine forme et il est le premier à plaisanter sur son état… Allez, viens vite, il était impatient de te voir, il va être content », en disant ces mots, elle l'empoigna par la main et le mena dans la chambre de César. Elle entra et lança : « Devine qui nous est enfin revenu ? »
La réponse ne fut pas difficile à trouver pour César étant donné qu'Octave se tenait à coté de Calpurnie. Le visage de César s'éclaira.
« Viens m'embrasser, Octave », fit César.
« Je vous laisse discuter tous les deux », dit Calpurnie en se retirant.
Octave s'approcha du lit de son oncle. Il ne savait pas trop comment agir. Il n'était pas habitué à montrer son affection d'une quelconque manière que ce soit, il n'avait pas été élevé comme ça. En plus, son oncle était couché ce qui compliquait la chose.
« Hé bien », fit César qui s'impatientait, « je ne vais pas te manger »
Octave se décida. Il s'assit sur le lit, se pencha précautionneusement (il avait peur de lui faire mal), posa les mains sur les épaules de son aîné et mis sa joue contre la sienne. Il sentit les bras de César derrière son dos, puis, ses mains sur ses joues. César lui prit la tête et le regarda pendant deux ou trois secondes.
« Je suis content de te voir », fit-il.
« Moi aussi », répondit Octave. César le lâcha et le jeune homme retourna à sa position assise, « Dès que j'ai appris ce qui s'est passé, je suis venu, je suis content que tu sois en vie »
« Et moi donc… »
« Je… je… », bégaya Octave, ce qu'il voulait dire paraissait ne pas vouloir sortir, « j'ai eu très peur et… je… »
Il s'arrêta. Il ne trouvait pas ses mots. Il avait été bouleversé par les derniers évènements. Jusqu'à ces derniers jours, il croyait son oncle invincible. Il avait traversé les plus grands dangers et s'en était toujours sorti indemne. Mais, là, sans l'intervention miraculeuse des trois jeunes hommes qui l'avaient sauvé, c'en était fini du grand Jules César. Le simple fait que son César d'oncle puisse être mortel lui semblait aberrant.
« J'veux pas qu'tu meurs », entendit murmurer César. La voix d'Octave avait une intonation enfantine. César réalisa soudainement qu'il était celui qui s'était le plus préoccupé d'Octave, « Qu'est-ce que je deviens si tu meurs ? »
César fut tenté de répondre : "Empereur" mais se retint. Octave était au bord des larmes, c'était la première fois qu'il le voyait avec les yeux mouillés en dehors de son enfance, d'habitude, Octave gardait toutes ses émotions à l'intérieur et tâchait le mieux possible de ne rien laisser paraître, mais cette histoire l'avait secoué.
« Je suis vivant, Octave… et bien décidé à le rester », fit César, puis, il pensa (au moins jusqu'à ce que j'ai résolu certains points avec une certaine reine d'Egypte). Il avait l'occasion de créer un meilleur avenir, non pas que celui dont lui avait parlé d'Hitomi était mauvais, mais il y avait eu des batailles stériles et l'image mitigée qu'avait laissé Octave lui laissait un goût amer.
-A suivre-